samedi 12 février 2011

Un Chien a été noyé, parce qu’on l’a accusé à tort de rage

François Adzimahé
Ingénieur de Travaux Télécoms et Réseaux
12 . 02 . 11

Un Chien a été noyé, parce qu’on l’a accusé à tort de rage

On aurait pu titrer cet article, “je soussigné Avocat du diable“. Bon, par respect pour ceux qui se sentent lésés et trichés, je m’en tiendrai à cette simple interrogation, dans le but de prouver, que dans le cas des coopérations nord-sud, trop souvent, Dieu fait le tri entre les siens et ceux du diable, sans que celui-ci en fait, ne se sente lésé.

Que voudrais-je dire ? Eh bien qu’en fait, la fameuse phrase, « la France pille l’Afrique » ou encore « les blancs pillent l’Afrique », n’a pas vraiment sa valeur d’être ; sinon son sens. Bien trop souvent, la fainéantise africaine, dans laquelle nous nous complaisons si bien tout en voyant le diable du côté du blanc nous amène à prononcer ces phrases relevant d’une certaine bêtise humaine, servant à nous mettre du baume au cœur et à perpétuer dans nos luxures respectives en se répétant incessamment : « Il intervient dans nos affaires, il pille nos ressources, il nous trompe, il nous vole ». Les phraséologies utilisées dans le cas d’espèce sont légions.

Dieu nous en garde, il ne s’agira pas ici de faire l’apologie de l’homme blanc. Non, mieux encore, l’esprit de ce qui vient est de faire tomber le masque de monstre que certains ont essayé d’accrocher à tort à ces personnes que nous jalousons, dont d’autres essaient d’en profiter, dont nous aimerions vivre le mode de vie, auxquels nous aimerions ressembler en nous éclaircissant, en nous dépigmentant !

Ce qu’est le blanc ? bah, c’est celui qui a le savoir-faire et qui a besoin de le matérialiser à partir de ressources qu’il peut trouver soit en Afrique, soit sur d’autres terres dans d’autres contrées plus ou moins éloignées de son secteur d’application. Voilà ce qu’est le blanc. Qu’on ne s’y trompe pas. A chaque fois qu’on voudra accuser ce chien de rage, pour le noyer, il faudra s’en souvenir. 

