lundi 21 novembre 2011

A la découverte des éléphants blancs du Togo.


Par ces temps de vie chère et de mort moins chère (Dixit Frédéric Gakpara), un pape son week-end en pays vaudou (cf visite papale au Bénin), les lettres ouvertes (Kwasi Nene au Président de la République, Frédéric Gakpara au Consulat de France) pleuvent comme de la grêle, et le plat amer jeté au commun des mortels des togolais tarde à devenir du miel.
Quant à moi, je viens très respectueusement vous parler d’éléphants blancs du Togo ; pas d’éléphants atteints d’albinisme, non ! mais des réalisations de grande envergure, d’initiative souvent publique, aux caractères prestigieux, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, ou encore dont l’exploitation et l’entretien devient un fardeau financier.
Je ne suis pas le premier à parler d’éléphants blancs du Togo. Gilles Labarthe, journaliste Suisse s’est intéressé de près à la chose togolaise avec son livre « Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux », où on retrouve de façon très surprenante des bons de commande d’armes qui étaient destinés au Togo et qui ont fini par exemple en Angola ! suivez mon regard. Si ce journaliste a raison, on peut entrevoir de loin ce pourquoi certains rebelles angolais n’aient pas porté les togolais dans le cœur jusqu’à vouloir présenter toute la sélection nationale togolaise à Dieu en personne en 2010. Nous étions rappelons-nous, en pleine coupe d’Afrique. Si jamais cet ouvrage de Gilles Labarthe vous tombe sous la main, de manière volontaire ou non, n’hésitez pas à le lire et à vous faire votre propre idée. Sait-on jamais…
Il y a quelques jours, Kwasi Nene, brillant communicateur à qui je voue une certaine admiration, a agréablement surpris la blogosphère et la sphère « facebookienne » togolaise en écrivant une lettre ouverte au Président de la République. Il y décrit avec des mots très justes le Togo d’en bas. A la lecture de la lettre, on comprend que l’auteur a voyagé, et a rencontré les populations, il a discuté ouvertement avec ces dernières qui lui ont confié les réalités qui ont été accrochés à leurs cous bon gré mal gré. Parmi ces réalités, j’ai relevé cette partie éléphantesque qu’est la construction d’éléphants blancs chargés de symbolismes inutiles pour des populations qui n’en demandaient pas tant. Pour ce que cela vaudra, cet article va donc revenir un tant soit peu sur les détails de ces réalisations « pas très utiles » qui poussent sur nos terres togolaises pour un gros zéro !
Je reprends l’explication de l’expression : on parle d’éléphants blancs quand on construit généralement un édifice ou quand on met en place une infrastructure que l’on promet à une grande utilité pour l’intérêt général  des populations, et dont on se rend compte bien plus tard, et bien trop tard, qu’il ne sert à rien, ou même qu’il est devenu un gouffre financier. Entre temps, ceux qui ont été chargés de la réalisation du projet, maximisent sur les commissions perçues, les détournements en espèces ou en matériels, avant la fin des travaux. Une fois les poches remplies, ils ne s’inquiètent plus de ce que ces initiatives deviennent.
La lettre de Kwasi Nene au Président de la république rappelle par exemple l’existence au nord du Togo d’un certain marché nouvellement construit. Il a dû coûter la peau des fesses au contribuable togolais, mais n’est pas exploité pour plusieurs raisons : il est à 5 kilomètres des zones d’habitations, il n’y a pas de magasins pour entreposer les articles des commerçants, obligeant ces derniers à les déplacer sur des kilomètres tous les matins, et tous les soirs, à l’ouverture et à la fermeture du marché, etc. Résultat des courses, nous avons un beau marché qui ne servira qu’à étudier dans le pire des cas, comment font les mauvaises herbes pour pousser si vite.
A ma première rencontre avec Kwasi Nene, nous avons discuté de sujets similaires, entre autres, de latrines publiques construites quelque part à Bafilo, chez des populations de confessions musulmanes. Les latrines publiques ont été construites avec des ouvertures (portes d’entrées) tournées vers l’Est. L’Est vers lequel se tourne le musulman normal, quand il veut prier son Dieu. Les habitants de Bafilo ne voulant pas se tourner vers Dieu pour accomplir cette fonction physiologique d’excrétion, ont vite fait de boycotter les latrines publiques nouvellement construites ! elles ne servent pas ! Et pourtant, tous les ingénieurs en Génie Civil prennent en compte ce paramètre capital. Dans leur formation, on leur demande d’observer, d’analyser et de faire les plans en tenant compte des mœurs, des us et des coutumes du milieu d’implantation de leur chef d’œuvre.
Gilles Labarthe, revenons à lui, a cité dans son ouvrage, des éléphants blancs bien plus gros, voire énormissimes ! L’hôtel 2 Février selon ce journaliste, coûtait à l’époque, près de 17 milliards sur le premier devis, et a coûté sur le deuxième devis_ qui lui est définitif_ 35 milliards. La moitié des frais investis pour la construction de ce bâtiment serait passée dans les comptes personnels de certaines personnes chargés de la mise en œuvre du projet. L’hôtel 2 Février, raconte le journaliste, n’a jamais fait de réels bénéfices, au contraire, il était un gouffre financier dont le gouvernement togolais, (là tout le monde le sait) s’est finalement débarrassé pour cinquante ans, au profit de LAICO Hotels and Resorts de Mouammar Kaddafi. C’est dire si l’hôtel 2 Février est dans de beaux draps. Le journaliste suisse citera encore dans les pages de son livre, l’Hôtel de la Paix dont on connaît le triste sort de véritable épave échoué sur le littoral, ou encore de la CIMAO, la cimenterie qui n’a eu que deux mois d’existence.
Le constat, comme la majorité des constats au Togo est amer : il y a beaucoup trop d’éléphants blancs au Togo. La pratique est courante, et ceux qui excellent dans ce sport, gravitent tels des électrons négativement chargés, autour du Président de la République, à qui la lettre de Kwasi Nene a été adressée. Il s’agit de responsables politiques, de grands ingénieurs, d’érudits en économie, qui visiblement s’amusent à faire sortir de terre ce qui ne servira pas le peuple togolais ; peuple que le Président jure au début de chaque mandat de protéger. Peut-être que cette lettre de Kwasi Nene lui rappellera qu’il faut aussi protéger le peuple de ces individus qui jonglent avec la vie des pauvres togolais misérables qui se lèvent chaque matin en se demandant à quelle sauce nous serons mangés.
Personnellement, je crois en la bonne volonté du Président de la République, et de certains de ses collaborateurs ; mais les mauvaises graines de son environnement prolifèrent. « Si le grain ne meurt, il ne portera pas de fruit », dit la sainte parole.

