samedi 22 janvier 2011

Côte d’Ivoire: La crise ivoirienne divise les intellectuels

Côte d’Ivoire: La crise ivoirienne divise les intellectuels
Alassane Ouattara (G) et Laurent Gbagbo (D)
Alassane Ouattara (G) et Laurent Gbagbo (D)
Montage RFI / Pierre Moussart
Par Christophe Champin / MFI
La crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis le 2 décembre dernier suscite un intense débat chez les intellectuels en Afrique, comme en France. Le rôle de la « communauté internationale » et de la France, l’utilisation ou non de la force, sont au cœur des discussions. Avec une inquiétude commune : la peur d’une déflagration dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Quelle que soit leur opinion, rarement crise africaine aura autant et aussi rapidement fait réagir les intellectuels. On avait peu entendu les Africains au lendemain du cataclysme que fut le génocide rwandais de 1994. Au point qu’un groupe d’écrivains, menés par le dramaturge tchadien Nocky Djedanoum avait, dix ans plus tard, dû entamer un salutaire travail de mémoire pour sensibiliser les Africains à ce crime de masse. Cette fois, même si les situations sont, à bien des égards, différentes, les intellectuels se mobilisent.

Le Nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature 1986
DR
Quelques jours après la proclamation par le Conseil constitutionnel ivoirien de la victoire de Laurent Gbagbo, Wole Soyinka a été l’un des premiers à s’exprimer. Le prix Nobel de littérature nigérian a appelé le chef de l’Etat sortant à saisir la seule solution « honorable » à ses yeux, celle qui consisterait à quitter le pouvoir. Un appui symboliquement important pour Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, de la part d’une personnalité engagée depuis des décennies pour le combat démocratique. Haro sur la communauté internationale

Calixthe Beyala, écrivaine camerounaise
DR
Mais alors que s’est renforcée la pression extérieure, doublée d’une menace d’intervention militaire pour obliger Laurent Gbagbo à céder son siège, les critiques se sont multipliées contre l’attitude de la communauté internationale. Dans une lettre ouverte publiée dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, l’écrivaine camerounaise Calixthe Beyala, a ainsi pris la défense du président sortant. « Je ne crois pas que M. Alassane Ouattara soit le président élu de la Côte d’Ivoire car, pour cela, il eut fallu que sa victoire fut reconnue par le Conseil constitutionnel de son pays, écrit-elle. On se souvient du cas des Etats-Unis où s’opposaient Al Gore et George W. Bush. La cour trancha en faveur de ce dernier alors qu’il bénéficiait de moins de voix que son adversaire. Il me semble n’avoir pas entendu des cris d’orfraie des démocrates du monde entier.  »
Notre dossier spécial : Crise en Côte d'Ivoire
Avec une trentaine d’autres personnalités, Calixthe Beyala a signé un « Appel d’intellectuels contre une intervention militaire en Côte d’Ivoire ». Sans prendre position pour l’un ou l’autre des présidents, le texte, paru dans le quotidien communiste français l’Humanité, se prononce contre l’usage de la force, prônée par le camp Ouattara et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, et, à mots couverts, contre tout néo-colonialisme. « Une telle intervention se traduirait par une résistance civile et des actions sanglantes devant une armée d’occupation ; puis certainement des massacres urbains entre Ivoiriens et étrangers, qui gagneraient l’ensemble du territoire dans les combats fratricides : l’horreur du Rwanda devrait-elle recommencer sous nos yeux par l’irresponsabilité illimitée des marchands de canon et des impérialismes d’un autre âge? », s’interrogent les signataires.

Jean Ziegler, écrivain et sociologue suisse
Eigenes Werk/ds-foto/ Licence Creative Commons Paternité
Parmi eux, le professeur de droit Albert Bourgi et l’ancien « Monsieur Afrique » du Parti socialiste, Guy Labertit, tous deux des proches de Laurent Gbagbo, des sociologues, le Suisse Jean Ziegler et le Sénégalais Malick Ndiaye, ou encore le politologue français Michel Galy, l’opposant centrafricain Martin Ziguélé et le cinéaste camerounais Jean-Marie Teno. Sur le même ton, l’ancien secrétaire général d’Amnesty International, Pierre Sané, également signataire de cet appel,  dénonce « l’empressement » de l’ONU à reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara, comme les pressions internationales. « Même si, in fine, Alassane Ouattara venait à exercer le pouvoir, il le ferait contre la moitié du pays et sur un pays dévasté », affirme-t-il dans une lettre ouverte.

