mercredi 30 mai 2012

Mr Kombaté Kwasi Nene, je crois que le Président vous a entendu !


Bon, d’abord, petit rappel, Mr Kombaté Kwasi Nene est un brillant communicateur, actuellement en poste à l’extérieur du Togo, qui observe et analyse de temps à autre, en bon patriote, la politique de son pays ; On lui doit, depuis qu’il est à la tête de la NGE, des actions humanitaires effectuées sans tambour ni trompettes, sans cors, ni cris, par besoin de discrétion et d’effacement personnel (ça fait partie des qualités de l’homme).  En tout cas, disons le simplement : il a fait sa part dans le “Togolais viens” de la fin du premier couplet de l’hymne national.

Il y a plusieurs semaines, ce dernier a adressé une lettre ouverte au chef de l’état ; lettre dans laquelle il relevait les menus problèmes socio-politico-économico-culturels qui gangrènent la cité et donc qui empêchent ceux qui veulent la bâtir (y compris le Président lui-même) d’y parvenir.

L’un des problèmes soulevés par Mr NENE (devenu depuis quelques temps un peu mon maître à penser ou mon Jeddaï (celui qui n’a pas aimé STAR WARS a raté son adolescence, mais il peut se rattraper avec le DVD)) est le problème de circulation. Allez petit rappel encore pour nous souvenir que dans le programme d’Histoire-Géo de la classe de 1ère , on a un très vaste chapitre appelé Le Sous-Développement qui énumère dans la liste des facteurs néfastes au sous-développement, le problème de  circulation !

Oui ! On circule mal au Togo. Mr NENE a dit dans sa lettre qu’on construisait des routes trop étroites alors que tous les togolais moyens se pourvoient en voitures d’occasions (venues de France) chez nos “cousins” libanais du port autonome de Lomé, qui, parait-il, sont plus enclins à faire du trafic de voiture qu’à en commercer réellement. Mais bon, soit ! une voiture est une voiture.

Comme je le disais on circule mal au Togo et Mr Nene l’a rappelé à notre douloureux souvenir, dans sa lettre au Chef de l’Etat : Routes absentes, routes mauvaises, routes trop étroites. Des douloureux souvenirs comme ceux de zémidjans rentrés à la maison le soir avec des hanches douloureuses mises à rudes épreuves par les nids de poule ; souvenirs de zémidjans privés donc pour les moins courageux de devoirs conjugaux cantonnés à la chambre à coucher.

Bref, il ne fait pas bon vivre sur les routes loméennes, et par ces temps de saison des pluies, la circulation est passée du moins rose au plus morose. La prose s’y prête d’ailleurs de façon lamentable, mais que pouvais-je faire d’autre pour vous rendre cette lecture agréable que de rimer sur nos malheurs.

Le dimanche dernier, j’ai pu déroger à ma sacro sainte règle de rester cantonner chez mes parents le week end (ah bon, vence vit encore chez ses parents ? ouiiiii, si vieux comme ça, humm ao, pauvre petit) et paresser sur un lit hélas non conjugal (sinon, qu’allais-je y mettre). J’ai accompagné un ami à Agoe(quartier au Nord de Lomé), histoire de flâner un peu, de reluquer la ribambelle de filles habillées à la rihanna (ou à la porno, non je rigole) qui colorent les rues de Lomé par temps de vacances très proches et enfin de rendre visite à une tante éloignée de mon ami. Eloignée par la distance mais aussi par le lien familial, mais non moins tante quand-même, histoire d’entretenir la relation de solidarité des venus tous du même village et installés en capitale.

Nous avons en bons arpenteurs du macadam, roulé sur une vieille Yamaha Mate 80 datant de l’âge de pierre, sur les nouvelles routes d’Agoè en faisant des observations sur leurs largeurs, leurs solidités, etc.
Nous, génie-civils de fortune, avons de ce fait remarqué que la nouvelle route d’Agoe (reliant le quartier Avédji-Limousine à Agoè Assiyéyé et qui passe devant l’ancienne habitation de Mr NENE), est avec le boulevard du mono, la plus large voie routière de Lomé! A l’œil nu, (ou même les yeux fermés) c’est au moins trois voies en aller, la même chose en retour, et un large terre-plein central qui pourra être rétréci pour faire de cette voie, une autoroute, sait-on jamais ! Des boutiques, café-bars et autres petits commerces poussent déjà autour d’elle comme des champignons. Cela rejoint cette tout autre phrase marquante du cours de géographie, 1ère sur le Sous-Développement : « La route apporte le développement » !

Mr NENE, soyez donc fier de notre Président de la République, il vous a entendu !!! Il a même fait passé la plus large voie de Lomé devant votre porte. L’ANR ne l’a pas bien informé sur votre domicile actuel, ou c’est vous qui avez trop tôt quitté le quartier, je ne sais pas mais… une chose est sûre, on vous a bitumé la large voie que vous avez réclamé ! lol !

LeTogo est en chantier pour bien longtemps encore, on nous prédit une belle capitale, d’ici la fin du mandat présidentiel en cours, et pourquoi pas, la fin de l’autre mandat présidentiel dont nous sommes à peu près sûr qu’il ira au euuuuh… and the winner is… (je sais pas, j’ai envie de fâcher personne, excusez moi).

Il faut juste espérer que les routes « Faure » tiennent la route !

D’ailleurs cette saison des pluies qui a commencé sur les chapeaux de roue sera un bon crash test ! Quelle route va présenter les premiers nids de poule ou les prochains nids d’autruche ? La réponse dans les prochaines chroniques qui analysent en profondeur l’actualité et je bois à sa santé (enfin quand j’ai l’argent), Le MOI-SEMBLANT !!!


samedi 19 mai 2012

Notre Génération, nos amours

Une fois n'est pas coutume, je m'ennuie devant un pc par une matinée de samedi, alors, comme je passais sur la page fan d'un film romantique "The Lake House", l'idée m'est venue de coucher ici mon point de vue sur comment aimer.
Ceci dit, c'est un exercice qui va être difficile pour moi. Je parle d'amour et de notre génération d'amoureux à la manière de nous, contemporains togolais, sous les cieux togolais. Je parle de nos ressentiments et des paramètres qui guident nos choix dans "avec qui je veux passer le restant de mes jours" ?

Ceux qui me connaissent  savent que je suis bien évidemment le moins doué en la matière. Je ne multiplie pas les relations, ni les conquêtes, actuellement, je suis même au ralenti, et aussi bizarre que ça puisse paraître, je me sens mieux ainsi.

Mais d'abord, revenons rapidement sur The Lake House? C'est à l'origine, un roman de James Patterson, devenu plus tard un film avec Keanu Reeves et Sandra Bullock. C'est l'une des plus belles histoires d'amour qu'il m'ait donné de suivre au cinéma, et (je vous souhaite de le voir un jour, si ce n'est pas encore fait) il bat largement l'histoire à l'eau de rose du Titanic, sur le plan de sentiments exprimés. Regardez le film, vous comprendrez pourquoi. Par la suite, je ne sais pas qui a animé la fan page du film sur facebook, mais je me suis toujours senti en accord avec les posts qu'on y trouve.Voici un exemple en image ci-dessous : marchons ensemble, restons ensemble, et vieillissons ensemble!
Je ne suis pas sociologue, ni anthropologue, mais je pense personnellement que nos manières d'aimer en tant qu'africains suivent des mutations profondes. 
Tenez je vous donne un aperçu de ce que j'en pense. Époque coloniale et autres époques traditionnelles, avec toutes les traditions profondément ancrées, où les femmes n'avaient pas droit à la parole, et n'avaient pas le choix, il existait une manière d'aimer. Un schéma traditionnel décliné de la manière suivante : Les hommes aimaient les femmes qu'ils trouvaient belles. Leurs sentiments étaient guidés essentiellement par la beauté du visage et du corps. Les femmes aimaient un peu aussi pour la beauté, mais plus par soumission. Selon les sociétés de l'époque, une femme était mariée à un homme par pression parentale, ou parce que c'était le premier qui lui court après pendant deux ans, etc... L'homme avait déjà une situation, il avait comme le dit l'expression française, le dos au feu et le ventre à table alors que la femme ne travaillait pas; l'homme apportait ce qu'il y avait à apporter pour le foyer, il était le seul à pourvoir donc le seul à définir la politique du foyer, pendant que la femme, elle, subissait.
On en vient ensuite à notre temps. L'époque on va dire, contemporaine, où les femmes travaillent comme des hommes. Où les jeunes filles tombent amoureuses une fois, (et c'est souvent précoce), dans leur jeunesse, se laissent abuser par un garçon attiré par la bonne chair; ensuite elles déchantent, elles retombent amoureuses une deuxième fois, mais plus par souci économique et épousent celui qui a le poids financier le plus important parmi les prétendants, se promettant de le sucer jusqu'à l'os dans le pire des cas; ou de l'aimer par compassion, pourvu qu'il assure les dépenses normales du foyer avec en excédent, l'image d'une femme mariée avec un ou deux enfants : "aaah, mes copines regardez moi, je suis mariée, mon mari a une bonne situation, nous ne manquons de rien". SCHEMA CLASSIQUE!!! 

Pour autant, nous le savons tous, ceux qui jettent la pierre aux femmes pour ce choix guidé par les intérêts économiques n'ont pas tort sur toute la ligne. Le contexte même du "je veux épouser un garçon riche et beau" est créé aussi par la situation économique en déliquescence permanente dans nos pays africains. Plus une femme devient belle, plus sa valeur marchande augmente. Les frais d'entretiens et autres investissements la place tout de suite au même rang qu'un cheval de course censé générer des bénéfices; ou votre nouvelle BMW pour laquelle il faut souvent faire un tour chez le garagiste pour la maintenir en bon état!

Vous voulez vous marier? bah, il faut aller à l'école, trouver un bon boulot, avoir de l'argent d'abord, nous a t-on dit, quand nous étions encore des jeunes garçons. Nous étions en sublimation devant les filles de notre âge, et nous nous sommes faits réprimandés à chaque fois qu'on retrouvait dans nos sacs d'école des lettres d'amour et autres cahiers d'amitié contenant des photos d'un amour de jeunesse qui faisait balancer nos coeurs etc. quelle époque!!! aujourd'hui on en est au sms et aux facebooks, nos petits frères n'écrivent même plus de lettre d'amour. c'est triste! moi j'en suis resté au "je t'aime comme le plat de couscous que ma maman a fait hier" mais bon... au moins ça montrait le poids de mon amour (c'est assez gras le couscous hein).

Auriez vous aimer que votre fille aille épouser un homme dont l'avenir n'est pas assuré. Qui veut que sa fille souffre? après tout ce qu'il a investit pour elle? demande t-on souvent, quand on reproche à untel d'avoir laissé ou même encouragé sa fille à épouser tel homme pour sa richesse ou sa situation.
"IL FAUT AVOIR DE L'ARGENT avant de se marier" est la théorie ô combien absurde qui guide les choix des uns et des autres. Il est trop facile de donner raison à ceux qui prônent cette théorie de l'argent d'abord, l'amour après.  
Pourtant, l'expérience sensible a montré que toutes ces relations guidées par l'appât du gain facile ne fonctionnent pas. Le mécanisme bien huilé finit par s'ensabler tôt ou tard et les âmes de ces couples mal composés s'en vont mourir, souvent avec fracas!!!

Pour moi, les meilleures relations d'amour sont celles dans lesquelles on a pris des risques d'aimer tout simplement. Où on s'est laissé aller à nos sentiments véritables. Ceux par lesquels, on ne sait pas pourquoi on aime. Ceux par lesquels on aime, pas par calcul, mais parce que votre coeur s'est mis à battre plus fort, et que votre vie, votre comportement a changé à la première rencontre. L'amour pour lequel on s'est jeté à l'eau sans savoir ce qu'il en adviendra. L'amour pour lequel on veut tout donner, où l'on veut se donner sans rien attendre en retour. L'amour qui n'est pas paramétré par l'espace, le temps, le lieu et autres dimensions-barrières qui règlent nos vies. Trop souvent, ces amours là sont les prémisses d'un bonheur sans égal, dénué de tout sentiment de richesse et de capital risque financier. Trop souvent, ces histoires sont ceux qui rendent heureux leurs acteurs, et qui les font vieillir admirablement. 


Récemment, un couple d'amis (on est de la même génération, des presque trentenaires) a célébré ses fiançailles avec dot intégré pour respecter la tradition, etc. Je leur ai demandé  le nombre d'années passés en "copinage". ils m'ont répondu onze ans!!!
Woaw!
Mon ami est Technicien maintenancier, sa fiancée est entrain de finir ses études de commerce internationale. Ce n'est donc pas un schéma classique de l'homme a de l'argent et une belle voiture et une belle maison, il l'a dragué elle a accepté. Non, je crois qu'ils ont construit quelque chose ensemble et ils continuent de le construire. Ils ajoutent des étages à l'immeuble de leur vie, avec en fondation, cet amour très fort. Certes, ils vieilliront ensemble avec leur lot de problèmes, de jalousie, de scènes de ménage etc. mais je crois que ce sera l'une des plus belles et des plus rares histoires d'amour qu'il me sera donné de voir en live!

L'illustration ci dessus est une scène du film : THE NOTEBOOK. Avec Ryan Gosling, un très très bon acteur. Il fait ici une déclaration d'amour assez unique en son genre. Le genre que j'aimerais dire à une fille un jour; Une fille qui ne voudrait pas savoir si je suis riche ou pauvre, si j'ai une voiture ou pas, si j'ai une maison ou pas. Quelqu'un qui voudrait juste m'aimer, pour ce que je suis, pendant que je l'aimerais pour ce qu'elle est.

Je n'ai pas beaucoup d'expérience en matière d'amour. Mais j'ai eu à aimer il y a un an. Et c'est là que j'ai compris comment savoir si on aime vraiment;

Quand on aime vraiment une personne, on ne peut plus dire pourquoi on l'aime. On l'aime et c'est tout.


Vence

samedi 12 mai 2012

LA LOGIQUE DE RECONCILIATION UNIRienne : QUOI VA S’APPELER COMMENT POUR RECONCILIER QUI ?

La logique de réconciliation dans laquelle s’inscrit le pouvoir togolais se définit par :
-          Faire des assises nationales et produire des recommandations.

-          Donner les noms de personnages de notre histoire commune à quelques sites et lieux du Patrimoine Togolais

La première définition, on peut la comprendre. Il est vrai certains ont trouvé à redire ; les journalistes y ont trouvé leurs grains à moudre ; ceux qui avaient voulu participer à cette thérapie de groupe géante pour faire leur lessive des sentiments, l’ont fait ; et à la fin, cela n’a pas bien évidemment contribué aux grandes avancées économiques désirées par tous (les offensés et les offenseurs). Mais que voulez – vous, dans une certaine sphère de l’état, il parait que cela a permis de réconcilier les togolais, donc, on va prendre ça comme ça. Cela répond d’une habitude stoïcienne cultivée par le togolais normal ; on finit par accepter tout ! donc là encore passons !

La deuxième définition est celle qui attire mon attention, et attire mes doigts à ce vieux clavier pas très agréable sur lequel je muscle mes doigts par une mi-journée de samedi (oui, oui, vence on a compris). 


Dans la logique de réconciliation du pouvoir togolais, on est passé à la nomenklatura des sites plus ou moins importants du Togo triés sur le volet : Le Camp RIT s’appelle désormais Camp Gnassingbé Eyadéma, tel rue s’appelle désormais rue Sylvanus Olympio, la Société Aéroportuaire de Lomé-Tokoin (l’aéroport de lomé quoi) s’appellera désormais Aéroport Gnassingbé Eyadéma, et pour finir, la plus récente des contorsions à réconciliation interposée, le Centre Hospitalier Universaire de Tokoin s’appellera désormais Hopital Sylvanus Olympio. On a eu aussi quelques Kleber Dadjo, Ben Apaloo et autres anciens personnages historiques sur quelques plaques, mais tout cela sans grande importance ! 

Qui dicte les règles de la nomenclature ? Pourquoi affuble t-on ces sites de noms de pères de nation et / ou d’indépendance, des pères à qui finalement le Togo doit tout de même une grande part de ses malheurs et une infime part de son bonheur.

Allez, revoyons un peu l’histoire. Chacun des deux présidents-monuments a ses cadavres dans le placard : 

-          Sylvanus Olympio, Président dictateur (il pensait qu’il était démocrate à l’époque mais imposait tout !), a voulu faire de son jour anniversaire un jour férié, a dissout un parti politique d’opposition et pas des moindres (la JUVENTO), a mis les biens du parti en vente, a voulu créer l’Ewéland au détriment des autres ethnies composant pourtant le Togo, et à la fin de l’histoire, s’est pété la gueule. Sa goutte d’eau qui a débordé le vase a été le rapatriement des militaires togolais servant sous le drapeau français, pour ensuite les mettre au chômage ! Ces types n’ont pas visiblement apprécié l’acte politique « Olympien » ; et avec la bénédiction d’une certaine puissance coloniale, ces rapatriés devenus putschistes lui ont présenté Dieu en personne.