jeudi 10 novembre 2011

Ces fâcheuses similitudes greco-africaines !

Au regard de l’actualité économique de ces derniers temps, on pourrait aisément voir en la Grèce et l’Afrique de profondes similitudes. Il est seulement triste qu’on ne puisse pas leur demander de se marier vu qu’ils ont plus de malheurs que d’heurs en commun ; une union ne serait que l’amoncellement de tristesses aboutissant à un couple battant de l’aile.
Nous sommes par exemple des habitants du continent berceau de l’humanité. Les grecs habitent le berceau de la démocratie. C’est un exemple d’heur.
Quant aux légions de malheurs, ils sont regroupés dans tout ce qui peut-être facteur de mauvaises finances et de mauvaises économies : Les grecs trichent sur leurs déclarations d’impôts, les africains n’en paient pas beaucoup ; il y a plus de Porsche Cayenne à Athènes, qu’il y en a dans l’agglomération de Paris (pourtant capitale d’un pays nettement plus riche) ; et on est à peu près sûr qu’il y a beaucoup plus de grosses cylindrées dans les villes africaines que dans les villes européennes. Pour preuve, un ami allemand en vacances à Lomé a eu du mal à accepter l’idée de voir des belles BMW toutes neuves rouler sur des routes en pleine déliquescence, alors qu’il dit lui-même ne pas encore rêver à une voiture de ce standing-là dans son pays.
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Il y a d’autre part ce caractère très greco-africain : les grecs n’aiment pas l’idée de l’austérité, des diminutions de salaires, des augmentations d’impôts, etc. Ils sont mêmes tentés de sortir de la zone euro où France et Allemagne cherchent à leur imposer des mesures drastiques pour « limiter la casse » ; les africains de la zone CFA non plus ! L’ajustement structurel a été une vraie gageure ; aujourd’hui, ils caressent le rêve de sortir de la zone CFA pour créer leur propre monnaie. Des semblances et ces ressemblances qui transportent inlassablement grecs et africains vers un gouffre dont ils auraient du mal à sortir.
A bien y voir, grecs et africains, sont un peu les fossoyeurs de leurs propres tombes économiques. D’accord, pas tous les grecs, ni tous les africains, mais leurs responsables politiques, en d’autres termes leurs leaders. Ceux qui ont appris à tricher sur les comptes de la Grèce à la Banque Européenne, comme ceux qui ont appris à détourner les capitaux propres de leurs pays, et à acheter des châteaux en Europe, tout en laissant les pays aller à vau-l’eau. Hélas, nous vivons dans un monde injuste depuis la nuit des temps. Les hommes de tête déconnent avec leurs potes trafiquants d’armes, contrebandiers, commerçants véreux et autres ; et c’est le reste du peuple qui en pâtit une fois les problèmes économiques survenus.
Hier en soirée, alors que nous attendions qu’un transfert important de fichiers de serveurs à serveurs se termine, des collègues et moi nous nous étions mis à parler de politique, ou plus précisément de détournements de fonds. Une anecdote terrible nous a été racontée et qui a amené tout le groupe de techniciens à s’esclaffer.
C’est l’histoire d’un stade de football que l’on était en passe de construire pour une petite ville en Afrique de l’Ouest. Le coût de l’opération : Huit Cent Soixante Millions (860 000 000) de Francs CFA. D’après le collègue-narrateur, il a été prévu le recrutement de trente chefs-maçons. Chacun serait payé à trois millions de F CFA. Sur le budget final de construction, il fut mentionné le recrutement de Trois cent chefs-maçons. Woaw ! la différence qu’empochait le responsable de ce marché était énorme. Notre ami raconte même qu’un jour, des camions chargés de quarante tonnes de ciment au total arrivèrent au chantier. Le contremaître signa la fiche de décharge, et à la surprise générale des ouvriers, ces quarante tonnes repartirent avec les mêmes camions. On apprit plus tard que ce ciment détourné en plein jour servi dans la construction de la résidence du responsable de la construction du stade, qui était soit dit en passant un haut dignitaire du régime en place.
L’Afrique de l’après indépendance compte de ces anecdotes effrayantes qui ont servi à faire des trous dans son économie. Et on peut être sûr que les grecs doivent en avoir de pareils sous leurs cieux. Ces lubies dispendieuses, ces travers et égarements reviennent toujours à la charge du peuple qui doit en permanence travailler à renflouer les caisses de l’état. Toujours ! J’arrive parfois même à me demander : Si Dieu a pu laisser Adan et Eve faire les malins dans le jardin d’Eden, et aller bouffer du fruit défendu à leurs corps défendant, sans qu’il n’ait même lever le petit doigt _ une injustice planétaire _ , et qu’aujourd’hui, grâce à eux, on soit dans la merde, privé de paradis, et trempé dans des imbroglios économiques suicidaires, pourquoi devrions-nous nous plaindre de l’injustice à échelle nationale respective qui se produit dans chaque pays. A l’origine, tout n’était déjà qu’injustice.

Peut-être qu’en attendant de trouver des mécanismes sûrs pour bloquer nos dirigeants et les empêcher de devenir des champions de la dilapidation des fonds de l’état, de quoi vivrons nous, dans les lendemains immédiats, et quel avenir préparerons nous pour les générations futures. Ah, générations futures parlons-en ! une histoire marrante : le Tchad exporte du pétrole, et apparemment s’amuse à dépenser tout son argent jusqu’au jour où la banque mondiale dit : « STOP, à partir d’aujourd’hui, tu économiseras pour les générations futures du TCHAD » ; c’est pas mal comme astuce hein ? Ah, autre histoire : « Un marché d’exploitation du réseau mobile au Togo était presque octroyé à Orange, sans appels d’offres comme cela se fait dans les règles de l’art. Alors que c’était fin prêt, un couperet de la banque mondiale est tombé. Le marché n’a pas été octroyé dans les règles, allez, on recommence tout, on donne tout le dossier à la BOAD chargé de faire l’appel d’offres et d’examiner les offres qui seront soumissionnées par les sociétés de téléphonie mobile qui se sentent inspirés par le paysage togolais !