Tierno Monenembo, écrivain guinéen, prix Renaudot 2008
AFP/STR
Prenant la plume dans le journal le Monde, début janvier, le célèbre écrivain guinéen Tierno Monemembo, prix Renaudot 2008, va plus loin en accusant les Nations unies de recoloniser l’Afrique. « L’ONU n’a pas à décider qui est élu et qui ne l’est pas à la tête d’un pays (…). Le faisant, elle outrepasse ses droits, ce qui lui arrive de plus en plus. Au point que derrière le langage feutré des diplomates, on distingue des bruits de bottes coloniales », écrit-il. De nombreux intellectuels soutiennent aussi Ouattara
Des intellectuels, dont Calixthe Beyala, s’en prennent aussi à ce qu’ils considèrent comme une résurgence de la « Françafrique », Paris étant, d’après eux, au cœur d’un complot pour faire tomber Laurent Gbagbo. Un argument qui fait bondir Venance Konan, journaliste et écrivain ivoirien, très critique contre Laurent Gbagbo. « Chère Françafrique! Que serions-nous devenus, nous, intellectuels africains et panafricanistes, si tu n’avais pas existé pour nous dédouaner de toute responsabilité dans nos malheurs, s’insurge-t-il. Il n’y a pas de France ou de Françafrique dans cette affaire ».

Venance Konan, journaliste et écrivain ivoirien
Messmer
Venance Konan, qui vit en Côte d’Ivoire, fustige, en outre, les prises de position « à distance » de ses congénères : « C’est vrai que Paris est loin et qu’ils n’entendent pas les crépitements des mitraillettes, les cris des personnes que l’on enlève, que l’on torture, les bruits des casseroles sur lesquelles les femmes tapent dans tous les quartiers où l’on ne dort plus, pour signaler l’arrivée des tueurs, dérisoires défenses contre le silence des intellectuels africains et panafricanistes de Paris  ». Cela dit, Alassane Ouattara a, lui aussi, des soutiens nombreux parmi les intellectuels. Plusieurs centaines d’entre eux ont signé une pétition qui circule largement sur Internet. « Des intellectuels relevant des nations africaines et ceux pour lesquels l’Afrique reste un engagement de vie souhaitent contribuer à conjurer l’imminence d’une confrontation », soulignent-ils eux aussi.
Mais leur position est claire : l’arrêt du Conseil constitutionnel qui a annulé le vote dans 7 départements favorables à Alassane Ouattara et proclame Laurent Gbagbo président de la République « n’est pas fondé en droit » et il « compromet l’unité nationale dans la mesure où il prive les habitants de leur droit de vote et donc de leur qualité de citoyen ». Les signataires ajoutent que le représentant des Nations unies en Côte d’Ivoire, Young-Jin Choi, certificateur des élections, a « démontré que, même après l’annulation des votes dans les (…) départements mis à l’index, M. Alassane Ouattara reste vainqueur des élections présidentielles ». Ils défendent donc le rôle de l’ONU et de la communauté internationale et appellent Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir.
« Combien de morts faut-il à une élection présidentielle pour qu’enfin le vainqueur [Alassane Ouattara, ndlr] puisse se mettre au travail et redonner confiance aux populations et espoir à la jeunesse ? », terminent-ils.

Le Sénégalais Alioune Tine, président de la Raddho
Raddho
Parmi les signataires, on trouve le philosophe béninois Paul Hountoundji, le Français André Gichaoua, universitaire spécialiste du Rwanda, le politologue sénégalais Mamadou Diouf, l’anthropologue français Jean-Pierre Dozon, le journaliste ivoirien Abdoulaye Sangaré, l’historien sénégalais Ibrahima Thioub, le Sénégalais Alioune Tine, président de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme), ou encore l’ancienne ministre de la Culture sénégalaise Penda Mbow et l’écrivaine ivoirienne Tanella Boni… Divisés, les intellectuels africains et africanistes le sont donc incontestablement, entre ceux pour qui les Etats-Unis, l’Union européenne et les institutions régionales africaines sont, pour une fois, d’accord pour défendre la démocratie, et les pourfendeurs d’une forme de néocolonialisme et de fraude organisée, dont seraient complices des pays et institutions régionales africaines. Quoi qu’il en soit, on ne pourra pas reprocher aux intellectuels de s’être tus sur cette nouvelle crise en Côte d’Ivoire.

lundi 17 janvier 2011

De la nécessité de recadrer le 13 Janvier


Cette date porte un chiffre de malheur. L’année prochaine, son cortège de malheur devrait atteindre son apogée vu qu’elle tomberait sur un vendredi. Il faut peut-être le rappeler : les « Vendredi 13 » sont considérés dans la civilisation occidentale, comme des jours de malheur ; des jours de grands malheurs à cause du Vendredi 13 Octobre 1307, jour au cours duquel le Pape de l’époque ordonna le massacre des chevaliers-templiers dont on soupçonnait des pratiques peu catholiques (ou peu orthodoxes si vous voulez), acquises à partir des secrets que l’Eglise Romaine leur avait elle-même livré quelques siècles plus tôt quand elle les envoyait en croisade.