Vous parlez de ressources pillées ? Alors qu’en-est-il du Congo Brazzaville ? c’est à la rigueur, le seul pays exportateur de pétrole, à qui le pétrole ne profite pas au monde. Récemment, le Tchad s’est inscrit dans la même logique, en cherchant à sacrifier, n’eut-été la Banque Mondiale, la partie des recettes réservées pour les générations futures. Bizarre ! Vous avez dit bizarre ? Revenons un instant au Congo-Brazzaville : une investigation de journalistes de la chaîne de télévision française M6 a révélé que le principal exploitant du pétrole congolais vers la fin des années 90, Elf, a souvent versé près de dix milliards de francs de “cadeau”, allez, on va dire, des commissions au Chef de l’Etat en place pour pouvoir avoir les coudées franches. Parce que une fois le pétrole exploité et transporté jusqu’en mer, sans aucune surveillance, des autorités locales, on en fait ce qu’on veut, on va même jusqu’à dévaluer son prix pour pouvoir en faire bénéficier l’entreprise. C’est à se demander de quel côté se trouve le diable en ce moment-là, puisque loin de vouloir voir en Elf, un escroc, (il faudrait mieux le voir en businessman), qui paie dix milliards à un homme pour qu’il la laisse gérer l’affaire pétrolière de son pays. Dix milliards pour laisser l’entière responsabilité de l’exploitation d’une ressource à une entreprise ? Aucune infrastructure, aucune commission, rien n’a jamais été entrepris par l’état congolais pour avoir un droit de regard sur le travail effectué par Elf sur ses terrains. Le contrat était de verser les 50% des recettes aux caisses de l’état ; ce qui est fait dans la logique. Mais même ces fonds reversés, n’auront visiblement pas servis, puisqu’il n’y a pas un seul immeuble à Brazzaville à part la tour Elf. Les commissariats de police, sont parfois nichés dans des conteneurs ; les hôpitaux manquent de matériel de travail. D’où cette question hellénique : Pour qui sont alors les serpents qui sifflent sur l’autel du pétrole Congolais? le blanc qui a fait sa part, et a versé une commission pour qu’on ne voit pas ce qu’il fait sur les terres, ou le noir qui s’est laissé faire, et s’est sucré sur le dos de ses propres frères ?
Un autre exemple est celui de l’esclavage ; exemple hautement informatif. On a souvent taxé les Européens d’être responsables de l’esclavage, d’avoir décimé des villages entiers, et d’avoir fait du mal au continent africain pendant quatre cent ans. Mais la vérité, c’est que bien avant l’arrivée du blanc, nous nous sommes longtemps réduits nous-même en esclavage. Les razzias d’hommes étaient des sports nationaux. Nos peuples étaient de grands conquérants en puissance, friands de guerre. Ils assujettissaient des royaumes sous leurs autorités, les transformant en royaumes vassaux, réduisant d’autres peuples en esclavage.  Mais alors plaçons-nous pour quelques lignes dans la position du blanc lui-même. Ils sont arrivés sur une planète (notre continent était comme une nouvelle planète découverte) où ils ont remarqué que des humains, réduisaient d’autres humains en esclavage. Pourquoi n’iraient-ils pas en prendre quelques-uns pour leurs propres services se demandaient-ils ? Quant aux traitements qu’ils leurs infligeaient ? bah, c’est exactement le même traitement que leur infligeaient les noirs eux-mêmes. Les esclaves étaient réduits à l’état d’humanoïdes bipèdes, c’était des animaux à peine sans cornes, ni queue, ni poils ; c’était du bétail. Qu’on se le rappelle pendant longtemps, que les colons ont acheté, chaque esclave qui a quitté les côtes africaines pour les plantations américaines. Chaque esclave ! Qu’ils aient été acheté en gros ou en détail, après tout, ils ont quand-même été vendus à un prix décidé par leurs frères noirs. Ces blancs, comme on les appelle, ne pouvaient pas s’ériger en donneurs de leçons quand ils savaient que c’était une coutume hautement pratiquée, et que cela les arrangeait en matière de main d’œuvre. Des hommes vidés de leur contenu, dévalorisés et réduits à l’état de bétail par leurs frères noirs, enfoncés pour le coup en plein ridicule et en pleine imbécilité. On aurait fait des panneaux publicitaires d’entreprises de vente d’esclaves sur les côtes africaines de l’époque que cela n’aurait surpris personne. Voilà ce qu’était la masse d’esclave transbordé de l’Afrique à l’Amérique.  Voilà ce qu’il faut expliquer aux générations qui viennent pour qu’ils n’aillent pas se fourvoyer dans la fainéantise béate qui nous amène à dormir sur nos lauriers et à accuser les autres de nos malheurs.

A la rigueur, la colonisation n’a pas permis d’ériger de véritables valeurs humaines en Afrique. Elle n’a formé que des bureaucrates inutiles et avides de pièces sonnantes et trébuchantes. La preuve, voyons comment nos pays ont perdu en avancée, une fois que des petits minables d’indépendantistes se sont érigés en libérateur, pour conduire des peuples qui n’avaient aucune conception de la démocratie mais qui la voulait sans savoir pourquoi. Vous voulez les connaître ? je vais vous les citer sans ambage : Kwame N’Krumah, Sylvanus Olympio, Sékou Touré (il était assurément le plus minable), et bien d’autres encore. Loin de moi l’idée d’insulter leur mémoire, mais s’ils étaient encore vivants, il aurait fallu que quelqu’un se lève pour le leur dire. Ils ont été des piètres politiciens, réclamant à cor et à cri l’indépendance de pays mal préparés à jouir de leurs propres souverainetés. Qu’à cela ne tienne, je crois que l’indépendance africaine aura fait plus de bien aux Européens qu’aux Africains. Sinon, comment comprendre, qu’aujourd’hui, tout aille si mal, que l’agriculture ne nous permette pas de nous auto-suffire au Togo alors qu’à l’époque Allemande, elle faisait la fierté du Togo (on appelait le Togo, la MusterKolonie), que les grandes entreprises soient des entreprises d’investisseurs étrangers, parce que les ressources humaines sont mal formés, que les gens ne sont pas compétents, que le pouvoir d’achat est mort-né et que les pays africains aient toujours besoin d’experts blancs pour remettre les pendules à l’heure dans leurs entreprises et dans leurs usines. 