Cette parenthèse refermée, que faire, pour nos peuples grecs et africains ? Bah, à mon humble avis, il faut faire quand même les sacrifices. SACRIFICE ! C’est le seul mot qui représente le salut de ces pays qui courent à la ruine, comme les piliers de l’acropole d’Athènes. L’histoire nous en est témoin, ces sacrifices ont fait des heureux pays de nos jours. L’ajustement structurel, invention du FMI et de la Banque Mondiale, pour aider les pays pauvres à se relever : Diminution des dépenses publiques, blocage des recrutements dans la fonction publique, Coupes budgétaires importantes, etc. De véritables mesures d’austérité qui ont relevé le Brésil, mais aussi, LA CHINE !!!

Comment la Chine est-elle devenue si riche en peu de temps ? Parlons-en En fait, pour ceux qui ne le savent pas encore, cela n’a rien avoir avec la durée. Les économistes racontent que l’état chinois ne paie pas de véritables allocations et ne finance pas automatiquement les retraites des travailleurs chinois. Autrement dit, le chinois normal, doit travailler dur, et épargner lui-même pour sa retraite. Il ne bénéficie d’aucune aide, ni de subvention de l’état, de presque rien le jour où il part en retraite ! Un de ces quatre matins, les types à la tête du parti communiste décident de faire les malins, et vont reverser les épargnes des petits travailleurs chinois dans les banques américaines à fort taux d’intérêts comme les Goldman Sachs et autres Lehman Brothers ! Alors, ils laissent tout cela mousser, mousser, comme de la bonne bière qu’on brasse, et à la fin, ils sont devenus immensément riches jusqu’à posséder une partie des bons du trésor Américain ! Plusieurs années d’austérité pour aboutir à une fin heureuse ! qui dit mieux ?

J’ai découvert dans Verre Cassé d’Alain Mabanckou que la phrase « vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain » est d’un homme politique Congolais du nom de Jacques Opangault. C’est une surprise ! Mieux encore une stupéfaction ! Un africain, qui plus est un congolais, dont les congénères sont adeptes de sape et de luxe, qui prônant l’austérité. Il doit faire partie de ces rares exceptions africaines qui y croient ! Pendant que nos crises économiques perdurent de gouvernement en gouvernement, les Brésiliens, chinois, et autres Sud-coréens, vivent bien de leur économie bâtie dans la plus grande austérité.
Récemment, quand le Premier Ministre Grec Georges Papandréou a décidé d’un référendum pour savoir si la Grèce quitterait la zone euro ou pas, seuls les grecs ont semblé applaudir. Je me demandais, où trouverait-il déjà de l’argent pour organiser une élection ? En plus, la grèce n’ayant plus de fonds propres disponibles, en refusant de se soumettre aux mesures d’austérité et en quittant la zone euro, court irrémédiablement vers la faillite. Le dernier cas de faillite connu, celui de l’argentine, a coûté une dizaine d’années de misère au peuple, avant de voir les premières lueurs d’espoir. Si c’est de ça que les grecs ont besoin alors, qu’ils s’en aillent de l’euro…
Etendu à la chose africaine maintenant, une Afrique qui n’a pas beaucoup de réserves en or (je sais pas comment ça s’appelle en économie) dans les coffres de la banque mondiale, quitter la zone CFA et créer sa propre monnaie s’apparenterait à un échec patent. La monnaie ne sera pas forte, ajoutée à la malhonnêteté légendaire de nos dirigeants qui braderaient tout, quand le bateau se mettrait à couler, etc. Quitter la zone CFA est un rêve, une utopie, tout le monde sait dans son for intérieur que nous sommes loin d’y prétendre, tant notre maturité économique est encore à l’état embryonnaire. Le seul sur lequel on pouvait compter financièrement c’est Kaddafi et son Kaddafrique. Encore qu’il s’est fait pété la gueule en voulant péter la gueule aux libyens révoltés.

L’austérité est la seule corde à l’arc des grecs et des africains. La France elle-même s’y est mise avec ses nouvelles taxes sur le soda, sur le carbone, sur la cigarette ; l’Italie se prépare à prendre ses mesures d’austérité pour ne pas perdre la confiance des marchés financiers, etc. Toute la zone euro fait preuve de sévérité financière. Ô Grec, ne soyez pas prétentieux, qui êtes vous pour ne pas vouloir souffrir aujourd’hui pour souffler demain !!! Ô Leaders Africains, quand arrêterez-vous de faire les vases communicants entre les caisses de l’état et vos poches, pour apprendre à dépenser juste !!!