Le 13, du mois de Janvier dans mon pays natal, le Togo est aussi une date de massacre (allez, soyons bon seigneur, date de mini-massacre) du père de l’indépendance, Sylvanus Olympio. Qui l’a assassiné ? qui a commandité son assassinat ? voici des questions dont les réponses ont été multiples et soutenues dans leurs multiplicités par des thèses post-coloniales et des contextes ethnico-politiques entretenant tout l’imbroglio incroyable dans lequel l’histoire de nos pays d’Afrique, surtout en cette période-là, se retrouve toujours entremêlé. On ne nous appelle pas Continent Noir pour rien. Les affaires sombres sont nos sports préférés.
Qu’à cela ne tienne, le 13 Janvier fut une date de mort de Chef d’Etat, recadré pendant la gouvernance d’Eyadema Gnassingbe, en fête de libération nationale(on va dire que le camp Eyadema considérait avoir libéré le Togo des mains du camp Olympio, tout bêtement, pour faire simple et vite). La même date futre-recadrée par la suite comme fête des armées durant les première années de gouvernance de Faure Gnassingbé ; celui que la presse Togolaise surnomma le « fils de la nation » par analogie à Gnassingbé père, considéré comme le « père de la nation ».
Durant donc les premières années de gouvernance du « fils de la nation », on passa du 13 Janvier fête de libération nationale, jour de défilé civil et militaire, au 13 Janvier, fête des armées, jour de défilé militaire. Depuis, les choses prirent des allures d’évolution de pensée sans précédent, nous amenant, avec ce que l’on sait aux nouvelles amitiés de fils de Présidents (Nouvelle Amitié Gilchrist – Faure), puis à une commémoration de journée de réconciliation que l’on célèbre dans le recueillement à cette même date. Le programme s’en trouve totalement démilitarisée, armes de défilés enterrés, pour laisser place aux messes en mémoire des disparus; le Chef de l’Etat actuel prend d’ailleurs une part active dans ce recueillement en assistant à l’une des messes célébrées sur le territoire togolais. (Nous vivons une époque formidable !).

Au demeurant, le recadrage de ce 13 Janvier donnant lieu à ce consensus des obligés et à cette association contre-nature (Gnassingbe/Olympio), mais ô combien importante pour la paix que nous voulons tous dans nos pays, prendrait des allures véritables d’achèvement si on ne lui collait plus ce caractère « Férié, chômé et payé » sur toute l’étendue du territoire national. Cela finit par lui enlever en fin de journée, toute idée de recueillement. En observant d’ailleurs hier en soirée, un membre de la nation se mettre à danser dans un bar, parce qu’il a passé toute une journée de recueillement à s’empiffrer de victuailles et de boisson, on fait des efforts herculéens pour dégager ne serait-ce qu’un seul moment de piété et de pensée pieuse à la mémoire de ceux que nous savons et qu’une bonne partie du peuple prétend chérir.
Au demeurant, bien de Togolais (ceux qui n’iront pas par exemple boire de bar en bar, au point de devenir barbares), n’iront pas non plus prier pour le Togo, pour ses disparus.  Ils jouiront de cette petite liberté, cette pause générale de jour férié offert gracieusement par le chef de l’état en vue de la réconciliation nationale et du recueillement.
J’ai donc cherché le recueillement, je l’ai longtemps cherché hier soir dans les visages de ceux que j’ai croisé ; car quand vous faites abstraction de votre être, en vous payant une petite marche (pour dégraisser aussi un peu le bide) sur le trottoir, vous prenez conscience du formidable mélange de gens que vous croisez dans tous les sens. Un mélange de riches et de pauvres, de malade et de gens bien portants, de filles sexy et de mamans aux seins vraiment tombants, arrivant pratiquement au nombril, faisant des légers (ou même parfois pas) mouvements dans les corsages fatigués, parfois même défaits, des pileuses de foufous fatiguées par tant d’efforts pour satisfaire des clients insatisfaits, des couples de jeunes qui croient encore que l’amour ça fonctionne et qu’ils ont leurs chances, ils sont enlacés et marchent lentement en s’échangeant ces petites inutilités et banalités du quotidien, « je te trouve très jolie ce soir - moi aussi t’es très beau - je veux rester avec toi toute ma vie » et tout ce que nous connaissons si bien et que nous pensons si mal (oui au début, mais après, il faut garder le cap du bateau hein, pas facile du tout du tout) ; Dans les regards de ces gens j’ai cherché le recueillement et je ne l’ai pas trouvé.

