mardi 10 juillet 2012

Seules les manifestations CST sont interdites!!!


Tout le monde le sait, depuis quelques mois, il existe un nouveau FRAC au Togo, une sorte de FRAC 2 où on a mis les politiciens derrière et les « sociétés-civilois » devant pour réclamer l’abrogation d’une nouvelle loi fixant par exemple le nombre de députés à la prochaine assemblée nationale et même le découpage électoral, qui découpe en deux la classe politique togolaise en ceux qui sont pour et ceux qui sont contre !


Donc le FRAC2 s’appelle CST, Collectif Sauvons le Togo, où on retrouve un Zeus Ajavon en featuring avec un Abass Kaboua un peu survolté, un Agbéyomé Kodjo plongé en permanence dans la psychose du « les gens du pouvoir cherchent à m’arrêter, cherchent à lever mon immunité d’ancien chef de parlement », et des gens moins connus, avocats de profession, Kpandé Adjaré, Gil-Benoît Afangbédji, ou encore Claude Amegah, bien différent du Claude Améganvi que nous connaissons tous, et qui est aujourd’hui lui aussi membre du CST et secrétaire général d’un drôle de Parti, le Parti des Travailleurs ! à croire que ceux qui ne travaillent pas, ne sont pas de ce parti, mais enfin bref.

Alors que veut le CST ? Bah euuuh, le CST veut marcher et parfois aussi veut expliquer aux populations par un meeting d’explication, (c’est le nom qu’on donne à la chose) le contenu de la plateforme qu’ils ont soumis au gouvernement.

Seulement, je me souviens, qu'un certain Gilbert Bawara a en des termes peu vertueux à l’endroit des « CSTistes », affirmé que ce collectif n’avait même pas de base légale et qu’il était impossible qu’on puisse considérer ses revendications. Pendant ce temps, un certain Pascal Bodjona, censé être du même bord Unir-iste, brandit la carte de l’apaisement et cherche par tous les moyens à faire asseoir CSTistes et pouvoir à la même table. Il a dit « une loi n’est pas définitive, on peut continuer par la réviser, le gouvernement croit profondément au dialogue ». WOAW ! Au moins, nous le savons maintenant, autour du Chef de l’état, Faure Gnassingbé, deux courants se sont vite dessinés. Celui des durs incarné par Bawara et celui des ouverts au dialogue incarné par Bodjona !

Pour la petite parenthèse, Bawara a traité de « Badauds » les manifestants qui sont sortis  le 12 et 13 juin pour réclamer la tête de Faure Gnassingbé ou sa démission, chose qui n’est pas pourtant mentionnée dans la plateforme du CST. Je vous le répète autrement. Une grande majorité de ceux qui sont partis à la manifestation-CST des 12 et 13 juin derniers ne savaient pas pourquoi ils manifestaient. Ils ont cru qu’ils manifestaient pour faire partie Faure ? alors que le CST marchait (du moins les leaders du CST marchaient) pour demander l’abrogation des lois fixant cadre et code électoral pour les prochaines élections législatives. Peut-être que c’est ce qui a poussé  Bawara à traiter les manifestants de Badauds, vu qu’ils avaient l’air de n’être pas venu à la même manifestation.

Agbeyomé a pour sa part traité Bawara  de « Badaud Ministériel », comme une réponse du berger à la bergère, dont la classe politique togolaise nous a habitué. Lui-même est un badaud ministériel, un badaud gouvernemental ! s’est écrié Agbeyomé pour lui répondre. Pour rappel, souvenez vous bien, Gilbert Bawara, le même garçon a proféré des discours discourtois à propos de Gilchrist Olympio il y a quelques années. Il le traitait d’Amnésique ! et à la fin, cela ne m’a pas étonné quand on l’a bouté hors du gouvernement d’union nationale UFC-RPT où bien évidemment, le RPT s’est taillé la part du lion dans les nominations ministérielles.