mardi 8 novembre 2011

Objectif Marche de l’ANC de Demain : Sortir les remplaçants, remettre les joueurs titulaires qui ont commencé le match

Voici les faits expliqués j’ose l’espérer de manière basique et ramassé : Des députés UFC sont boutés hors de l’assemblée à cause d’une lettre de démission qu’on les accuse eux-mêmes d’avoir écrites et  qui seraient parvenues au Président du Parlement. Ils n’ont pas l’occasion de se faire entendre de la Cour Constitutionnelle et se voient tout de suite substitués par leurs suppléants. Il y a quelques semaines, la Cour de Justice de la CEDEAO devant qui les députés boutés ont porté l’affaire, ordonne à l’Etat du Togo de réparer la violation des droits de l’Homme des requérants et de payer à chacun, le montant de trois millions de francs CFA. Le pouvoir Togolais prenant acte de cette décision avance que les députés ne retrouveront en aucun cas leur place à l’assemblée. D’ailleurs, l’argument brandit par le pouvoir est qu’il n’est pas mentionné clairement dans le jugement de la Cour de Justice de la CEDEAO, que les députés recouvrent leurs sièges à l’Assemblée. Depuis, ces derniers ont décidé de marcher avec le peuple pour reprendre d’eux-mêmes, leurs sièges.

Hier lundi en soirée, je suis allé voir un ami tailleur avec quelques pantalons à retoucher. Pendant qu’il travaillait, nous échangions comme à notre habitude, sur les passionnants sujets politiques de notre pays. Il y avait aussi un autre ami, maître-menuisier en visite chez le tailleur. Ce travailleur du bois est membre de l’ANC ; un ami que j’ai surnommé depuis quelques temps, « le tout puissant Mazembé » à cause de ses analyses ô combien simplistes, mais qui tiennent la route, et qui parfois même nous amène à sourire sinon à rire, au gré des situations ridicules ou risibles que nous livre parfois l’actualité politique togolaise.
Au cours de notre discussion d’hier soir, mon ami le tailleur demanda au Tout Puissant Mazembé, s’il participerait à la marche organisée par l’ANC pour reprendre ses sièges à l’Assemblée, marche qui était prévue pour le surlendemain. Il nous répondit d’abord qu’il est et demeure de l’ANC et nous annonce à ma grande surprise qu’il n’irait pas. Il me fait : « eh, mon ami, moi j’ai des enfants hein, si quelque chose m’arrive, qui va s’occuper d’eux. Fabre lui, il suffit qu’il passe au marché et les femmes lui offriront tout ce qu’elles vendent. Et moi ! qui va m’offrir ce dont j’ai besoin ? je ne vais pas ! ».
Bien évidemment, cela a déclenché un rire général, juste avant qu’on ne passe à autre chose. Personne n’avait envie de débattre après ce raisonnement du tout puissant. Le sujet pouvait être clos, il n’intéressait plus personne.
De cette réflexion du Tout Puissant Mazembé, a découlé plus tard dans la soirée la mienne. Modeste certes, mais pas circonscrite à Jean Pierre Fabre. Nous sommes à peu près tous d’accord, à part le RPT, et la nouvelle UFC, que les députés devraient quand même réclamer leurs sièges desquels ils ont été éjectés sans qu’on ne les entende sur la véracité de ces lettres ! Mais soit ! Comme l’a encore pensé mon ami, Le Tout Puissant Mazembé, pourquoi les togolais iraient les soutenir alors qu’ils ont l’air de ne pas y trouver leur compte ?
Le mandat de l’actuel parlement tire à sa fin, et l’UFC, du moins la version exclue n’a pas vraiment montré de réelles capacités à jouer pleinement son rôle. Il y a une question sur toutes les lèvres, quand on parle des députés UFC à l’Assemblée, anciens, ou remplaçants : « qu’est ce qu’ils ont fait à l’Assemblée » ?
Et si je m’amuse à aller en ce même sens que les lèvres du commun des mortels togolais, j’ajouterai : « qu’est ce qu’ils n’ont pas fait et qu’ils iront faire en quelques mois » ?
Je crois qu’une certaine sagesse préconiserait de savoir raison garder face au coup de boutoir envoyé par le RPT pour bouter les députés UFC à sensibilité ANC hors de l’Assemblée. Sait-on jamais, ces derniers ont peut-être eux-mêmes commencé par scier la branche sur laquelle ils étaient assis en allant faire la demande expresse de constituer un groupe parlementaire ANC, un parti qui a été créé bien après l’élection législative dont le mandat court actuellement.
Il y a une semaine, un membre de l’ANC, un senior en qui je veux bien croire, m’expliquait qu’au lendemain de l’élection des députés UFC en 2007, on leur aurait fait signer des documents dans lesquels ils acceptaient de laisser leur siège de parlementaire à leurs suppléants respectifs s’ils venaient à faire de la transhumance et à quitter l’UFC pour un autre parti. A l’époque, m’explique toujours le senior, ce document avait été produit pour éviter qu’il n’y ait de transhumance de l’UFC vers le RPT pendant la législature ; le RPT étant spécialiste en « comment appâter ton ennemi » m’expliquait ce dernier. On voulait par ce document, éviter qu’il n’y ait de nouveaux champions déclarés du retournement de veste, voire de strip-tease politique, sait-on jamais.