Mais alors, doit-on vraiment faire des journées de recueillement à la Centrafricaine ou à la BOZIZE ? On fait fermer tous les bars et autres lieux de réjouissance, mais la journée est quand même chômée et payée ? Non ! Le Général BOZIZE avec le long passé d’ex-putschiste émérite de la Centrafrique et Grand Chambellan de l’Eglise du Christianisme Céleste au cours de ses premières années à la tête de ce pays (je sais pas s’il l’a fait en 2010) décrété les 31 Décembre, jour de recueillement avec fermeture de bars et de lieux de réjouissance. Une chose pas très brillante à mon avis. Même si cela partait d’une bonne intention, imposer un diktat religieux à sa population (tout en se disant ancien opposant et critique acerbe du régime Patassé) ne donnait pas finalement une meilleure image de l’homme et de sa gouvernance. Non, notre 13 Janvier recadré, nouvellement remodélé et remis sur le marché, aurait du être une journée de recueillement et de travail. Notre nouveau 13 Janvier n’aurait pas dû être férié pour bloquer une fois de plus, toutes les activités économiques sous prétexte de vouloir prier, faire des bondieuseries, pendant que l’économie se meure. 

« Ora et Labora », Prier et Travailler sont les deux meilleurs vêtements dont on habillerait désormais notre 13 Janvier. C’est l’esprit qu’il faut donner au Peuple Togolais. Et non, celui de lui présenter des signes de réconciliation, puis de complaisance générale comme pour dire : « bon, maintenant, on va rompre avec l’ancien système ; plus de défilé, c’est fini ; la journée reste férié, chômée et payée, moi j’irai à l’église le matin, avec tous les ministres et les autres (ceux qui veulent) ; et le reste du peuple fait ce qu’il veut de sa journée, afin que tout le monde soit content». Non, nous avons trop longtemps affectionné de dormir sur les lauriers. Nous voulons un Togo meilleur, alors il faudra le bâtir, pièce par pièce, goutte de sueur par goutte de sueur. Que ça prenne le temps qu’il faudra, que ceux qui veulent continuer par crier à l’oppression crient à l’oppression dans leur coin, et que ceux qui veulent se mettre au travail se mettent au travail. Car au détour où les générations futures nous attendrons, pour nous demander des comptes : « Papa, maman, qu’avez-vous fait en ce temps-là » ? nous pourrons leur dire « eh bien, chers enfants, pendant que les autres criaient et manifestaient, nous avons travaillé pour que votre avenir et ceux de vos enfants soit meilleur que le nôtre ».

Par François Adzimahe
14.01.2011

samedi 15 janvier 2011

Opposants africains, vous qui finissez par arriver au pouvoir…


Opposants africains, vous qui finissez par arriver au pouvoir…
Par François Adzimahé
09.01.11
J’en citerai au moins trois : Alpha Condé en Guinée, Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, Abdoulaye Wade au Sénégal.

D’abord Laurent Gbagbo : Enseignant d’Histoire à l’Université, il a été longtemps perçu par le pouvoir Ivoirien comme l’instigateur des révoltes multipliées dans les milieux universitaires pour réclamer une meilleure condition de vie de l’étudiant Ivoirien. La création de groupes d’étudiants anti-Houphouétistes, c’est lui ! A l’époque, deux de ses étudiants, aujourd’hui célèbres, y faisaient la pluie et le beau temps : Guillaume Soro et Charles Blé Goudé. Certains incidents sur les campus universitaires Ivoiriens ont trop souvent fini en coups et blessures par armes blanches. Derrière, se composaient, ombrageuses et sournoises,  des manipulations de mains noires de politiciens s’affrontant par étudiants interposés. On aura au demeurant vu comment bien des fois, Laurent Gbagbo fut emprisonné ; emprisonné même par Ouattara alors Premier Ministre sous Houphouet Boigny dans les années 90 ; Plus tard ils feront partie du gouvernement de Robert Guéï, mais on va mettre tout cela sur le compte du sort et de son ironie naturelle.