La faute est à l’Afrique et à ceux qui nous ont entraînés dans leurs rêves. Certains comme les Lumumba ont pratiquement fait la danse du ventre au bloc communiste, pour se débarrasser des belges, en plein contexte de guerre froide. A quoi d’autres pouvaient-ils s’attendre, alors qu’ils n’arrivaient pas à gérer une simple caserne militaire ? Comment iraient-ils gérer tout un pays ? Même schéma au Burkina Faso sous Thomas Sankara qui a fait de Cuba son meilleur allié, et s’est borné dans un communisme qui ne réussissait pas et a entraîné le pays sur la voie du marasme économique ; cela, personne ne le répète, personne ne le rappelle. Ils sont des martyrs, ils sont des héros morts pour leur nation ? Peut-être ? mais ils ont souvent fait des erreurs, peut-être en pensant qu’ils avaient le pouvoir en main, et que rien ne pouvait leur arriver ? Ces hommes se sont élevés, parce que adoubés par les foules, encouragés parce qu’ils voulaient vendre du rêve au peuple africains. Et ils sont tombés. Leurs bonheurs ou leurs malheurs, ils se le sont faits, eux-mêmes.
Aujourd’hui encore, l’histoire va se répéter. Les Ivoiriens demandent aux blancs de laisser leur pays tranquille. Comment pourront-ils gérer ces entreprises alors qu’ils sont incapables de la moindre industrialisation ? Qu’en feront une fois qu’ils seront tranquilles ? Auront-ils mille pour cent d’inflation, comme le Zimbabwé de Robert Mugabé qui a donné des terres à des agriculteurs noirs incultes qui ne comprennent rien à l’agriculture ? Sekou Touré a construit un camp de concentration, le camp Boiro, quand on l’a laissé tranquille pour qu’il puisse jouir de l’indépendance de son pays. C’est comme cela qu’il l’a compris, l’indépendance qu’il prétend avoir arraché à la France et dont la France était plutôt contente de se débarrasser. SANKARA laissait son pays pour aller manger le tô (pâte de maïs) chez son voisin du Niger, oubliant qu’il fallait développer l’agriculture pour que tous les Burkinabè aient accès à un tô consistant et régulier. Sylvanus Olympio voulait promulguer la création de la Banque Centrale Togolaise pour utiliser le franc Togolais ; banque dont le gouverneur allait être Gilchrist, son fils, et on accuse aujourd’hui celui qui est venu après lui de népotisme.

Cherchons un seul exemple d’entreprise étrangère, qui a été nationalisée, et qui a mieux fonctionné par la suite… (une minute de silence). Aucune ! Pas une seule ! Même pas le Canal de Suez, nationalisée par Nasser ! Aucune ! C’est de cela qu’il faut se souvenir, quand nous traitons les autres de pilleurs. Nous vendons des voleurs ? Eh bien, à la place nous achetons ensuite des sorciers. Voilà la triste réalité.

Quand nous appredrons peut-être à faire le ménage dans nos propres comportements et idéaux, quand nous changerons ce qui doit l’être et que nous prouverons à suffisance à ceux qui sont censés nous piller que nous sommes des gens responsables et honnêtes envers nos populations, alors peut-être qu’ils changeront d’attitude à notre égard. Car après tout, mettons-nous à leur place : Allez piller une ressource dans votre village, en essayant de verser quelques commissions, en essayant d’éloigner tous les villageois, pour exercer votre savoir-faire en toute quiétude. En ce moment-là, vous vous sentirez suffisamment blanc pour comprendre le blanc.

Son malheur ou son bonheur, l’Afrique se le fait, elle-même ? Oui ! ou encore, comme le dit Alpha Blondy, le seul problème de l’Afrique, ce sont les Africains. Rien de plus !!! Rien de moins !!!