samedi 9 février 2013

Attaque de Cabinda sur la délégation Togolaise en 2010 - Théorie sur les causes plausibles

C'est un article dont le lien est twitté ce matin par un journaliste togolais Maxime Domegni, qui attire mon attention.

http://www.lematin.ch/sports/depeches/fusillade-cabinda--hayatou-togo-porte-prejudice-can2010/story/18762784

Petit rappel : L'équipe de foot du Togo se rendait en Angola pour la CAN 2010, quand elle a essuyé en plein cabinda (territoire séparatiste Angolais, enclavé en RD Congo) des tirs d'armes lourdes, qui ont fait deux morts dans l'encadrement technique des Eperviers et plusieurs blessés dont le gardien de but Togolais Obilalé.

Les autorités togolaises ont tout de suite réclamé le retour de l'équipe, arguant que le danger n'était pas écarté, que les conditions de sécurités n'étaient pas garanties ! "Il faut qu'ils rentrent. Ils ne savent pas le danger qu'ils sont entrain de courir" avait dit en substance le Premier Ministre Togolais de l'époque, Gilbert Houngbo. Le Togo quitte alors la CAN 2010 sans avoir joué un seul match. Il écope presque immédiatement d'une sanction de la CAF pour avoir déserté la compétition.

Dans l'article sus-cité en lien url, on peut apprécier les raisons qui ont conduit le numéro un de la CAF à punir l'équipe nationale de football du Togo : "La décision avait été prise de les suspendre parce qu'ils sont partis sans nous dire au revoir, ils ont déserté la compétition, a-t-il dit. Ils ont porté préjudice à la compétition, avec un groupe réduit à trois équipes. Les sponsors ont été compréhensifs et n'ont pas résilié les contrats, mais on a eu un manque à gagner"

Issa Hayatou s'interroge d'ailleurs sur la logistique togolaise en route pour la CAN 2010 :  "Pourquoi n'ont-ils pas pris l'avion?, s'est-il interrogé. Ils ont voulu faire du tourisme. La CAF n'y est pour rien s'ils ont pris le car dans une zone minée. C'est une triste affaire, il y a eu mort d'hommes, des blessés, nous ne pouvons que le regretter".

Si nous nous remémorons les faits, on se rappelle à juste titre qu'au lendemain du départ définitif de la délégation Togolaise d'Angola, le FLEC, (faction rebelle angolaise responsable de l'attaque contre les bus de l'équipe du Togo), a publié un communiqué dans lequel il annonçait une trève! Trève qu'elle étendra plus tard en ces termes : "Le chef d'état-major du FLEC, Estanislau Miguel Boma, a déclaré à PNN que la résistance Cabindaise est disposée à étendre la trêve «si l'Angola montre des signes de bonne volonté» et «prête à discuter d'ici« la fin de la CAN.

Selon Estanislau Miguel Boma la trêve temporaire, imposée par le FLEC après l'attaque au 08 Janvier de la délégation du Togo qui faisait parti la CAN 2010, était «pour montrer que le FLEC n'est pas et n'a jamais été, un mouvement terroriste», mais aussi pour "'éviter l'apparition de problèmes en plus "et" donner une chance au dialogue. "

"Je contrôle les troupes, mais pas le mécontentement de la population» a déclaré le chef de l'armée du FLEC en faisant allusion à l'attaque du 08 Janvier, «ce n'est pas notre tradition d'attaquer des civils sans défense», et souligne que les «conseils» de la guérilla n'ont pas été entendus: «Le FLEC n'aurait jamais organiser une compétitions dans une zone où règne l'insécurité, sans parler de l'équipe du Togo d' entrer par voie terrestre
." 

Confère la page :
http://tchiowa.skyrock.com/2769005442-LE-FLEC-ACCEPTE-DE-PROLONGER-LA-TREVE-SI-L-ANGOLA-ACCEPTE-DE-DIALOGUER.html

A partir de cette trève déclarée unilatéralement par le FLEC, je m'interroge: Le Cabinda, une province angolaise annexée manu militari était en pourparlers avec les autorités angolaises depuis belle lurette. Les attaques rebelles étaient quasiment nulles depuis plusieurs années quand subitement les rebelles cabindais décident de tirer sur deux bus togolais innocents passant sous leur nez. Aucun conflit armé ne couve, aucune trace de réclamation n'était visible, alors même que tous les acteurs du dialogue de paix entre le front Cabindais et luandais respiraient la paix et entendaient la consolider chaque jour un peu plus, une délégation togolaise, issue donc d'un pays étranger au conflit est subitement attaquée. Et une fois le Togo sorti de la CAN, une trève est tout de suite annoncée dans le sens des poursuites des négociations de paix. Il est clair que plusieurs anguilles se promènent sous la roche que personne n'a fait l'effort de soulever.

Je recherche alors des articles web parlant des relations entre le Togo et l’Angola. Ces cabindais ont peut-être des raisons d'en vouloir au Togo, même s'ils ne l'expriment clairement?

L'article qui me parlera le plus est celui du site www.lesafriques.com. Voici le lien : http://www.lesafriques.com/politique-economique/l-angola-une-nouvelle-puissance-africaine.html?Itemid=308?articleid=5664

On aurait pu passer plusieurs fois à côté sans prêter attention au petit encadré "Un tandem Angola-Togo".