Abdoulaye Wade : longtemps proche du Premier Président du Sénégal, Sédar Senghor ; ce dernier (le Président Senghor) l’aurait (d’après certaines sources) chargé de créer un parti d’opposition factice, pour que le Parti au pouvoir, le PS de Senghor puisse faire partie de l’Internationale Socialiste.  C’était la condition Sine qua non. On était un parti Socialiste au pouvoir ; Mais pour faire partie de l’Internationale Socialiste, il fallait avoir au moins un parti d’opposition pour faire montre de démocratie (système politique donc incompatible avec le parti unique). Nul ne se doutera que plus tard, l’appétit venant en mangeant, WADE fit du parti factice, un parti d’opposition (le PDS) qui allait rendre la vie dure au Successeur de Senghor, Abdou Diouf. 40 ans d’opposition sont à afficher au palmarès d’Abdoulaye Wade !!! Quarante ans pendant lesquelles, toutes les étapes de la violence furent franchies en passant par les destructions de biens publics jusqu’à la mort d’un policier sénégalais durant une manifestation du SOPI (affectueux surnom du PDS souvent scandé par ses aficionados). 

Je n’évoquerai pas Alpha Condé à qui j’ai pourtant trouvé beaucoup de similitudes avec un certain GilchristOlympio. Ces deux types s’amusaient à être candidats aux présidentielles dans leurs pays respectifs et quand cela dégénérait après les résultats, ils couraient tout de suite se réfugier à Paris.  Quels opposants !!!
Oui, Quels opposants ! car jusque-là, le schéma classique de l’opposition africaine est entouré d’une auréole angélique. Auréole dont la surbrillance n’existe que quand l’opposant est dans sa logique et dans son contexte d’opposition politique. On aurait même pu s’en douter… le schéma classique de nos réflexions sur la politique en Afrique est : Les méchants sont toujours au pouvoir, et les gentils sont toujours dans l’opposition. Dans des pays plus évolués, avec des populations mieux éduquées aussi d’ailleurs. L’exemple des Américains est plus qu’illustratif car voici : quand on prête un peu d’attention à l’histoire des élections présidentielles américaines, on s’aperçoit d’emblée que le peuple Américain fait trop souvent preuve d’une versatilité débordante ; à moins qu’elle soit fan de l’alternance politique à tel enseigne qu’elle ne fasse plus attention aux programmes politiques de tel ou tel camp. Sinon comment expliquer qu’en près de deux cent trente ans d’existence politique, on a fait que remplacer les démocrates par les républicains, et vice-versa à chaque fin de mandat présidentiel. Jamais dans l’histoire des élections au pays de l’oncle Sam, un parti qu’il soit républicain ou démocrate, n’aura cumulé deux victoires consécutives quand le Président sortant (issu donc du parti au pouvoir) était en fin de mandat. Récemment encore, Barack OBAMA en a fait les frais un peu trop tôt d’ailleurs (et Comme Bill Clinton aussi il y a quelques années), quand le peuple Américain trop pressé de voir ses problèmes résolus l’a sanctionné après moins de deux ans de mandat, en faisant perdre à son parti la majorité au Sénat.

Aussi, comme les africains ne sont pas encore suffisamment libres pour élire en jouant de la chaise musicale (ou des fauteuils présidentiels musicaux) avec les leaders politiques de leurs pays, on en arrive à se demander à partir de quel moment, quand ils ont de la chance, les gentils de l’opposition deviennent-ils quand même les méchants au pouvoir ? Nous reprendrons les exemples nos deux ex-opposants : Abdoulaye Wade et Laurent Gbagbo.

Abdoulaye Wade : Durant son premier mandat à la tête du Sénégal, il trempe dans une obscure affaire relative à l’agression mortelle d’un artiste musicien Sénégalais qui reçut, un soir à la sortie d’un restaurant de Dakar, des coups de massue sur la nuque. L’homme a longtemps lutté entre la vie et la mort, mais ne s’y est pas abîmé. A l’époque, il venait de sortir un album avec des termes très critiques et très incisifs à l’endroit du pouvoir Sénégalais de Wade. Il ne s’attendait pas visiblement à jouer avec sa vie ; celui dont il se moquait sans s’en cacher dans les textes de ses chansons a longtemps été grand laudateur de la démocratie et de la liberté d’expression. Pourtant, durant les enquêtes, l’identification de la plaque minéralogique d’un véhicule appartenant à l’un des responsables de la garde présidentielle du Sénégal fit tâche d’huile, une bonne partie du personnel de la Présidence Sénégalaise fut auditionnée,  avant que cette histoire brouillarde, ne se dissipe comme aspirée par un buvard. L’enquête avait très vite pris l’allured’une “Cold Case, affaire classée”.
Le Cas Sénégalais, c’est l’arbre qui cache probablement le cas Ivoirien qui est la forêt. Sinon, examinons la Présidence Gbagbo en Côte d’Ivoire ! Pathétique ! Pathologique même ! celui qui a lutté pour le bien-être du peuple, celui pour qui des militants furent emprisonnés, tués, blessés, mutilés , sacrifiés sur l’autel de la démocratie dont il rêvait pour son peuple, a fini par créer les escadrons de la mort, a fini par créer des milices qui ont creusé des charniers pour y jeter des corps d’hommes à qui ils ont pris soin d’ôter la vie ; Sous sa présidence, ses prochesont fait enlever et/ou tuer des journalistes par des hommes de main, parce que l’un venait de comprendre comment la filière Café Cacao a servi à des achats d’armes ; et l’autre couvrait la libération d’opposants à son propre régime (Jean Hélène couvrait la libération de militants du RDR d’Alassane Ouattara quand il fut assassiné).