-          Gnassingbé Eyadema, Grand parvenu devant l’éternel quand même hein (appelons les choses par leurs noms), qui se révèle pourtant brillant homme d’état sans la formation d’homme d’état, prend goût au pouvoir, verse dans le luxe dispendieux et accumule les éléphants blancs dans son pays, au détriment d’une population constamment appauvrie, avant de mourir au pouvoir (c’est ce qu’il voulait visiblement). Je tiens à rappeler quand même que dire d’Eyadema qu’il est un parvenu n’entache en rien sa réputation éternellement bonifiée par ceux qui en ressentent le besoin. « Si vous êtes un jour traité de parvenu, tenez pour bien certain que vous serez arrivé » ; c’est Sacha Guitry qui l’a dit je crois. Il faut que les choses soient claires, sait-on jamais, pour ceux qui prennent les provenances au premier degré (sourire).

Bon, je fais des résumés rapidement comme ça sur la vie de pères du Togo, et ça peut ne pas être la version des autres, mais bon, enfin, c’est comme ça que j’ai compris l’histoire, pardonnez moi ou essayez de m’en convaincre plus tard on verra !

Deux présidents sans bilans positifs qui deviennent donc des noms de nos rues, aérogares, et autres hôpitaux etc. Que veut-on nous faire passer comme message ?
Consultez l’URL de republicoftogo pour une approche de réponse :

http://www.republicoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Politique/Le-changement-s-observe-dans-la-rue

Je ne sais pas mais, j’ai l’impression que quelqu’un dans l’entourage du Chef de l’Etat, si ce n’est pas lui-même, a voulu dans les détails, laisser un signe de non-réconciliation, ou même orienter les attributions de nomenclature selon l’importance du site à renommer. Sinon, regardons de plus près ! Le Diable se trouve dans les détails, dit-on :

D’une part :
On accroche « Gnassingbé » aux linteaux du Camp RIT, signe de force, de courage, de bravoure (même si l’armée ne sert pas à grande chose) ; puis on fait du nom Gnassingbé, le diadème de l’aéroport de Lomé, un aéroport qui est entrain de devenir encore plus grand ! des millions de dollars investis pour en faire une vitrine sans précédent de Lomé ; la première vitrine du Togo pour celui qui entre à Lomé par les airs, si je peux me permettre l’expression. Si cet aéroport devient ce qu’il doit devenir, vous pouvez déjà imaginer la dorure du blason où restera inscrit GNASSINGBE EYADEMA. Il ne faut pas oublier le grand boulevard Eyadema, celui qui est suffisamment spacieux pour vous permettre de montrer ce que votre voiture a sous le capot. Que du Gnassingbé pour de grandes choses !

De l’autre :
On donne le nom « Olympio » aux rues du commerce et des lacs, des rues pas très visibles finalement sur la carte togolaise. Pourant le boulevard du mono pas très loin de ces dernières, dont le financement de rénovation est de 17 milliards négocié auprès de la BAD par le plus grand économiste togolais AYASSOR, boulevard parcourant majestueusement le littoral et qui fait un appel du pied pour demander à changer de nom mais les « nommeurs » font fi de ne rien voir ; non, c’est la petite rue du commerce et la petite rue des lacs qui a échu au premier des présidents togolais, Sylvanus Olympio. Enfin, depuis le 26 avril dernier, les ministres en conseil se sont nommément conseillés ou concertés, pour affubler du nom de Sylvanus Olympio, l’hopital-mouroir de tokoin.

Voici le deux poids, deux mesures visibles dans les détails !  D’un côté, ce nom GNASSINGBE ornant les sites forts et de l’autre le nom OLYMPIO étiquetés sur des lieux et des édifices au rabais ; cette partie du patrimoine togolais dont on n’a pas redoré les blasons obscurcis par tant d’années d’égarement politique. (On aurait pu faire de la TVT, la Télé Sylvanus Olympio qu’on serait resté dans la même logique mais bon…).

Nous, jeunes togolais naviguant autour des trente ans d’âge avons du mal à suivre. Nous avons du mal à  suivre UNIR et son leader, dans l’incroyable gaspillage de temps et de moyens pour ces actions sans substances qui consistent à renommer ces sites mis à l’encan et sans grande valeur. Nous avons du mal  à comprendre pourquoi nous devons subir sa photo placardée trois fois côte à côte en grand format avec le même message (que j’ai oublié) sans que cela ne nous apporte aucune information. L’UNIR c’est lui, on avait déjà compris. 

Le meilleur moyen d’UNIR n’est pas de charger de symbolismes inutiles des chemins et des édifices qui n’en demandent pas tant. Il y a déjà trop de poissons noyés pour les premiers balbutiements de cette Union pour la République. Qu’adviendra t-il alors de ses premiers pas ?

Je vous réécris un peu à ma manière le décret du 26 avril dernier portant nomenclature du CHU de Lomé-Tokoin : 

Le Centre Hospitalier Universaire de Tokoin, celui qui croule sous tous les problèmes : problème d’électricité, problème d’eau, problèmes de médicament, problèmes de lits disponibles etc… sera désormais appelé Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio ». 

Ce serait un début de transparence, et ça nous rassurerait sur les intentions des uns et des autres.

jeudi 3 mai 2012

Technologie de l’Information au Togo : Qu’est ce que le haut débit togolais ?


Bon finalement, je me suis dit, que je vais écrire un article comme si je discutais un peu à bâtons rompus avec vous.  Je me prends pas la tête. En fait, je ne réfléchis pas vraiment à mes tournures de phrases, et  je me rends compte des catastrophes linguistiques que je ponds après deux jours de parution. 
Donc euuuuuh, il  y aura beaucoup de « je » et de « vous », d'erreurs de frappe et des fautes de la langue. C'est juste que je vais vite pour aller m'occuper d'autres choses aussi. Si vous avez des remarques, eeeuuuuh, on pourra toujours en parler. Je suis ouvert à la discussion et facile à convaincre en principe, lol !

Alors, le haut débit togolais, qu’est ce que c’est ?

Bah disons que logiquement, la com de Togo Télécom en a fait son choux gras du moment, répandant la bonne nouvelle partout: il y a du haut débit au Togo.

Pourquoi vous et moi (sauf si vous roulez sur de l'or pour vous payer du 2 méga par secondes) avons envie d’aller faire un tour, le temps que la page d'accueil de yahoo ne charge ou que facebook ne vous affiche le fil d'actualités que vous attendez avec impatience. 
Nous supposons que vous décidez un de ces quatre de verser  à Togo Télécom un peu plus de 36 mille francs chaque mois contre 256 kilobits par seconde de connexion internet. BRAVO, VOUS N'ETES PLUS UN TOGOLAIS COMME LES AUTRES. Vous êtes connecté et tout et tout..., tous les voyants du modem-routeur s'allument à la maison et vous tapez yahoo.com sur votre pc; ça met 3 à 4 minutes pour vous charger la page ! Pourquoi ?

Adonnons-nous à ce calcul tout bête. Une seule lettre de l’alphabet tapée sur un clavier et transmis sur internet pèse 8 bits. C’est ce qu’on appelle généralement le code ASCII, un truc codé américain d’information interchangé (j’essaie de  vous donner la définition mais bon, laissez tomber).

Si une page de yahoo s’affiche avec 10 000 lettres (ou caractères) bah, il vous faut recevoir en même temps sur votre ordinateur, 80 000 bits pour voir la page s’afficher à l’écran. Ajouté aux images qui vont défiler en animation et qui vont peser chacune 500 Kilobits donc 500 000 bits environ. S’il y a 10 images d’actualités, bah, cela vous fera 5 millions de bits à charger pour les images. Alors faisons le calcul, une page de yahoo, ça va vous faire, 5 millions, 80 mille bits.

Maintenant, votre connexion ne vous permet que d’afficher à l’écran 256 kilobits dont 256 000 bits à chaque secondeseconde. Allez à vos calculatrices, en combien de temps va-t-on charger une page yahoo de 10 000 caractères avec 10 images qui défilent ? 5 080 000 divisé par 256 000, cela nous fait 19,8435 secondes ; vous attendrez donc environ 20 secondes ! Et je vous jure que vous n’êtes pas au bout de vos peines, car il faut ajouter la taille des bannières de publicités, les animations, etc vous mettrez bien 40 à 50 secondes pour la page d’accueil de yahoo.com, si vous vous connectez à internet à 256 kilobits par seconde.

La vie aurait pu être tellement rose pour l’internaute togolais si charger yahoo.com prenait 50 secondes ! malheureusement, quand Togo Télécom (son service commercial) vous dit, « Félicitations pour votre abonnement, à 256 kilobits par seconde », il faut que vous sachiez qu’il vous annonce en fait, le débit (ou la vitesse de connexion) théorique ! Celle qu’affiche votre modem-routeur à la maison et qui apparait sur les papiers etc. Or, à côté du débit théorique, il y a donc bien évidemment le débit réel, qui dépend de l’atténuation du signal envoyé, de la conductibilité des câbles (dont certains ont bien vieilli depuis leurs installations datant de 20 ans !!!), de l’occupation de la bande passante (l’ensemble des fréquences sur lesquelles togo telecom va émettre le signal internet, et ces fréquences peuvent être saturées à cause du nombre d'abonnés connectés), etc. Un débit théorique de 256kilobits équivaut donc réellement à un débit de 200 kilobits dans le meilleur des cas, à 160, voire 150 kilobits quand il est 18 heures et que tous les internautes togolais  sont connectés dans les cybers. En ce moment là, vous imaginez le temps que vous prendriez pour ouvrir la même page yahoo.com ? 3 minutes, si les dieux de l’internet sont avec vous !

Affranchissons nous de ceci ! tant que vos pages ne chargent pas en moins de 3 secondes, vous n’avez pas donc le haut débit ! Le haut débit, le vrai, commence véritablement à 2mégabits par seconde.
Les premières connexion ADSL, qui ont pris l'appelation de haut débit en europe étaient de 2 mégaoctets par seconde. Aujourd’hui, les opérateurs européens flirtent facilement avec 15 Méga par seconde, parfois du 24 Méga par secondes. Mais ils ne crient pas au Super Haut Débit ! c'est une expression qui n'a aucun sens! sauf pour rouler dans la farine des superlatifs, les consommateurs non-avisés.

 
Comme le dit le Nigérien qui est dans mon service ici et qui était en mission à Paris il n’y a pas longtemps : « Avec un seul câble en France, tu fais la télé, le téléphone et  tu fais l’internet aussi ».
Venons-en à notre affaire de super haut débit de http://www.republicoftogo.com/.

Bah, comme le service de communication de togo telecom, l’auteur de l’article (http://www.republicoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Economie/Le-super-haut-debit-disponible-des-le-mois-de-juin) qui nous parle de super haut débit prochainement au togo s’est donc littéralement foutu de notre gueule. Le seul haut débit approximatif du togo (2 méga facturé à plus de 500 mille francs CFA par mois) est largement inférieur au débit minimum européen actuel qui lui est de 4 méga par secondes. Pourtant, chez les yovos, personne ne parle de super haut débit!