Ce document, personne n’en a visiblement parlé, à part ce senior ! Est-ce vrai ? Est-ce faux, nous ne le saurons probablement jamais.
Mais ce qui serait juste, et qui économiserait le temps perdu à tout le monde, c’est que les hommes de l’ANC aillent se reposer, et faire comme le dicton le dit : reculer pour mieux sauter. Que feraient-ils dans une assemblée qui n’aura plus de mandat à partir de Février prochain ? Pourquoi ne reviendraient-ils pas avec beaucoup plus de forces et une étiquette ANC dans une prochaine assemblée ? Pourquoi ne s’inquiètent-ils pas de ce découpage électoral qui donne 4 sièges de députés dans la préfecture de la Kozah moins peuplée que les circonscriptions de Lomé qui n’ont jamais eu plus de 2 sièges, mais qui sont les circonscriptions qui leurs sont favorables ? En somme, pourquoi s’attaquent-ils à un problème mineur (leur retour à l’assemblée) alors qu’ils feraient mieux de se préparer pour faire face à un problème majeur (la prochaine législative).
Parfois, leurs détracteurs disent qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Ou qu’ils veulent être des parlementaires alimentaires jusqu’à la fin de leur mandat, pour que ces espèces sonnantes et trébuchantes qui leurs sont versées chaque mois ne leur échappent pas. Qu’ils ont déjà programmé ce qu’ils allaient en faire, et ce n’est pas forcément pour le bonheur des circonscriptions qu’ils représentent. Si seulement ces députés exclus pouvaient les faire mentir !
Sinon, quel peuple les suivra demain mercredi dans la rue pour les accompagner à l’Assemblée :
Ceux qui travaillent sont exclus d’office, à moins qu’eux-mêmes ne veuillent être exclus définitivement de leurs services ou de leurs entreprises ou de leur travail.
Les libéraux ou travailleurs libéraux sont eux aussi exclus parce que personne ne veut faire de place au manque à gagner.
Mais alors qui viendront les soutenir ? Quelqu’un a crié hier alors qu’on s’interrogeait sur le sujet : « les jeunes de Bè » ! on colle tellement une étiquette de « jeunes qui n’ont rien à faire et qui ont leur temps à perdre » à ces pauvres jeunes, qu’il faut sérieusement s’inquiéter sur leur sort. C’est d’ailleurs une chose à laquelle l’ANC devrait penser. Ça lui ferait_ sait-on jamais_ de bons points pour sa prochaine campagne en vue des législatives. Sinon,  personnellement, je ne veux pas croire que même eux pourraient se libérer un mercredi matin pour aider un député à reprendre son siège à l’Assemblée. L’époque des jeunes de Bè éleveurs numéro 1 des barricades est révolue. Ils ont changé depuis et n’arpentent le sable de mer que le samedi pour le combat politique en lequel ils veulent croire aux côtés de l’ANC ; Et c’est leur droit que le régime en place respecte.
Demain sera peut-être le jour où il faudra faire connaissance avec ceux qui n’ont pas grand-chose à faire à Lomé. Quant à l’issue de cette marche, si qu’elle permette de ramener les députés exclus à leurs places à l’assemblée, ou qu’elle contribue à les renvoyer à la maison, cela changera t-il quelque chose à la pâte de maïs pour lequel le togolais normal (que je suis et que vous êtes), aura trimé au cours de ce mercredi, et qu’il mangera le soir seul, ou en famille ?