Etonnant, sinon même, préoccupant ! est encore la présence des Maîtres Vergès et Dumas aux côtés, voire au chevet de Laurent Gbagbo aujourd’hui. VERGES ? DUMAS ? Sont-ils là pour comme ils l’ont toujours montré, résoudre les problèmes difficiles ou impossibles à aborder d’une façon ouverte ?Jacques Vergès, personnage suffisamment noirci par ses fréquentations étranges, sorte de côté obscur de la force (ou de la farce aussi de temps à autre), homme dont j’admire tout de même la prodigieuse intelligence (il faut rendre hommage aux grandes choses), diable à qui il manquerait les habits en prada (il défend quand même des génocidaires vietnamiens), aux côtés de Laurent Gbagbo ? Quelle image !!! Mais alors, Roland Dumas ; Roland Dumas, l’homme impliqué dans le détournement, la disparition mystérieuse et enchantée de trois milliards de francs français, des Bénéfices de l’entreprise française la plus rentable des années 90, ELF. A l’époque de la publication de ce dossier explosif, on mentionnait les aventures sulfureuses de Roland Dumas et d’une Catherine de Viegeoncourtdont , (je cite la presse française alors très méchante) « l’odeur fétide du slip polluait la politique française » (ils étaient méchants quand-même aussi ces journalistes !). Le scandale était tellement immense, les personnalités et les personnes impliquées tellement nombreuses, allant de Chefs d’Etats Africains, à des responsables politiques aussi bien Français qu’Africains, et même parfois à des personnages politico-militaires (en Afrique, nous mélangeons trop bien les deux milieux, politique et armée) que l’affaire qui fit grand bruit, fournissant du grain à moudre aux analystes politiques et déclenchant une formidable coulée d’encre dans les papiers des rédactions européennes prit une allure de decrescendo avec la fonte de ELF dans une compagnie moins connue, TOTAL, après avoir emprunté le nom transitoire de TOTAL FINA ELF.

Le couple DUMAS – VERGES pour Laurent Gbagbo? Quelles fréquentations !!! Quelles fréquentations pour l’homme qui veut afficher à suffisance, ses multiples vertus de meilleur dirigeant, de Président Providentiel pour  la Côte d’Ivoire ?
Qu’à cela ne tienne, quand il faut pousser des personnes ne comprenant rien aux enjeux politiques dans la rue avec en toile de fond, l’ambition de s’asseoir sur le trône présidentiel, quand il faut envoyer à la mort le peuple pour choquer de manière hypocrite et insidieuse, émouvoir et culpabiliser les soldats qui tirent sur leurs propres concitoyens qu’ils étaient censés protéger, maculer de sang les mains des hommes au  pouvoir qui ont donné l’ordre de tirer et alarmer la communauté internationale, les opposants font preuve de beaucoup d’efficacité. On arrive d’ailleurs à se demander si les leaders d’opposition ne manifestent pas généralement, le désir d’arriver au fauteuil présidentiel dans le sang ? « Car de tout ce que la politique pouvait amener à faire de mal, elle le devait au diable par excellence », disait un certain et mal-aimé EdemKodjo. (Le pauvre, comme le Christ, il n’est pas prophète dans son pays).

Sinon, comment en arrive-t-on à soutenir un leader contre des canons de mitraillettes tous fumants alors que son fauteuil présidentiel tant convoité n’a rien d’un canapé. Il n’y a qu’une place ! la seule ; et c’est lui y pose ses fesses pendant que les vrais artisans de la révolution pleurent les morts et pansent leurs blessures.