Mais reconnaissons-le, les dernières manifestations des 12 et 13 juin ont connu leur lot de violence et de mort. Une jeune femme morte brulée parce qu’une bonbonne de gaz lacrymo est tombée dans sa cuisine où elle cuisinait au gaz. Imaginez la suite ! petite détonation et explosion ! Une autre femme, morte elle aussi pour avoir été asphyxiée par l’odeur suffocante et les relents piquants du gaz, selon la version familiale ; et une autre version, celle gouvernementale qui la dit, décédée d’hypertension, parce qu’elle a été choquée au moment de l’explosion de la bonbonne de gaz là encore tombée dans sa maison ! bon, enfin, le dernier, un vieux monsieur mort à Sokodé, mort sous les coups de militaires acharnés selon sa famille ; et mort de crise de paludisme aigu selon le gouvernement. Entre les deux là qui dit vrai ?

Allez, rappelons nous, je l’ai dit quelques lignes plus tôt, le CST veut faire abroger les lois adoptées par l’assemblée nationale, ses manifestants ne comprenant rien veulent que Faure s’en aille tout court !  (peu de togolais prêtent une attention particulière au débat parlementaire qu’il soit retransmis à la télé ou non, en plus la télé nationale euuh… qui la regarde ? Canal + coute 5000F pour bouquet access + 10 000 pour les 4 chaines Canal alors euuuh…).

Heureusement, un jour, après quelques courses-poursuites de manifestants olympiques et quelques reliques catholiques d’amoutivé gazées au lacrymogène, les types de la sociétés civiles à la tête du CST se sont dits, « allons voir quand même le peuple pour leur expliquer que c’est pas départ de Faure tout de suite, c’est changer la loi électorale qui est important ». 

Ils ont annoncé un meeting d’explication le dimanche surpassé ; un meeting tué dans l’œuf par les forces de sécurité ! allez, rebelotte, deuxième meeting le jeudi qui a suivi, mais ça leur a pété encore à la gueule, les forces de sécurité ont chargé, et tout le monde s’est retrouvé devant l’ambassade de France, Agbéyomé Kodjo, Abass Kaboua, et compagnie, pour d’après eux, échapper aux forces de l’ordre et à la fumée lacrymogène.


Finalement, le dimanche dernier, le CST a pu faire un meeting d’explication à Kpalimé et non à Lomé. Abass Kaboua a raconté aux journalistes qu’il leur a fallu pourtant déjouer des pièges pour y arriver. Le préfet a interdit que les zémidjans fassent des caravanes pour accueillir les leaders CST, on a coupé l’électricité pour empêcher des émissions spéciales sur des radios de kpalimé, on a diffusé des communiqués contradictoires sur les radios  pour semer le doute au sein « des kpaliméens » et finalement le bouquet final, on a encerclé le stade du meeting avec des forces de sécurité. Mais fort heureusement, le CST a tenu son meeting et a pu expliquer aux populations de ne pas réclamer la tête de Faure. (c’est du moins ce que je crois qu’ils ont dit) !








Mais alors, que retenir de tout ceci ?

D’abord baaaah euuuuh, que le pouvoir togolais prend de drôles d’allures ! il y a encore deux ans, on laissait les gens marcher de Kodjindji vers la plage sans s’en soucier vu que de toute façon, ils y allaient pour vociférer leur colère, faire une thérapie de groupe géante et rentrer. En quoi une manifestation CST irait gêner le pouvoir en place puisqu’il s’agit d’association de personnes ayant la même logique que le FRAC.

Et quand on demande au pouvoir de réagir, on voit toujours s’afficher deux courants : Le courant emmené par Bawara Gilbert, qui voit en les manifestants, des badauds ! et le courant emmené par Pascal Bodjona qui croit profondément au dialogue. Autour de Faure Gnassingbé donc, il y a deux poids, deux mesures qui s’affrontent et au sein duquel, le Chef de l’Etat doit être lui-même balloté. On en vient même à être un peu surpris que lui qui a crié réconciliation ! les bras ouverts en embrassant Gilchrist Olympio sur la bouche (façon de parler hein) laisse aujourd’hui ces hommes qui veulent suivre le CST sans suivre sa plateforme, se faire tabasser jusqu’à mort d’homme, fut-ce par erreur sur la cible du gaz lacrymogène tombé dans une maison au lieu de tomber sur la route, pffff, la formation en jet de gaz lacrymogène est peut-être à revoir ? un séminaire-atelier peut-être ?

