comment allez-vous Vence
Aujourd'hui,
mon profil facebook me demande "comment allez-vous Vence"? _ C'est
bizarre, d'habitude, on en est plutôt au "quoi de neuf vence"_ mais bon.
comment je vais? allez, je vais me faire un peu de "je suis le centre
du monde" ici. Ce qu'on appelle encore prendre la raie entre mes fesses
pour le méridien de greenwich, (chui désolé pour les puristes); Il est
02h37, alors je me lâche un peu.
comment je vais? pfffff,l'humidité
dans l'air, anomalie climatique en pleine saison sèche, me coupe le
souffle d'asthmatique dont j'ai hérité dans ma tendre enfance. un
paludisme qui couve en moi depuis deux jours, la boite de doliprane a
foutu le camp, je dois repasser à la pharmacie demain pour faire ce que
le pharmacien m'a dit "traitez votre palu"!
Bon, traiter oui, mais,
je suis un togolais normal moi, je suis à la fin du mois, j'ai pas
encore été payé, je vais pas jeter mes dernières cartouches au profit de
sa pharmacie pour souffrir moi même demain d'une maladie financière,
lol!
Noooon, je vais y aller quand même. Quelle santé n'a pas de prix hein!
sinon, quels sont les sentiments qui m'animent un lendemain de
qualification aux quarts de finale de l'équipe de foot de mon pays?
Mon pays hein... Celui où la goutte de déception a débordé le vase des
déchéances togolaises il y a longtemps. Les gouvernements ont changé,
les mensonges sont restés, les promesses n'ont pas été toutes tenues,
les fédérations se sont succédées, les joueurs ont continué par réclamer
leur pitance pour avoir couru en même temps que 21 autres personnes
après le même ballon... alors quels sont mes sentiments?
voyons
voir, quelques minutes après la fin du match, il y a eu une coupure de
courant dans mon quartier de Djidjolé. La populasse des environs a crié,
voire grondé, comme si on venait de marquer un nouveau but, puis les
sifflets et les pétards ont redoublé en décibels. Un individu, les pieds
écartés en l'air sur sa moto, a roulé sur notre ruelle à vive allure en
poussant des cris d'orfraie. C'aurait été une femme, qu'on aurait
apprécié le spectacle du grand écart, des cuisses ouvertes au vent, mais
bon... on n'a jamais ce qu'on souhaite hein...
Parlant de femmes,
j'en ai vu des jeunes assises sur des bidons d'huile vide, de 25 litres,
complètement essouflées comme si elles avaient participé à une
partouze, une petite sauterie.
Bah oui, finalement, quand on y
pense, elles ont participé à une petite sauterie de 90 minutes de
suspens devant un écran de télé, elles se sont égosillées à rompre les
cordes vocales, ont proféré des paroles peu vertueuses à l'endroit de
l'arbitre, sa mère et ses soeurs... par éducation, je ne vous les
traduis pas.
Et puis il y a eu ce groupe de jeunes en sueurs,
courant sur les pavés de djidjolé, certains sifflants, d'autres scandant
des cris de guerre, mêlés aux klaxons des automobilistes et
motocyclistes joyeux et/ou pressés de rallier leur lieu de destination;
Devant moi, un adolescent qui n'avait que pour seule tenue un caleçon de
couleur noire mais douteuse, un noir vieilli laissant apparaitre de
petites pustules de fils de cotons, un modèle de slip ressemblant un peu
au string féminin; il se précipite au milieu de la chaussée, fait front
aux voitures vrombissantes et écarte les mains comme pour aller
remplacer le christ sur un crucifix. Son torse apparaît dégoulinant de
sueur. Il fait deux ou trois pas chassés vers l'arrière, puis rejoint le
groupe des gens un tantinet mieux habillés que lui (ils n'avaient que
des shorts) qui s'adonnaient à une course au destin obscur.
Je
retins ma respiration déjà sifflotante. Tant de sueur ne pouvait
épancher qu'un air malodorant. Ces airs à phéromonone qui amènerait
Kossivi à toucher les seins de Akouvi, qui elle-même électrisée,
s'abandonnera à ce premier venu, pour asceptiser par voie sexuelle,
l'adrénaline diffusée dans ses artères par un match de football sans
grand spectacle, mais à grand dénouement.
quels sont mes sentiments
au lendemain d'une qualification pour les quarts de finale? Pffff, je ne
suis pas client de football. Je pense déjà au train-train quotidien
auquel je dois me plier. Les euphories se sont déjà évaporées. il est
trois heures du mat, la nuit est calme. Le Togo est en quart de finale
de la CAN. Et les togolais retournent à leurs occupations. Ils y
vaquent, avec ce baume de qualification qui est venu panser une partie
de ces plaies intérieures qui ne guérissent jamais. Et c'est là tout le
mérite qu'a eu l'équipe nationale togolaise de football pour ces deux
premières semaines de CAN.
Si les lendemains chantent faux
contre le voisin du Burkina, nous tairons nos sifflets et nous irons
nous remettre à Dieu ou à ses substituts dont usent les incroyants, pour
le repos de l'âme de notre football longtemps secoué de scandales et de
marasmes. Mais si nos éperviers ont la faveur des vertus célestes,
beaucoup de plaies continueront par guérir; cela présagerait peut-être
même d'une année glorieuse; et les incendies ne seront que des
faux-départ qui nous permettront de mieux appréhender les chantiers qui
viennent.
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