Je peux encore reprendre la phrase autrement:  Quand l’auteur de republicoftogo nous dit super haut débit, c’est qu’on aura en fait un début de haut débit.

Enfin, quand vous lirez l'artile, il ne faudra pas vous méprendre sur les 3,8 Térabits par seconde qui  sont délivrés par le câble WACS (confère l’article). C’est en fait, la capacité maximale de bits transportables sur le câble en une seconde. Or l’internet à 3,8 Térabits lui-même n’existant nulle part sur notre bonne vieille planète terre, (je vous rassure), le seul avantage serait de faire passer grâce à cette capacité, plusieurs bandes passantes suffisamment larges pour gérer plusieurs utilisateurs, connectés dans divers pays, naviguant à haut débit !

Il faut juste espérer que le Togo puisse aussi offrir du 4Méga octets à DES PRIX RAISONNABLES !!! et ceci, sans que la bande passante "togotélécomienne" ne soit complètement saturée ! et que de l’autre côté, les infrastructures, comme le câblage arrivant chez l’abonné, soient renové !!!

J’ai lu il y a quelques mois, un livre d’Abdoulaye Wade, Un destin pour l’Afrique, publié en 1988. L'extrait que je vous restitue ici montre qu’il était l’un des leaders africains qui luttait pour la promotion du numérique sur le continent. Je vous le laisse comme ça, à titre d’hommage pour le grand homme d’état qu’il a été :

« Alors que le savoir gagne en densité, les outis de sa conservation, c'est-à-dire, la plume et le parchemin, gagnent en subtilité, comme pour nous rappeler, la loi de l’équilibre que la Nature a faite sienne. La huppe chantant dans son royaume perdu devant la magie du courrier électronique tandis que le disque dur toise du sommet de ses gigabits, la plus ambitieuse des bibliothèques. Nous voilà à l’ère du numérique ».

Vence Tchamba Adzimahé

mercredi 2 mai 2012

Discours du Président de la République : La caricature facile


Discours du Président de la République : La caricature facile

Il existe une règle constitutionnelle, si je me souviens bien, qui exige du Président de la République, un discours devant le Parlement Togolais une fois par an, si ce n’est le jour de l’indépendance. Le Président de la république togolaise, Faure Gnassingbé s’y est plié une seule fois si ma mémoire est bonne, au palais des congrès, durant son premier mandat.

Cette année comme celles déjà  traversées, le peuple togolais (les sujets du président) s’est contenté d’une allocution télévisée. Un discours qui, probablement écrit des mains de l’armée de conseillers expatriés en communication, se voulait accessible à tous. Il y avait visiblement à la tête de l’état, une volonté manifeste pour que le togolais ayant atteint au moins le CM2 (Après le CM2, l’école n’est plus gratuite) puisse y comprendre quelque chose.
Pourtant, les différents thèmes abordés et ce qu’en dit l’homme qui ne pense plus qu’à  avec une gestuelle plus ou moins remarquable (aurait-il pris des cours ?) est sujet à critique.

Pardon et Réconciliation
Le Président demande qu’offenseurs et offensés se pardonnent mutuellement ? je le cite ici : « Nous devons tourner nos esprits et nos cœurs vers l’offensé et vers l’offenseur, prendre notre courage à deux mains et dire à l’autre : Togolais viens, bâtissons la Cité ».
Euh… généralement, dans une affaire, c’est seulement à l’offensé de pardonner l’offenseur. L’auteur du discours, si ce n’est pas le Président lui-même, a dû y mettre tellement de verve et de sentiment qu’à la fin, il s’égare et égare par extension le Président de la République ?
Mais là encore, laissons ces questions de formes, qu’on nous justifiera peut-être aussi par les vicissitudes de la langue française et revenons au pardon lui-même.

Il y a quelques jours, un fonctionnaire des médias d’état m’a raconté un témoignage aux assises de la CVJR : Le Colonel Félix Katanga, le Commandant des Forces d’Intervention Rapide a été torturé à mort son chauffeur, un jeune militaire. On le soupçonnait d’avoir volé à l’officier une somme d’argent (un million de francs) dans sa voiture. Le chauffeur a été obligé d’avouer sous la torture avoir commis le vol alors qu’il n’en était rien. Il aurait par la suite téléphoné à sa mère pour lui demander de vendre quelques biens pour réunir la dite somme pour qu’il puisse rembourser son supérieur. Le temps que cela ne fut fait, l’homme probablement brisé physiquement et moralement par les séances de torture, avait trépassé. Le comble, c’est que bien des jours après, la somme d’argent a été retrouvée. Elle avait été prise par la femme du Colonel Katanga dans la voiture. L’analyse de mon ami fonctionnaire était que le geste de la femme du Colonel était dictée uniquement par jalousie parce qu’elle était sûre que son mari avait préparé cette somme pour la remettre à une maîtresse. Le problème est qu’elle ne savait pas que pour cette action commise sur un coup de tête de femme jalouse(Ah les femmes !), un homme se faisait torturer à mort.
L’histoire fut racontée aux assises de la CVJR par une mère en pleurs.
Je ne sais pas pour vous mais… la perte d’un enfant, que ce soit pour cause de maladie, pour mort subite, ou accidentellement est un déchirement énorme. Mais alors quand vous apprenez que c’est pour une scène de ménage dont il ne savait même rien, que votre fils a perdu la vie, et ceci de la manière la plus inhumaine par quelqu’un qui a fini de se torcher avec les conventions de Genève, vous avez difficilement envie de jouer à ce jeu de pardons entre offenseurs et offensés.
Dieu seul sait si l’entourage Présidentiel compte beaucoup d’offenseurs et peu d’offensés.
Pour moi, le pardon ne doit pas se donner tant qu’on n’est pas moralement apaisé de l’évènement qui nous a heurté de plein fouet ! Tant que les blessures ne sont pas naturellement cicatrisées. Ceci dit, il ne faut pas non plus céder aux esprits de vengeance et à leurs plats à manger froid. Seulement, je préfère encore ne rien à avoir avec ceux à qui j’en veux, ne plus rien partager avec eux, et les laisser avec leurs consciences ; laisser comme l’a dit Agatha Christie, le bon Dieu et la nature agir lentement. Que le Président de la République arrête de quémander le pardon ou nous amène à opter pour un pardon forcé est loin d’être la voie royale vers la réconciliation. Si les offensés doivent en plus supporter le fait de pardonner sur ordonnance ou par obligation, où est l’esprit d’apaisement que l’on veut imprimer à la réconciliation, elle-même tant forcée dans un pays où de toute façon, mêmes les non-offensés et les non-offenseurs ne sont pas contents : mauvaise économie, mauvaise politique, mauvaise gestion du bien public. Un pays où il y a trop de choses qu’on habille d’adjectifs aux sens négatifs.

L’économie
Je reconnais ici que le Président s’est voulu honnête avec lui-même et avec le peuple Togolais. « La meilleure parade face aux défis actuels est de reconnaître les progrès qui ont été accomplis (oui c’est vrai il y a eu quelques routes) tout en soulignant les insuffisances qui doivent être surmontées (là, les exemples sont légions !) ».
J’aime aussi quand le Président dit plus loin « Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au  détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès ».
Au moins on peut en être sûr. Le président est conscient que le petit nombre, qui irrémédiablement, se trouve autour de lui, garde toujours de mauvaises habitudes. Ce qu’il ne dit pas en revanche, c’est ce qu’il compte faire ; les mesures à prendre tuer dans l’urgence, ces habitudes qui coulent le paquebot togolais.

La population, son bien-être et celui de l’état
Les prochaines lignes sont les morceaux choisis qui ont nommément déplu dans les togolais en général, “excepté le petit nombre qui accapare les ressources” :
« Les temps sont révolus où les citoyens devraient tout attendre des pouvoirs publics, où l’Etat devait tout distribuer, tout réglementer, tout régler ».
« Le moment est venu où nous devons prendre notre destin en mains, concevoir, travailler, produire par nous-mêmes et pour nous-mêmes ».
« Cinquante-deux ans après l’Indépendance, on ne doit tendre les mains vers les autres que pour prendre part à l’effort collectif et non pour attendre notre salut d’autrui ou de l’extérieur ».
« Agrandir sa maison en mordant sur la voie publique, jeter des ordures et des déchets de toutes sortes dans la rue, encombrer sciemment les trottoirs qui viennent d’être rénovés, ne pas respecter les voies, les ponts, les chaussées réaménagés à grand frais, bloquer la circulation piétonne en envahissant les trottoirs, boucher les caniveaux destinés à évacuer les eaux de pluie, se faire transporter à trois ou à quatre sur une seule motocyclette, jeter les eaux usées dans les rues sont des attitudes qu’il est urgent d’abandonner ».
« Le respect de la chose publique est une valeur fondamentale que nous devons préserver, car le développement est à ce prix ».

Mes amis de beuverie et de discussion, qui sous le coup du « In Vino Veritas » (la vérité se trouve dans le verre (ou dans le vin)) se lâchent en commentaires sur la vie politico-économico-social disaient ne pas comprendre le Président.« Est-ce à lui de leur dire que ce n’est pas bon de jeter les ordures dans la rue » ? « D’accord, on ne les jette pas, mais qu’est ce qu’il nous propose en retour » ? « que les citoyens n’attendent pas tout du pouvoir public, alors pourquoi le pouvoir public attendrait quelque chose de nous » ? « Quand le Président veut citer les problèmes au cas par cas, pourquoi il ne cite pas tous les cas ? il a par exemple oublié de parler du problème estudiantin » ! les commentaires autour d’un pot vont dans tous les sens hein, me diriez vous. Pourtant, ils sont souvent sensés, d’où la maxime de la vérité au fond de la bouteille, mais encore là, passons !

En vérité, le bien public est un vaste chantier ; et le Président lui-même ne donne pas l’impression d’en cerner l’importance, sinon de contrôler du côté de son équipe gouvernementale, les gestions scabreuses qu’on en fait. Dans mon quartier de djidjolé, des feux tricolores ont été récemment installés après l’ouverture d’un carrefour dont les routes afférentes ont été pavées. Ces feux tricolores doivent déjà avoir six mois d’âge depuis leur implantation. Mais le nombre de fois où ils sont tombés en panne, ou restés éteints frise le ridicule. Dans les meilleures semaines, on a des feux fonctionnant 5 jours sur 7. Ce qui me fait repenser à des odeurs d’éléphants blancs fumants sur le grill d’un Togo désabusé du bien public. Quelqu’un a commandé ces feux tricolores quelque part, quelqu’un qui ne s’est pas assuré de sa viabilité, quelqu’un qui l’a acheté à vil prix à cause de sa mauvaise qualité et l’a revendu au gouvernement à un prix élevé pour qu’à la fin, il ne serve finalement à rien !!!  Voilà ce qu’est l’exemple parmi tant d’autres, de bien public que le Président demande aux togolais de conserver.