Les bons opposants, une fois qu’ils franchissent le pas de la porte du palais présidentiel nous laissent souvent nous démystifier sur l’autel de leurs péchés au pouvoir. A eux, il aurait fallu jeter la première pierre, puis bien de pierres encore ; que cela n’aurait pas suffi.

dimanche 2 janvier 2011

Elles sont trop belles pour être honnêtes

Je blogge en cette nouvelle année, et un peu sous l’emprise d’une bière 8.5 qu’un ami vient de me rapporter en revenant d’une fête. J’aime passer du temps à ne rien faire ou à regarder un enchaînement de films et de séries, les jours de fête. La musique tonitruante et les gens qui dansent ne me disent rien qui vaille, surtout qu’au lendemain du 02 Janvier, qu’on ait fêté ou pas, on sera tous ensemble à reprendre le chemin du travail. Enfin, sauf moi, l’étudiant-chômeur. Je travaille un peu pour un Cyber, un lieu où on vient se connecter à 300 F l’heure et où je fais tout pour que les clients utilisant les machines clientes du réseau que j’ai mis au point, se sentent satisfaits. Normalement, j’ai le droit d’aller travailler quand je veux, sauf en cas de problèmes graves dans le réseau du cyber. Sinon, j’ai le droit de profiter gratuitement de la connexion internet que j’ai habilement distribué à travers mon réseau et que les clients eux ils paient. J’aime à dire, mon réseau, pour me donner l’impression d’avoir fait pour une fois dans la vie quelque chose d’utile pour les autres. C’est un peu trop beau, et il y a beaucoup de togolais, étudiants en réseaux télécoms comme moi qui n’ont pas cette chance; ou qui en ont plus.
Je blogge aussi pour parler un peu des jolies pin-up que j’ai eu à rencontrer dans ma nouvelle vie de garçon à temps partiel de cyber. Si avec un diplôme de Licencié en Télécoms et Réseaux, un background de culture générale et une capacité d’analyse assez acceptable, je n’arrive pas à pondre ce contre-pied des croyances générales que l’on a des femmes à l’esprit ouvert dans mon pays, alors à quoi aurait-servi tout ce que je viens d’évoquer. A quoi servirait mon titre de Docteur si le bas-peuple ne me comprend pas ? disait le réformiste Martin Luther.
En travaillant pour le cyber VIP, j’ai donc fait la connaissance de deux jeunes femmes remarquables dont je n’évoquerai pas les prénoms par respect pour leurs personnes, mais aussi par admiration. Si leurs prénoms se prêtent à des rimes en “nia” plus ou moins pauvres (ça dépend de votre connaissance de la poésie), leur amitié s’illustre en un engrenage très solidaire et non calculé que j’ai toujours admiré. Combien de fois n’ai-je pas surpris l’une ou l’autre passer un coup de fil pour dire : « je suis dans notre cyber, qu’est-ce que tu fais toi ? Qu’est-ce qu’on fait ce soir».
Beaucoup de nouveaux amis d’enfance, que je me suis fait, à cause de services rendus (parce que je connaissais sûrement une astuce en informatique dont ils avaient besoin sur internet ou sur pc), m’ont fait une liste plus ou moins exhaustive de leur « palmarès ». Elles ont couché chacune de son côté avec tel, elles aiment être avec tel type de personne riche, elles sont à la limite, des prostituées (c’est ce qu’ils pensent), d’autres pensent qu’elles sont séropositives, etc. (Merde, je suis entrain de regarder le clip video de White and Black de Joelle Ursulle. Je dis merde parce que je me demande si Serge Gainsbourg ne s’est pas faite cette négresse antillaise, nubile et très jolie. Allez, je reviens à mon texte).
Quant à moi, ma modeste personne a côtoyé ces deux jeunes femmes  et par admiration pour elles, par honnêteté et aussi par amour (il en fallait un peu), je me suis abstenu de les mettre dans mon lit. On m’a dit qu’elles y seraient allées sans condition, parce qu’elles m’aimaient bien. Moi je préfère les savoir avec moi pour nous marrer, parler, papauter, faire des observations sur tel ou tel autre chose de la vie. L’une d’entre elles, peut-être la plus brillante des deux, m’a expliqué un jour pourquoi elle ne voulait pas mourir pauvre. Elle m’a dit : tu sais Vince, je suis née pauvre, je dois mourir riche.
Je n’ai jamais épousé cette thèse simpliste de la vie ; elle aurait adoré peut-être les vendeurs d’illusions comme Thomas Sankara ou Fidel Castro, Karl Marx ou Lénine, qui pensent que tout le monde peut trouver un bien-être financier dans la vie si on se partage les richesses nationales équitablement. Des amis français m’ont d’ailleurs dit qu’avec mes opinions, je devais être de droite si j’avais la même nationalité qu’eux ; mais surtout, en bon Africain, j’ai toujours pensé qu’on n’avait pas les mêmes chances, parce que les cinq doigts de la main n’avaient pas toutes, les mêmes dimensions. Si un créateur existait, et qu’il réglait, comme Voltaire aime à le penser, les mouvements  des planètes et des astres stellaires, alors il devait avoir une drôle de manière de nous montrer que les hommes ne seront jamais égaux comme ont toujours voulu le prouver les communistes. Ce créateur dont on prononce le titre « Dieu » nous le montre par nos doigts de la main.