Ah, et là où ça devient encore amusant, c’est que pendant qu’on refuse au CST de faire son meeting d’explication (ou meeting de recadrage), Gilchrist Olympio, vole de campagne en campagne ; il était dans la campagne du bas mono dimanche dernier, avec un convoi de sécurité impressionant, pour dit-il expliquer aux populations ce qui s’est passé dans son parti en 2010 et leur parler des prochaines élections.

L’UFC a commencé par chasser très tôt les sièges parlementaires alors puisque le bas mono compte  deux sièges de députés depuis le découpage électoral vomi par le CST sur sa plateforme.

Conclusion? C'est donc le CST seul qui n'a pas le droit de faire un meeting d'explication.

Que s’est-il passé dans la tête du Président de la République, ou à la tête de la présidence, pour qu’on en vienne aujourd’hui à gazer ceux qui ne comprennent pas grand’chose, suivent le CST qu’ils croient voir réclamer l’amélioration de leur vie par le départ de Faure alors que le CST demande d’annuler des lois votées  au parlement ?
Et puis, euuuuh, pourquoi le Président ne demande t-il pas à rencontrer simplement les CSTistes pour discuter et qu’il laisse la charge à Pascal Bodjona et au Premier Ministre de le faire ? C’est étrange. De nos jours, la mode est au contact direct entre Président et sujets de la république. Hollande rencontre les syndicats cette semaine, Nicolas Sarkozy se réunissait souvent avec les représentants syndicaux et Faure Gnassingbé demande à son Ministre de l’Administration Territoriale et à son Premier Ministre d’aller voir ceux qui réclament l’abrogation des lois électorales nouvellement votées. Notre Président serait-il un peu à la traîne, niveau, communication ?


Il va falloir que les choses changent très vite dans ce Togo nouveau que Faure Gnassingbé a commencé par incarner avec de nouvelles routes larges et des infrastructures déployées au prix d’efforts importants de sa part (enfin, c’est ce que je crois).

-          Déjà, cette affaire de SOW Agba Bertin, à qui la Cour suprême a demandé de payer 150 millions de caution, cette affaire où effectivement, SOW a payé les 150 millions de caution, cette affaire où SOW reste quand même en prison après ce paiement fait couler de l’encre dans la presse. Le nouveau surnom d’Agba Bertin, c’est « Le prisonner personnel de Faure Gnassingbé ».
-          Déjà, cette affaire de Gifle à la tête de l’état, Gifle qu’on dit (toujours dans la presse) administrée à un officier de l’armée togolaise, Gifle qui pollue par conséquent, toute la politique présidentielle fait jaser à tous les coins de rue de Lomé. Un officier formé par l’armée togolaise, giflée par une femme qu’on dit puissante pour avoir été ou pour être dans les bonnes grâces du chef de l’état. (je m’exprime au conditionnel parce que je n’ai vu ni gifle, ni officier giflé, et je ne connais même pas cette femme). Mais si on en parle et en reparle, cela devient inquiétant.


-          Déjà, cet article dans la lettre du continent qui dit que la répression des manifestations CST des 12 et 13 Juin a été planifiée par Faure Gnassingbé lui-même, accompagné des Colonels Yotrofei Massina et Atcha Titikpina étonne plus d’un !!

Faure Gnassingbé au début de son deuxième mandat a commencé par avoir l’assentiment de la population. On sentait qu’un vent de changement, sinon, une légère brise de changement voulait souffler sur le pays mais ces dernières semaines n’ont servi qu’à accrocher des casseroles à son parechoc ! Et il risque d’en traîner des retentissantes d’ici les législatives déjà enfumées au lacrymo.

Le CST gagne la sympathie du peuple parce qu’une frange de gens difficiles autour du président lance contre ces manifestants, une horde de force de l’ordre qui commettent l’erreur de tirer jusque dans les maisons de ceux qui n’ont rien demandé. Il y a longtemps qu’on ne meurt plus de manifestations au Togo ! il y a longtemps, le chef de l’état a décidé de laisser marcher les gens, et cela a rehaussé son image, sans qu’il n’ait même accéder à une seule de leur revendication.

Pourquoi ce volte-face ?

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