Pourquoi le Président n’a-t-il pas parlé par exemple de la fonction publique, où l’on soupçonne que tout est fait à moitié. Les gens travaillent à temps partiels, les recrutements se font avec des objectifs atteints partiellement, la fonction publique, elle-même est improductive, et représente un trou déficitaire pour le pays etc.
J’ai un ami Ingénieur Génie Electrique. Il a été recruté avec le concours d’entrée dans la fonction publique. Aujourd’hui, il a un bureau au Cabinet du Ministère de l’Energie où il s’ennuie prodigieusement. Pourtant son pays lui verse un salaire, il faut le reconnaître assez misérable. Mais il a l’impression permanente de ne pas servir à quelque chose. Ces cas sont légions dans notre fonction publique pour laquelle on nous a ressassé la phrase : LE CHEF DE L’ETAT A RECRUTE 4 000 NOUVEAUX FONCTIONNAIRES !!! c’était en fait ça le plus important pour le chef de l’état. Après s’ils servent ou pas, s’ils sont présents effectivement ou pas, s’ils produisent ou pas, ce n’est plus son problème.

Je crois que c’est toujours facile de caricaturer. Et dans son discours, le chef de l’état s’est prêté à cet exercice, il a fait un peu  de Donisen Donald. Sinon, comment expliquer qu’on puisse trouver des réponses et des contrepieds faciles aux griefs qu’il a nommément soulevés ?

Les gens montent à trois sur la même motocyclette ? Bah, c’est parce qu’ils vivent avec moins d’un dollar par jour.
Les gens jettent les ordures dans les rues ? bah, parce que la politique de ramassage d’ordure de la mairie ne fonctionne pas comme elle devrait !!!
Les gens envoient les sachets virevolter en l’air et les laissent tomber dans les caniveaux d’évacuation ? bah parce que aucune politique citoyenne d’information et de formation, ajoutées aux infrastructures de recyclage d’ordures (ou poubelles) n’existent!!!

Je voudrais aussi rappeler, pour la note drôle du discours, que le nègre du Président (celui qui écrit son discours) se laisse parfois aller à la poésie. L'homme serait-il un peu poète sur les bords. Un sentimental au fond, et c’est l’image qu’il veut communiquer à notre chef d’état en lui faisant dire des phrases teintées d’un certain lyrisme comme « de sublimer nos sentiments, pour atteindre de nouveaux horizons qui verront éclore un Togolais nouveau » ou encore « prêt à aborder de nouveaux rivages où triomphent la Paix, la Justice et la Sérénité ». Les nouveaux rivages, lol ! Ce type doit aimer les plages ensoleillés, un cocktail à la main, couché dans un hamac, lol ! Sinon à cette allure, le Président de la République est à deux doigts d’ajouter un nouveau couplet à notre hymne national.

Mais plus sérieusement, ceux qui ont trempé (au sens figuré) leur langue dans du vitriol pour dire que le discours du Président était creux n’ont pas tout à fait tort. A l’analyse, on voit qu’ils ont raison en de nombreux points. Le Président n’a dit que ce qu’on pouvait lui retourner en accusation directe avec des arguments solides. Il a demandé aux togolais de faire ci, de faire ça, mais il n’en a pas donné les moyens pour autant, il ne promet pas d'en donner et bien d’insuffisances viennent de son gouvernement, de sa gouvernance. Si les Togolais doivent faire leur part dans le développement, il faut qu’ils espèrent que les gouvernants fassent aussi la leur !!!
A la rigueur, Faure Gnassingbé aura montré qu’il a la volonté de changer les choses. Il l’a montré par le passé quand il a écarté de temps à autre des affaires, tel Ministre ou tel collaborateur qui faisait mal son travail : Payadowa BOUKPESSI par exemple, ou encore Gilbert BAWARA, revenu comme un Conseiller qui a apparemment l’oreille du Président. Mais visiblement cela ne suffit pas.

Parfois aussi, tout montre que les habitudes du sérail présidentiel ont la vie dure !!! DURE comme les panneaux en dur en ville pour faire la promotion d’UNIR, le parti-verbe du 2ème groupe (lol !). Je voulais leur proposer un slogan (Unir n’est plus seulement un verbe, c’est un engagement politique). Mais comme je ne suis pas encore prêt d’être membre, euuuuh, enfin, je leur donne ça cadeau.
Mais venons-en aux panneaux. Le Togolais qui change ne veut plus du culte de la personnalité qui a été le soubassement du vibrant appel de Kpalimé passé aux oubliettes il y a quelques semaines. Le Togolais qui change (c’est le président qui l’a dit, le Togo change) ne veut pas qu’on assimile le mouvement politique dont il va faire partie à un seul homme. Quand on n’est pas en campagne en France, les affiches de l’UMP ne portent pas le visage de Sarkozy. Quand on n’est pas en campagne au Togo, les affiches d’UNIR portent (à quoi ça sert d’ailleurs, puisque la présidentielle est encore loin) le visage de Faure Gnassingbé. C’est assurément une conduite dictée par un ou plusieurs hommes et femmes du sérail. Jouer les grenouilles de bénitier en expliquant au Président qu’on va mettre sa photo partout en ville parce qu’il est le plus beau, il est l’homme de la situation, il est le leader, il est le guide ; etc. Beaucoup d’eau de crabes morts (à traduire en mina) pour après espérer être dans ses bonnes grâces. Monsieur le Président, nous aussi nous voulons que vous mettez fin à ces comportements.
Sinon, comme le disait un togolais désabusé parmi les désabusés : « Si ce pays est bien géré, que nous mangeons à notre faim, que l’avenir de nos enfants est assuré, Faure Gnassingbé peut faire même mille ans là bas, on va oublier même les problèmes de réconciliation tout ça, comme quand le Togo a brillé dans les années 2000 en football. Il n’y aura pas de togolais de tel bord ou de tel bord, c’est nous tous qui allons le supporter ». Je crois que celui qui a dit ça n’avait pas poursuivi ses études après le CM2.

Vence Tchamba Adzimahé