dimanche 27 janvier 2013

AFFAIRE DES MARCHES INCENDIES - ENQUETES ET RESULTATS - Le "J'ACCUSE" du Colonel-Ministre YARK


C'est à Emile Zola qu'on doit "J'ACCUSE"; un article tenant lieu de lettre ouverte écrite à l'endroit du Président Français Félix Faure. Nous étions en 1898, un officier français d'origine juive, Alfred Dreyfus est embastillé depuis 4 ans déjà pour avoir livré des documents secrets à un attaché militaire Allemand en poste en France. C'est une affabulation dont les irrégularités mises au grand jour, motivèrent Zola à prendre fait et cause par voie de presse pour l'officier injustement condamné.

« J'accuse...! », l’article d’Émile Zola, au travers de son engagement et en raison des résultats obtenus, représente ainsi le symbole de l'éloquence oratoire et du pouvoir de la presse mis au service de la défense d'un homme et de la vérité. (Voir l'article sur http://fr.wikipedia.org/wiki/J'accuse%E2%80%A6!).

 

Les accusations des responsables togolais de la sécurité est tout aussi digne d’un « J’ACCUSE » où les noms d’exécutants de basse besogne sont cités en clair pour situer les responsabilités des incendies des marchés de la mi-janvier.

 

Le Togo s'est embrasé à des points précis de son territoire, au cours de la deuxième semaine de ce mois finissant; la plupart des foyers d'incendies sont des marchés où provisions, produits, articles de vente et argent ont brûlé dans des autodafés assez spectaculaires. Des langues de feu mêlées aux fumées nées d'objets de toutes valeurs, consumant devant leurs propriétaires dont les espoirs partaient parallèlement en fumée.

 

Il y a eu le lot des pleurs, des cris de détresse, les mots de consolations des acteurs politiques qui ne pourront combler les pertes subies; et in fine, il y a eu les enquêtes.

 

A partir de ce moment, l'attente des résultats est à double tranchant :

Il y a le courant de mon grand-frère, Roger Lasmothey, dont je me permets de reprendre la belle phrasée laissée à la fin d'un de ses articles:

 

 "Il n’est pas négligeable de rappeler qu’une enquête peut donner comme résultat « Incendie dû à un court-circuit » , juste pour rappeler qu’on n’est pas obligé de forcément se trouver un coupable quand il n’y en a pas".


 

Puis vient le courant du Colonel YARK, Ministre de la Sécurité, celui qui annonce qu'on a retrouvé les pyromanes togolais de la dernière heure; que les incendies étaient d'origine criminelle, et que les coupables dont la plupart sont déjà en état d'arrestation allaient être traduits devant la justice.

 

A partir de ce dernier point, éliminons peut-être par une simple déduction l'hypothèse du court-circuit ou de l'incendie accidentelle. Le vendredi dernier, sur le coup de midi, je m'entretenais avec une secrétaire de direction sur les pagnes brûlés au marché d'Adawlato, grand marché de Lomé. Les secrétaires sont connues pour tenir à leur image de femme belle et attirante; la façade, l'apparence, et l'image étant incontournables dans ce métier d'assistance au Directeur. Ces derniers aiment pour la plupart du temps, à se faire accompagner ou assister d'une jolie femme. Mais passons...

 

Cette aficionados de pagne m'expliqua qu'une incendie accidentelle ne pouvait pas brûler les pagnes du grand marché pour la simple raison que les vendeuses enroulaient chaque tissu de pagne avant de les empiler dans les armoires d'exposition. Cet enroulement ne favorisait en aucun cas une combustion déclenché accidentellement, m'a t-elle expliqué. A coup sûr on aurait retrouvé des pagnes brûlés en partie, à moitié si l’incendie avait été accidentel. Elle insista aussi sur l'épaisseur du bois des armoires où étaient disposés ces pagnes enroulés sur eux-mêmes. La structure du bois, son épaisseur, sa masse était déjà d'une grande résistance à un feu accidentel, renchérit-elle. Pour cette dernière, quelqu'un a aidé les pagnes du Grand Marché à mieux se consumer.

 

La démonstration épousant quelques peu les lois de la physique et de la combustion avait définitivement fini de me convaincre, me ramenant tout de suite à l'auteur du crime, puisqu'on pouvait maintenant être sûr qu'il y en avait un. Je gratifiai la Secrétaire de la Direction où j’installais un nouvel ordinateur, de femme digne de travailler pour la police scientifique ; et elle répondit au compliment avec un demi-sourire qui voulait tout dire. Mais là encore passons…

 

Qui a brûlé les marchés de la République ?

 

 Le Colonel-Ministre pointe deux doigts accusateurs vers deux partis réunis au sein du Collectif Sauvons le Togo : l'ANC et l'OBUTS, respectivement de Jean-Pierre Fabre et d'Agbeyomé Kodjo ; deux leaders dont les administrés se seraient donnés pour mission d'acheter les consciences, pour ensuite les amener à déclencher ce qui n'allait pas être un feu de joie au milieu de nos marchés.

Le CST qui achète des consciences? Voyons voir une seconde. Je me suis toujours demander comment ce collectif arrive à se financer. Une marche coûte bien au-delà d'un million de francs. Alors trois jours de marches coûteront ? hummmmmmm...Trois millions (3 000 000) de francs. D’où viendra l’argent ? financement diaspora peut-être? Mais si notre collectif doit rassembler de l'argent pour les triples journées de marche, ajoutées à celles prévues dans quatre autre région du Togo, on chiffrerait "les derniers jours de Jéricho" (la plus récente des marches) à au moins quinze millions!

 

Où trouve-t-on alors la quinzaine de millions nécessaire à l’organisation des journées tripartites de marche ? Le secret de polichinelle évoque des sources de financement comme les entreprises privées, la diaspora et les femmes du grand marché de Lomé ; ces dernières qui ont-elles-mêmes vues leur source de financement se transformer en flammes criminelles.

Il devient alors clair que si l’argent vient de ces femmes aujourd’hui délestées de revenus, la thèse consistant à doigter le Collectif Sauvons le Togo comme instigateur des incendies de marché au Togo prend un coup sérieux dans l’aile. Elle est complètement démontée !

Démontée à moins que les exécutants de la basse besogne incendiaire soient effectivement des membres des partis pré-cités : ANC et OBUTS. Mais que les commanditaires des exécutants ne soient pas forcément leurs leaders, qui, nous venons de le comprendre, iraient brûler leur propres vaisseaux, en mettant à mal l’importante source de financement que sont les femmes du Grand Marché de Lomé ; celles qui depuis longtemps adoubent Jean Pierre Fabre, le leader de l’ANC.

Les exécutants, ceux qui ont craqué l’allumette du brasier destructeur n’auraient-ils pas été manipulés par une main noire, externe à leurs partis ? Car rappelons-le, les preuves révélées par le Colonel Damehane Yark sont aujourd’hui suffisamment accablantes. On en était hier en soirée, à déterrer des projectiles inflammables, des cocktails-molotov au siège de l’ANC. C’est curieux, me direz-vous ? Qui, à part les membres du parti iraient creuser des trous dans l’enceinte d’un siège, supposé être gardé en permanence par des militants dont la fidélité est à toute épreuve ?

A mon avis, les enquêteurs de la police et de la gendarmerie qui déterrent aujourd’hui les objets enterrés plus tôt par les partisans ANC doivent franchir la limite des réflexions faciles. Connaître les donneurs d’ordre, la main noire qui a envoyé ces jeunes manipulés, brûler des pans de l’économie togolaise, infliger un camouflet au Président de la République, et faire porter le chapeau aux leaders politiques ANC-OBUTS qui ont également beaucoup à perdre à travers l’autodafé des marchés.

Une chose est sûre. Les conséquences de ces marchés réduits en cendre donnent un sens terrible à l’expression « faire d’une pierre, plusieurs coups ». La popularité du Président Faure Gnassingbé en prend un coup. Le CST perd une importante source de financement pour ses futures marches et voit ses membres accusés et accablés, jetés derrière les barreaux, portant un grand coup d’arrêt à sa mobilisation et à sa lutte.

La question est de savoir « A qui a profité le crime » ?

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