vendredi 21 octobre 2011

La fin de Khadafi : Faut-il en rire ou en pleurer ?

Cet article ne va pas refaire le film de sa mort. Une bombe de l’OTAN lui est tombée dessus. Ce qui veut dire que les renseignements américains, français et/ou britanniques ont dû apprendre enfin où se cachait l’homme, ou pensaient bombarder un  bastion de la résistance kadhafiste. Dans les deux cas l’on s’émeut si bien de l’évincement de Kadhafi puis de sa mort récente sous nos cieux Africains. Pourtant, avant de nous mettre à pleurer sur le sort de l’homme, il faut peut-être regarder l’histoire, puis les réalités économiques du monde dans lequel nous vivons. La business-réalité !
L’histoire
Kadhafi est loin d’être un saint, il est grand pourfendeur terroriste devant Allah, il a fait clamser des passagers d’un avion (Attentat de Lockerbie) ou encore a voulu présenter le Vice-roi d’Arabie Saoudite à Dieu en personne, avec un commando d’élite libyen. Visiblement, c’est une sorte de Chaka Zoulou qui n’écoute que son cœur de lion ou de guerrier, et ne jure que par l’Islam.
C’est cet Islam justement qui a été peut-être son plus grand problème Libye, vu qu’il a toujours eu maille à partir avec une frange Islamiste à Benghazi qui n’interprétait pas le Coran de la même façon. Il a fini par les affubler du nom d’Al Qaida, et a même fait ami-ami avec les Américains pour leur dire qu’il combattait les mêmes personnes qu’eux. Kadhafi c’est aussi celui qui est devenu le meilleur pote du monde occidental, avec le temps et l’âge. Il a ouvert les vannes du pétrole aux Etats-Unis en confiant tous les gisements à CHEVRON-TEXACO, il a même dirigé une commission des droits de l’homme aux Nations-Unies en 2005, alors qu’il creusait des fosses communes à l’intérieur même de ses prisons pour y enterrer des prisonniers politiques. Que voulez vous ? c’est le business ! on ferme les yeux et on continue ! Allez !
Le Business 
Visiblement, Kadhafi fait partie des meilleurs négociants de pétrole que les occidentaux connaissent. Son pays possède 2% des gisements mondiaux qu’il vend au prix fort aux Américains, et aux Américains seulement. On raconte dans certains journaux qu’il “embrassait pratiquement SARKOZY sur la bouche” en lui promettant de confier à TOTAL les nouveaux gisements découverts en 2008. Mais visiblement, le vieux Mouammar, bon businessman est retourné faire des accolades aux Américains qui ont proposé plus de fric que les français !  Depuis, la France doit lui en vouloir de n’avoir pas planté de drapeau TOTAL sur le sol libyen. Elle lui en a voulu à tel point qu’elle a accueilli l’un des responsables de son service de renseignement, qui a fait défection en septembre 2010. La France l’a hébergé, nourri, véhiculé, etc. Le dictateur libyen ayant appris la défection de son collaborateur avait même demandé au quai d’Orsay de le mettre aux arrêts ; Le quai d’Orsay l’a mis en résidence surveillé. Et il dinait chaque soir dans un restaurant avec des officiers du renseignement français comme l’a raconté le site voltaire.net. La volonté manifeste de mettre Kadhafi à la porte datait déjà de plus d’un an !
Pourquoi sauter Kadhafi
Les exactions commises par le chef d’état libyen étaient des raisons ô combien suffisantes pour brandir l’étendard sanglant de la liberté à la française et bombarder tout ce qui est kadhafiste. Cela l’apprendra à mieux vivre, il aurait dû y penser non ?
