lundi 2 mai 2011

Al Qaida vu par Gérard de Villiers.


Al Qaida vu par Gérard de Villiers.
Extrait du SAS N°173 : Al-Qaida Attaque – Tome 1 Pages 24 à 27.

Les britanniques avaient toujours trouvé naïve la façon dont les Américains avaient « étiqueté » le terrorisme. Tous les spécialistes savaient qu’Al-Qaida était un –terme utilisé uniquement par les Américains. Ce terme signifiait en arabe, « la base » et avait été créé bien avant l’apparition du terrorisme islamique, vers 1986. Oussama Bin Laden, avec les bénédictions américaine et saoudienne, était arrivé à Peshawar, à la lisière de l’Afghanistan et du Pakistan, alors occupé par les troupes soviétiques, afin de coordonner l’action et le rassemblement des mudjahidin de tous poils venus combattre l’Infidèle. En l’occurence, les Soviétiques, coupables d’occuper une terre musulmane, l’Afghanistan.

C’était une sorte de brigade internationale, comme du temps de guerre d’Espagne où les communistes de tous les pays affluaient pour se battre aux côtés des Républicains espagnols. Tandis que le Général Franco était, lui, aidé par l’Allemagne nazie, l’Italie et le Maroc.

Cette appelation innocente d’Al-Qaida était devenue, après la fin de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan, l’emblème de l’horreur, de la terreur absolue. Cela alors qu’en réalité, l’organisation terroriste dirigée par Oussama Bin Laden était née le 23 Février 1998, lorsque le Saoudien avait annoncé à tous les médias, la création de l’International Islamic Front for Jihad againstJews and Crusaders (le Front Islamique International pour la guerre contre les Juifs et les croisés).

Seulement, cette appellation était trop longue aux yeux des Américains qui aimaient désigner leurs ennemis d’une façon claire.

C’est ainsi qu’on finit par utiliser Al-Qaida pour désigner « l’Empire du Mal », le responsable de l’attentat du 11 Septembre 2001.

Cette nébuleuse, sous les coups des Occidentaux, avait subi de lourdes pertes.

A ce propos, le MI6 (Services de Contre-Espionnage Britannique), qui comptait dans ses rangs, de nombreux spécialistes du Pakistan et des groupes islamistes radicaux, avait concocté en 2007, un rapport approfondi récapitulant toutes les pertes du groupe connu sous le nom d’Al-Qaida.

Depuis l’invasion de l’Afghanistan en Octobre 2001, en réponse à l’attentat contre le World Trade Center de New-York, Oussama Bin Laden et ses partisans avaient perdu beaucoup de gens. D’abord, ils avaient été obligés de fuir l’Aghanistan, reconquis par l’Alliance du Nord faite de Tadjiks et d’Ouzbeks, agissant en partie pour le compte des Américains. Pour Ouassama Bin Laden et ses amis confortablement installés à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, sous protection du Mollah Omar, chef des talibans, la perte de l’Afghanistan, leur sanctuaire, avait été un coup très dur.

Bien sûr, ils avaient sauvé l’essentiel : leur liberté. Parvenant à passer dans les zones tribales pakistanaises, en franchissant le massif montagneux de Tora-Bora, grâce à la négligence américaine. En effet, les Américains, au lieu de boucler eux-mêmes la frontière aghano-pakistanaise, avaient sous-traité avec des « supplétifs » pakistanias ou afghans, des warlords (seigneurs de guerre) qui s’étaient empressés de se faire acheter par Bin Laden.

Cependant au cours des années suivantes, la nébuleuse islamiste radicale avait subi d’autres coups très rudes. Aiguillonné par les Américains, le président pakistanais PervezMusharraf avait fait arrêter de nombreux membres d’Al-Qaida, désorganisant le groupe. Oussama Bin Laden et ses derniers fidèles, dont le médecin Egyptien Aymar Al-Zawahiri, en étaient réduits à se terrer dans la zone tribale, ou dans le nord-est de l’Afghanistan, sans pouvoir prendre beaucoup d’initiatives. Cependant, la donne avait progressivement changé.

Al-Qaida s’était mis à recruter, en grande partie grâce à l’Irak. Des combattants accouraient des quatre coins du monde pour tuer des Américains. En même temps, dans de nombreux pays, des cellules islamistes radicales se créaient, sans lien organique avec le « Centre », c’est-à-dire, Bin Laden, communiquant par e-mails, ou cassette audio et vidéo. Bien-sûr, il n’était plus question d’opérations comme celle du 11 Septembre, planifiée plus de deux ans. Mais la volonté de nuire était là et, un peu partout, au Maroc, en Espagne, en Grande-Bretagne, des groupuscules avaient spontanément relancé le djihad, tuant des centaines d’innocents. Bien qu’il n’y ait eu aucune tentative d’attentat sur le territoire même des Etats-Unis, les Américains demeuraient vigilants. Leurs intérêts à travers le monde avaient été visés, comme ceux de leurs alliés. Mais les services occidentaux ne savaient pas grand-chose du renouveau réel de l’organisation que le Pentagone continuait par appeler Al-Qaida.

Gérard De Villiers, Al Qaida Attaque : 1, Editions Gérard de Villiers, Juin 2008

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