Et aussi bien que cela puisse être machiavélique de ma part, ces deux filles, avec au départ le sérieux désavantage de faire partie du clan des doigts les moins longs, ont bien des raisons de rechercher leur bien-être et leurs plaisirs. Elles y ont droit, à partir du moment où on considère qu’elles ont reçu la vie comme une blessure et qu’elles en laissent la crevasse béante, pour infliger ne serait-ce qu’un châtiment au créateur (s’il venait à exister).
Elles veulent mourir riches, elles ne fréquentent que des gens de la grande classe, en espérant se caser un de ces quatre avec l’un d’entre eux et se pérenniser un avenir dénué de tout souci et de tout manquement financier. C’est ce qui force mon admiration pour elles, elles affirment tout haut ce que nous les autres êtres humains nous pensons tout bas. (Qui a demandé à ces chimpanzés de se mettre debout) ?Ce matérialisme dont on les affuble est un peu notre leitmotiv, ce qui nous pousse, nous, à faire des études, à s’informer, à préparer notre avenir, etc. Car combien d’entre nous, ont une fois pensé à l’avenir de nos pays respectifs, à transmettre aux jeunes, aux enfants qui viennent après nous, le peu de connaissance acquise pour qu’ils continuent de construire ce que nous avons-nous même continué après ce que nos ancêtres ont entamé. Après tout, nos études, nos situations celles dont nous rêvons, celles que nous avons déjà, ne découlent-elles pas de ce besoin matériel dont nous ne pouvons-nous séparer. Sinon, je mettrai au défi qui cherche à me contredire d’aller passer un peu de temps avec les pygmées de la forêt noire d’Afrique Centrale ou avec au moins, des natifs de villages de mon pays, sans électricité, sans eau, sans téléphone, dans la vie à l’état pure. Quand on fait des études, c’est pour nous-mêmes, ce n’est pas pour faire avancer le pays dans lequel nous vivons. Quand on fait son commerce, c’est pour être plus riche demain, pas pour contribuer à faire avancer son pays. Qu’est ce qui nous différencie alors de ces jeunes filles qui recherchent une certaine amélioration, une version 2.0 de leurs vies pas très enviables ?
Qu’à cela ne tienne, ces deux filles, mes deux amies, ont donc de fâcheuses ressemblances avec nous, au niveau de la recherche du bonheur( et c’est un pas un certain Will Smith qui me contredirait). Elles fréquentent des personnes matériellement et financièrement au point pour être financièrement au point ? Nous préparons notre avenir en faisant de longues études pour être financièrement au point. C’est pour cela que je n’ai pas pu les juger ; que je n’ai pas pu les en vouloir. J’aime à les écouter me raconter leurs sentiments, ce qu’elles pensent, ce qu’elles ressentent, me parler de qui les drague, qui ils trouvent beau, qui les déçoit, qui les apprécie, qui leur promet ciel et terre, qui veut les épouser, qui veut les tromper, qui est riche, qui est beau, qui elles veulent épouser pour un meilleur devenir.
Je prie les vertus célestes pour qu’elles trouvent ce qu’elles cherchent ; Elles sont trop jolies, et Dieu seul sait, comment je lutte contre moi-même quand elles viennent m’entourer de leurs bras, s’asseoir sur mes genoux pour me susurrer qu’elles m’aimaient bien, qu’elles voulaient m’épouser juste parce que je les ai écouté sans demander en retour à les sauter, comme on aime à le dire entre garçons. Je crois que mon admiration a grandi pour elles, et si mes autres amis_ceux qui ont couché avec elles, ceux qui ne l’ont pas encore fait et qui cherchent à le faire, ceux qui pensent qu’elles sont des véritables putains et pensent quand même les mettre dans leurs pieux_pensent à tort qu’elles sont habitées par des esprits de sirène, alors pourquoi tentent-ils de fréquenter ces esprits que nous prenons en Afrique comme maléfiques, quand chez les danois, on leur rend hommage avec des statues (Confère la petite sirène du port de Copenhague).
Au demeurant, moi je leur rends hommages pour leur franchise et leur honnêteté envers moi. Jamais de mémoire de Togolais chômeur, je n’ai jamais rencontré de filles aussi franches et honnêtes avec elles-mêmes. De ce fait, je crois qu’à part les deux cannettes de bière 8.5 que je viens d’assimiler dans mon sang, elles m’auront donné l’esprit avec lequel j’ai écrit ces lettres.

François Adzimahé, le 1er Janvier 2011, à 23h11.