Et ce passage de l'encadré est assez édifiant : "A cette occasion, le ministre angolais des relations extérieures avait annoncé que tous les équipements militaires utilisés pendant la guerre civile et conservés au Togo avaient été rapatriés en Angola deux ans auparavant. Les relations entre Lomé et Luanda se sont considérablement améliorées. Elles étaient mauvaises du temps du général Gnassingbé Eyadema, en raison du soutien de Lomé à l’Unita de Jonas Savimbi, en rébellion contre le pouvoir central de Luanda. Le processus de normalisation de ces relations a été amorcé en 2003 avant d’atteindre son apogée en 2005 lors d’une rencontre en Libye entre les présidents Dos Santos et Faure Gnassingbe."

Maintenant, petit rappel historique sur le Cabinda. Je vous laisse deux liens évocateurs et assez informatifs, si vous avez le temps de les lire : 
- L'histoire du leader histoirque du FLEC, Henrique Tziago Nzita; une histoire très liée à celle du FLEC et du Cabinda : 
http://reveil-fm.com/index.php/2010/07/09/955-cabinda-henrique-tiago-nzita-leader-historique-du-flec-fait-une-purge-dans-ses-rangs-a-cause-du-debauchage-d-edouardo-dos-santos
- Et puis cet excellent article de www.rue89.com sur le cabinda et ce mal fou à être connu du reste du monde, ce qui a pu motiver dit l'article, cette attaque médiatisée contre la délégation togolaise : 
http://www.rue89.com/explicateur/2010/01/09/lequipe-de-football-du-togo-attaquee-au-cabinda-ou-ca-133015

Du premier article, je voudrais au moins relever cet extrait : (c'est Henrique Nzita qui parle) J’ai écrit plusieurs fois au président angolais Eduardo Dos Santos, sans réponse de sa part et je l’ai même rencontré à Paris, il y a quelques années. Je n’ai pas de contact avec l’armée, en revanche, j’ai eu des contacts réguliers avec l’UNITA pendant mes douze années de maquis, notamment à l’époque Jonas Savimbi, chef de l’UNITA qui avait participé à former certains militaires des FLEC. 

Je veux montrer par là que l'interlocuteur privilégié du FLEC a été longtemps Jonas Savimbi, le leader rebelle de l'UNITA, organisation qui a cherché à prendre le pouvoir en Angola. Le FLEC s'est inévitablement rapproché de SAVIMBI, espérant évidemment qu'à sa prise du pouvoir en Angola, il encouragerait l'indépendance de la province du Cabinda dont il a lui-même formé les troupes. Cette même UNITA a été longtemps encouragé (lire l'article de Rue89) par les puissances extérieures : France, Etats-Unis, et soutenus par le Zaïre de Mobutu et même par le Togo du Général Gnassingbe Eyadéma. On en arrive alors à se demander si l'amélioration des relations Lomé - Luanda, allant jusqu'au rapatriement des équipements militaires de l'UNITA à Luanda, n'a pas été ressenti par les hommes de SAVIMBI comme une trahison Togolaise; contribuant à faire exprimer à ces derniers de profondes inimitiés pour tout ce qui est Togolais et amenant enfin à attaquer les bus de la délégation des footballeurs du Togo.

Je n'avance ici qu'une théorie, puisque n'ayant aucune preuve de mes assertions; mais quand on connait, la valeur qu'ont les armes des ennemis pour des combattants de guerre, il faut se demander si reverser du matériel militaire de l'UNITA de Jonas SAVIMBI au pouvoir Angolais qu'il a combattu n'a pas été ce qui a coûté deux morts à l'équipe nationale de football du Togo? Il s'agira en ce moment là alors d'une erreur de politique diplomatique qui a été fatale à des sportifs qui n'en avaient pour rien.


3 commentaires:

  1. C’est une théorie qui a fait son chemin parmi les Togolais dans les semaines qui ont suivi l’attaque. Mais comme vous le relever ici, les media ne se sont pas du tout intéressés au background de cette tragédie. Eyadema était un bon ami de Savimbi. Le retournement de veste des années 2005 peut en effet avoir dressé L’UNITA et ses affidés contre le Togo. Mais les terroristes mettent toujours un point d’honneur à revendiquer leurs forfaits. Pourquoi le FLEC n’a jamais dit qu’il en voulait au Togo ? Pourquoi Rodrigues Mingas (un leader du Flec) s’était-il empressé de se disculper vis-à-vis du Togo en déclarant sur France 24 que la cible de l’attaque n’était pas la délégation Togolaise, mais plutôt les forces Angolaises qui les escortaient ? L’investigation de ce crime international a été des plus opaques, il faut l’avouer.

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    2. Merci pour la pertinence du commentaire. Je suppose ou suppute d'ailleurs que le FLEC n'a pas voulu indexer le Togo pour se faire une mauvaise publicité dans cette affaire de négociation de paix qui environne les relations "cabindo-angolaises". ils se sont peut-être vengés du Togo, et ont trouvé plus facile après de mettre ça sur le compte d'une manifestation anti-luanda; manifestation qui ne changerait aucune donne sauf, sauf que le Togo ait payé un lourd tribut; pendant que l'armée angolaise sur place s'en sort indemne.

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