samedi 12 janvier 2013

SILENCE-TOGO, LES MARCHES DE LA REPUBLIQUE BRULENT

D'abord l'information en clair et en simple :
- Incendie d'origine inconnue déclenchée aux environs de 1 heure du matin, embrase tout le bâtiment principal du Grand Marché. Celui que nous connaissons tous, celui où se sont établies les vendeuses de pagnes qui chargent de symbolisme la légende des NANA-BENZ de renommée internationale.

Que disent les témoins dont j'ai pu rencontrer certains ce matin, revenant du marché qui fume encore. Ils sont moto-taxis, ou encore des simples curieux, partis voir de leurs yeux le spectacle de l'autodafé.

-Première constatation
Le responsable à la tête des gendarmes présent sur les lieux aurait parlé d'un fou qui aurait "mis le feu à la baraque". Il a avancé la thèse sans pour autant y apporter des preuves suffisantes. Donc pour le moment, question, origine, il vaut mieux attendre les enquêtes si enquête véritable il y aura.

-Que fait-on pour l'éteindre? 
Là encore, beaucoup d'informations ont fusé de toute part. 

  • Pour commencer, il y a eu Les sapeurs-pompiers de Lomé impuissants : 

Il faut rappeler que ce corps est le parent pauvre de l'armée : Moins de recrutement, moins de formation, moins de moyens logistique

Ces messieurs en sont encore à éteindre un immeuble en feu, avec de l'eau! Pourtant, depuis de trois décennies, les pays développés avaient prouvé à suffisance que la mousse était bien plus efficace. 

Toujours d'après les témoins, et pour ceux qui s'en rappellent, il y a un siège de la TDE (la Togolaise des Eaux) située à moins d'un kilomètre du foyer de l'incendie. Et cette TDE avait pris soin d'installer pour ces sinistres imprévisibles, une bouche d'incendie au sein même du grand marché. Une sorte de Hub  auquel on aurait pu connecter directement une lance-incendie ou une citerne de sapeur-pompier pour se ravitailler en eau. Mais non, c'était trop beau. La bouche d'incendie à l'ouverture, s'est révélée complètement vide, sèche, tarie. Pourtant, paradoxe! de l'eau coulait des robinets de distribution d'eau installés pour les usages domestiques non loin de cette bouche d'incendie. Ce qui veut dire qu'un mécanisme n'a pas été entretenue empêchant la bouche d'incendie de fournir de l'eau. Le Togo et les infrastructures en état de marche, ça fait deux! Faut-il le rappeler.

Parlons à présent de ceux qui sont venus aider les sapeurs pompiers au moral sapé!

  • Il y a eu le camion-citerne de l'ASECNA, qui lui (ô surprise) arrive à produire à partir de sa lance-incendie, de l'eau et de la mousse (mais cela n'a pas suffit, vous vous en doutez).
  • Les camions citernes simples auquel il a fallu adjoindre quand même des groupes électrogènes dépêchés sur place pour permettre un pompage d'eau assez élevé et un débit consistant histoire de transformer les tuyaux de ces véhicules en lance-incendie (mais ça n'a pas suffit).
  • Il y a enfin, les pompiers ghanéens (venus d'Aflao seulement) qui se sont révélés les plus efficaces, d'après les taxi-motos témoins des scènes héroïques de ces derniers dont le camion serait entré dans le bâtiment pour approcher les foyers de flammes.

Je peux citer à la rigueur l'acte de désolation que m'a raconté un curieux. Acte de désolation de jeunes qui jetaient des sachets de "Pure Water" contre les langues de flammes qui dansaient aux fenêtres d'un bâtiment noirci, dont les structures en métaux apparaissent tels des squelettes décharnés. Ce qui, faut-il le rappeler,  participent au risque d'écroulement pourtant évident dans ces cas là.

Le Chef de l'Etat Interpellé

Depuis plusieurs mois, le Président de la République a emboîté le pas à Paul Kagamé du Rwanda, ou encore à Blaise Compaoré du Burkina Faso en tweetant sur les évènements importants de la vie sociopolitique. Il a même avoué (si ce n'est lui) qu'il y avait une équipe de communication derrière son profil tweeter pour entretenir le compte et servir de relais sur ses appréhensions de la chose politique togolaise telle qu'il la gère. La politique ne relève t-elle pas d'ailleurs de la gestion de la cité?

En pleine crise incendiaire au centre ville de Lomé, le profil @FGNASSINGBE a donc fonctionné, sauf que, quand il s'est agit de faire un déplacement sur les lieux du sinistre, le profil a répondu à tous les interlocuteurs que ce n'était pas le moment d'aller faire des discours.

Pourtant les interlocuteurs, dont moi même, avions demandé à @FGNASSINGBE d'y aller pour plusieurs raisons. D'abord parce que tous les Chefs d'Etat feront pareils dans son cas : John Mahama a interrompu sa campagne électorale pour se rendre sur les lieux du building écroulé à Accra en Décembre dernier. Barack Obama a interrompu sa campagne électorale pour se rendre aux côtés des sinistrés de New-York fin 2012! Faure Gnassingbé pouvait interrompre son sommeil ou ses activités nocturnes (il travaillait peut-être encore au bureau) pour se rendre au Grand Marché de Lomé. Le Profil n'a pas répondu à ces propositions et s'est arrêté de fonctionner pendant un moment, faisant un peu la sourde oreille face aux relances incessantes, relances parfois trempées dans du vitriol par certains tweets qui commençaient par faire montre d'impatience, devant l'inaction présidentielle.

