mercredi 30 janvier 2013

comment allez-vous Vence

Aujourd'hui, mon profil facebook me demande "comment allez-vous Vence"? _ C'est bizarre, d'habitude, on en est plutôt au "quoi de neuf vence"_ mais bon.
comment je vais? allez, je vais me faire un peu de "je suis le centre du monde" ici. Ce qu'on appelle encore prendre la raie entre mes fesses pour le méridien de greenwich, (chui désolé pour les puristes); Il est 02h37, alors je me lâche un peu.
comment je vais? pfffff,l'humidité dans l'air, anomalie climatique en pleine saison sèche, me coupe le souffle d'asthmatique dont j'ai hérité dans ma tendre enfance. un paludisme qui couve en moi depuis deux jours, la boite de doliprane a foutu le camp, je dois repasser à la pharmacie demain pour faire ce que le pharmacien m'a dit "traitez votre palu"!
Bon, traiter oui, mais, je suis un togolais normal moi, je suis à la fin du mois, j'ai pas encore été payé, je vais pas jeter mes dernières cartouches au profit de sa pharmacie pour souffrir moi même demain d'une maladie financière, lol!
Noooon, je vais y aller quand même. Quelle santé n'a pas de prix hein!

sinon, quels sont les sentiments qui m'animent un lendemain de qualification aux quarts de finale de l'équipe de foot de mon pays?
Mon pays hein... Celui où la goutte de déception a débordé le vase des déchéances togolaises il y a longtemps. Les gouvernements ont changé, les mensonges sont restés, les promesses n'ont pas été toutes tenues, les fédérations se sont succédées, les joueurs ont continué par réclamer leur pitance pour avoir couru en même temps que 21 autres personnes après le même ballon... alors quels sont mes sentiments?
voyons voir, quelques minutes après la fin du match, il y a eu une coupure de courant dans mon quartier de Djidjolé. La populasse des environs a crié, voire grondé, comme si on venait de marquer un nouveau but, puis les sifflets et les pétards ont redoublé en décibels. Un individu, les pieds écartés en l'air sur sa moto, a roulé sur notre ruelle à vive allure en poussant des cris d'orfraie. C'aurait été une femme, qu'on aurait apprécié le spectacle du grand écart, des cuisses ouvertes au vent, mais bon... on n'a jamais ce qu'on souhaite hein...
Parlant de femmes, j'en ai vu des jeunes assises sur des bidons d'huile vide, de 25 litres, complètement essouflées comme si elles avaient participé à une partouze, une petite sauterie.
Bah oui, finalement, quand on y pense, elles ont participé à une petite sauterie de 90 minutes de suspens devant un écran de télé, elles se sont égosillées à rompre les cordes vocales, ont proféré des paroles peu vertueuses à l'endroit de l'arbitre, sa mère et ses soeurs... par éducation, je ne vous les traduis pas.
Et puis il y a eu ce groupe de jeunes en sueurs, courant sur les pavés de djidjolé, certains sifflants, d'autres scandant des cris de guerre, mêlés aux klaxons des automobilistes et motocyclistes joyeux et/ou pressés de rallier leur lieu de destination; Devant moi, un adolescent qui n'avait que pour seule tenue un caleçon de couleur noire mais douteuse, un noir vieilli laissant apparaitre de petites pustules de fils de cotons, un modèle de slip ressemblant un peu au string féminin; il se précipite au milieu de la chaussée, fait front aux voitures vrombissantes et écarte les mains comme pour aller remplacer le christ sur un crucifix. Son torse apparaît dégoulinant de sueur. Il fait deux ou trois pas chassés vers l'arrière, puis rejoint le groupe des gens un tantinet mieux habillés que lui (ils n'avaient que des shorts) qui s'adonnaient à une course au destin obscur.
Je retins ma respiration déjà sifflotante. Tant de sueur ne pouvait épancher qu'un air malodorant. Ces airs à phéromonone qui amènerait Kossivi à toucher les seins de Akouvi, qui elle-même électrisée, s'abandonnera à ce premier venu, pour asceptiser par voie sexuelle, l'adrénaline diffusée dans ses artères par un match de football sans grand spectacle, mais à grand dénouement.
quels sont mes sentiments au lendemain d'une qualification pour les quarts de finale? Pffff, je ne suis pas client de football. Je pense déjà au train-train quotidien auquel je dois me plier. Les euphories se sont déjà évaporées. il est trois heures du mat, la nuit est calme. Le Togo est en quart de finale de la CAN. Et les togolais retournent à leurs occupations. Ils y vaquent, avec ce baume de qualification qui est venu panser une partie de ces plaies intérieures qui ne guérissent jamais. Et c'est là tout le mérite qu'a eu l'équipe nationale togolaise de football pour ces deux premières semaines de CAN.

Si les lendemains chantent faux contre le voisin du Burkina, nous tairons nos sifflets et nous irons nous remettre à Dieu ou à ses substituts dont usent les incroyants, pour le repos de l'âme de notre football longtemps secoué de scandales et de marasmes. Mais si nos éperviers ont la faveur des vertus célestes, beaucoup de plaies continueront par guérir; cela présagerait peut-être même d'une année glorieuse; et les incendies ne seront que des faux-départ qui nous permettront de mieux appréhender les chantiers qui viennent.

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