Mais si vous ne le saviez pas, affranchissez-vous de ceci. Les Européens, habiles politiciens et hommes d’affaires, se sont toujours appuyés sur les sécessionnistes d’un pays, pour sauter à la tête de ce même pays celui qui les empêchait de bien faire leur business ! No pitié ! Rappelons-nous des rebelles de Benghazi qui ont toujours résisté (à l’image du village d’Astérix le gaulois), aux coups de boutoir de l’armée de Kadhafi. On se demande d’ailleurs qui les armait depuis les années 60. Benghazi croule sous du pétrole, et pour la France, il faut commencer par leur faire la danse du ventre et leur donner des coups de pouce pour renverser le dictateur, à défaut de faire sécession pour devenir un territoire indépendant. Benghazi deviendrait alors vendeur de pétrole avec exclusivité pour la France. Seulement, les choses vont plus vite de nos jours. Au lieu de faire sécession et de créer un territoire, on fait venir tous les potes de l’OTAN, les britanniques et les Américains parce que bien évidemment, le jour où ça a pété en Afghanistan et en Irak, les français aussi les ont soutenu avec leur armée. Entre Occidentaux il faut être solidaire. Et puis avouons-le, Kadhafi parti, les contrats d’exploitation peuvent être renégociés à la baisse. Le pays a été détruit par la guerre, il va falloir reconstruire, donc faire appel à des entreprises Européennes, qui vont faire des factures et des surfactures, et on va négocier autrement pour avoir le pétrole à moindre coût ! Vous suivez le business ? Voilà comment ça marche normalement.
Mais ce n’est pas la faute du blanc !
Il  faut en vouloir, non pas aux businessmen occidentaux, mais aux libyens eux-mêmes qui ne savent pas s’entendre entre eux. Les businessmen, ne profitent que des occasions et des brèches ouvertes.
Je résume : A chaque fois qu’un sécessionniste dans un pays sous-développé présente des avantages juteux pour un commerce avec l’occident, bah, les occidentaux accourent et lui prêtent des armes pour détruire son pays d’abord. Car c’est toujours bien de reconstruire après !  Vous voulez des exemples ?
Le Katanga, mine de cobalt, mine de cuivre, mine de plusieurs minerais, sauf d’or et de diamant, province sécessionniste au Congo Démocratique, a été habilement appuyé par, les Belges qui ont longtemps dirigé la société minière du Haut Katanga dont ils restaient actionnaires, et la France, qui ne voulait pas de l’arrivée des russes (on était en pleine guerre froide, souvenons nous-en). A la fin,  cela n’a pas marché, Mobutu a été le plus fort, il a fait la danse du ventre aux Américains (pour une fois anti-sécessionnistes), les Français et les Belges ont laissé tomber Moïse Tschombé (Chef de la sécession du Katanga), qui finit sa sécession dans une geôle zaïroise en 1969, assassiné !
Le Biafra, province riche en pétrole du Nigéria voulait faire sécession. Quelques mois auparavant, la France a commencé par le rétribuer pour le pétrole qu’il vendait, au lieu de rétribuer l’état Nigérian dont il faisait partie. Vint la guerre de sécession, avec des soldats sécessionnistes armés par la France (des avions qui arrivaient de nuit avec des cargaisons d’armes) qui perdirent pourtant la guerre, avec des milliers de victimes en prime! La France même avait crié au génocide pour enfoncer le gouvernement du Nigéria, sans finalement trop de conséquences. Qui se soucie de noirs morts ?
En somme, les Européens et les Américains, traversant aujourd’hui des crises économiques patentes, et vouant un culte au Keynésianisme pour réguler les marchés, cherchent de nouveaux débouchés, à moindre coût comme le nez qui cherche la respiration. Ils en sont conscients, il faut investir en permanence, même dans les rebellions des pays où les dirigeants ne sont pas très ouverts au commerce. Tous les moyens étant bons pour faire du business.
Autrement dit Kadhafi aurait pu faire la paix avec ses rebelles dans son propre pays et penser à un peu de démocratisation sur son propre territoire qu’il aurait encore les coudées franches aujourd’hui. Mais hélas, en bon Chaka Zoulou du Maghreb, il a voulu mourir pour ses propres convictions ; Celles où il zigouille celui qui n’est pas d’accord avec lui, et mate ceux qui ne croient pas en son style de gouvernance.
Nous Africains, avons inscrits dans nos gènes la désunion entre fils d’un même pays, et prêtons toujours le flanc à un occident manipulateur qui après tout, a des besoins permanents en énergie, que nous finissons par lui donner, au prix du sang.
 Nous Africains avons un mal fou à s’entendre avec nos propres frères pour savoir comment vendre cette énergie que nous avons pour bénéficier de la manne financière que nous n’avons pas.
Après tout, la leçon libyenne vaudra bien un fromage tombé du bec du corbeau africain, pour le renard occidental. Mais les corbeaux africains n’ont rien compris, et les renards occidentaux prolifèrent.
Après tout C’est juste Kadhafi, il ne faut pas en rire, ni en pleurer.