En milieu de matinée (aux alentours de neuf heures), un cordon de sécurité a été mis en place sur des artères de Lomé. Je me rendais au bureau quand j'ai aperçu les policiers et autres corps habillés, talkie à la ceinture,  probablement armés, se positionner le long d'un itinéraire conduisant probablement à Adawlato. Ces derniers s'apprêtaient à vider les routes, comme à leur habitude, quand le Président de la République empruntait un itinéraire pour se rendre à un endroit dans la ville de Lomé). Le cordon est resté pendant une trentaine de minutes, puis les policiers sont repartis, sans rien dire, sans piper un seul mot. Le cortège du Président n'était finalement pas passé.

Je me tenais un peu à l'écart avec les taxi-motos, observant la valse-hésitation policière sur la route. Puis nous avons conclu que le Président avait décidé de se rendre au Marché pour rencontrer les victimes mais il s'est ravisé. Et il a raison.

Plusieurs témoignages font état de la colère des femmes du grand marché, évoquant la volonté investie dans le lacrymo-gazage des populations pendant que la seule caserne de Sapeur-Pompiers de Lomé demeure dépourvue de moyens efficaces pour lutter contre un incendie; aboutissant au déplacement  d'un camion de pompier bien plus efficace venant d'une bourgade ghanéenne (Localité d'AFLAO) pour aider à circonscrire le feu. Selon un des taxi-motos avec lesquels je discutais, si les sapeurs pompiers d'Accra eux-mêmes étaient arrivés, le feu aurait été éteint, au vu de ce que la caserne d'Aflao seule a pu faire.

Un autre témoignage a relevé ce lancer de projectile sur un car des sapeurs pompiers, projectile qui a atteint un pompier togolais en pleine figure. Ce dernier aurait eu le visage ensanglanté, provoquant la colère du capitaine du Corps des Pompiers : "Nous sommes ici depuis une heure du matin pour vous aider, voyez comment vous nous remercier" aurait-il proféré, déçu par ce qui les retombées négatives de leurs efforts.

Je ne sais pas ce que la présence du Président de la République aurait changé à cet atmosphère. Il aurait peut-être suscité un peu plus de colère, aurait amené d'autres troubles de circonstances, les gardes présidentiels auraient peut-être fait violence, et la matinée qui vient de s'achever aurait été bien plus noire qu'elle ne l'a été.

Au demeurant, le Président aura eu vent de l'ambiance anti @FGNASSINGBE et se serait donc résigné à ne pas aller présenter ses sympathies aux populations dont les affaires s'élevant probablement à plusieurs millions de francs ont été décimés dans l'incendie. SARKOZY a eu son "Casse toi Pauvre-Con"! Qui sait ce que les actes de colère de gens déçus par l'état tel qu'il est géré, aurait poussé notre jeune Président à dire ou à faire.

Qu'à cela ne tienne, Le Président pourra jauger encore ici sa popularité. S'il a pu essayer de se déplacer vers un lieu sinistré mais s'est ravisé à cause de conditions sécuritaires non garanties probablement pour lui, il aura à l'analyse compris, qu'entre lui et les femmes du grand marché (et non celles de la conventions femmes pour unir) le je t'aime-moi non plus n'a plus droit de cité.

De tout ça que nous reste t-il?

D'abord il nous reste à ne pas tout mettre sur l'état. Une certaine intuition me pousse personnellement à plaindre plutôt Faure Gnassingbé et son gouvernement. La raison est simple. Deux Grand-Marchés incendiés dans deux grandes villes en deux jours éliminent de facto le fait du hasard. Même si ce dernier est parfois poète, il ne se répand pas non plus en flammes deux fois pour le même type d'endroit. 
Mais alors, le mal est fait. Comme disait Alan Paton dans "pleure, ô pays bien aimé", à chaque fois que l'homme voit venir l'orage, il craint pour sa maison. Mais après l'orage, le chagrin doit être lavé, car il ne peut pas avoir peur non plus de voir rebâtir sa maison. (en tout cas de mieux la bâtir).

A la rigueur, On sait déjà qu'on n'a pas prévu dans les 789 milliards de dépense pour 2013, ce cas de force majeur. Mais indemniser les commerçantes et commerçants désemparés est un bon point pour l'homme qui veut construire un nouveau "UNIR". Il parait que les femmes de Convention des FEMMES POUR UNIR ont levé des fonds à la fameuse soirée des danseuses-paillettes brésiliennes? Ils viennent d'avoir de quoi les dépenser avec leurs congénères en pleurs devant le drame qui a calciné sous leurs yeux, leurs vies.

Et s'il est vrai que nous avons de bons services de renseignements, qu'ils délaissent un peu ces coups d'état qui n'arrivent jamais pour rechercher ceux qui brûlent les marchés de la république. Quand la case de nos voisins brûlent déjà par deux fois, qui sait quelle case brûlera prochainement a dit un jour un sage dont bizarrement, je n'arrive plus à me rappeler le nom...

Déjà, un tweet annonce que le Président a reçu des femmes revendeuses du Grand marchés dont Mme CREPPY, connue comme l'une des tenantes de la légende des NANA-BENZ. Cela augure peut-être d'une fin bienheureuse? 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire