mercredi 20 avril 2011

Vicky Christina Barcelona


Vicky Christina Barcelona de Woody Allen

Wence (François) Adzimahé
Bloggeur Démystifié
20.04.11


Dans la vie, certaines personnes savent juste ce qu’elles ne veulent pas. Mais quand vous leur demandez ce qu’elles voudraient à la place, elles n’arrivent pas très souvent à répondre.

Dans ce film qu’on aurait pu titrer « un été à Barcelone », il y a exactement ce genre de femmes. Je me dis même que dans la vie réelle, leur nombre est en constante augmentation. Les femmes qui s’ennuient dans leur mariage, les femmes qui savent qu’elles ne veulent plus des hommes qu’elles ont épousés. Des femmes à la recherche de sensations fortes, à la recherche d’un amant torride, de celui qui leur dit « je veux coucher avec toi » puis qui couchent avec elles.

Qui sont ces amants ? Bah, généralement, des artistes, beaux, ténébreux, qui ont une vie de bohême. Ils vont et viennent, mettent des femmes dans leur lit, non pas par amour, mais plus parce qu’elles leurs plaisent. Tout tourne finalement autour du plaisir.

Voilà ce que m’apprend en tout cas, ce film du Woody.

Bien entendu, c’est un grand film, un film sur les amours impossibles, les amours avec règles transgressées, les amours dans lesquelles, certaines barrières sont franchies en secret pour laisser le plaisir l’emporter et prendre le pas sur la logique. La logique ? bah, oui, la logique, celle qui dit : une femme est amoureuse d’un homme, un homme est amoureux d’une femme, ils se jurent fidélité, se marient, font l’amour  et des enfants et se regardent vieillir. Une fois cette logique bafouée, on a un homme et une femme qui prennent du plaisir, qui se laissent aller à toutes les facettes du sexe, franchissent des barrières qui leurs étaient inconnues, inexplorées, atteignant un point culminant d’où on retombe très vite. Ce sont ces amours qui ne durent pas, ces romantismes, ces histoires à l’eau de rose qui restent inachevées pour qu’elles puissent demeurer trop belles. On tombe amoureux pour une semaine, pour deux semaines, maximum, un mois, et on décide de tout arrêter parce qu’on a atteint un certain nirvana et qu’on a commencé par s’ennuyer du haut de cette apogée.

Oui, ces histoires sont comme les empires issus des grandes civilisations. Ils grandissent, gagnent du terrain, atteignent leur apogée, puis sombrent dans une décadence incroyable et inespérée.

Avant, j’avais toujours eu de l’aversion pour un certain comportement masculin, consistant « à se taper la première venue », celle qu’on rencontre dans le quartier, au détour d’une ruelle, celle qu’on a vu grandir et qui a poussé des avantages physiques au niveau des fesses et de la poitrine. J’ai eu un bon nombre d’amis qui m’ont expliqué le plaisir qu’ils prenaient dans ces relations éphémères, celles que je surnommais les CDD, Contrat à Durée Déterminé. Cela consistait aussi bien pour les hommes que pour les femmes à changer de partenaire, après un, deux, trois rapports sexuels. C’est une activité en pleine expansion. Parfois avec mes amis, devant un clip vidéo d’un artiste togolais, il y en a un qui s’écrie, « eh, cette fille là, je lui ai mis dedans une fois ! (traduction littérale voulant dire qu’on a fait l’amour une fois)». 

Aujourd’hui, Vicky et Christina, le Woody Allen que j’ai adoré, a finalement eu raison de mon éthique et de mon code d’honneur. Cela a définitivement achevé de me démystifier sur la fiabilité même des relations amoureuses. Pas que je vais verser dans le péché et dans l’orgie dans laquelle excellent tous mes amis ; non, ce serait trop simple. D’ailleurs par éducation et par respect pour l’autorité parentale qui m’héberge encore à 27 ans, je me garde de faire défiler des femmes dans mon lit. Mais mon opinion ayant changé, je ne peux rien promettre sur mon avenir. Vu que je suis adorateur de la gente féminine et admirateur de la femme, prise comme élément esthétique à cause de toute la rondeur que l’on parcourt et explore au toucher, même au toucher lingual quand on s’apprête à lui faire ce que vous savez. Vous voulez savoir si je me taperai des filles à l’avenir ? probablement, il y a de fortes chances que cela arrive. 

D’ailleurs, ces temps-ci, je suis tombé amoureux. Amoureux d’une fille (allez, on va dire une femme, vu qu’elle et moi nous avons le même âge et qu’on se connaît depuis bien longtemps). Depuis que je lui ai,  déclaré ma flamme, chose à laquelle elle a présenté bien de réticences (et elle a probablement ses raisons), je me suis conduit en homme affable, prêt à lui montrer que je ne voulais pas la mettre dans mon lit, pour un coup d’un soir, ou d’une semaine, ou d’un mois. Pour elle, je voulais signer un CDI ; le truc à durée indéterminée. Je crois que je me suis lancé dans certains efforts personnels, pour lui montrer cela. Visiblement, elle ne m’a pas cru, ou elle m’a cru capable de lui faire du rentre -dedans en l’emmenant chez moi après deux jours de drague (et j’ai les mots pour hein). Mais de tout ceci, il n’en sera plus rien, grâce à ce film et aussi pour l’amour que j’ai pour elle. Je vais m’arrêter et la regarder. Je vais l’attendre. Arrêter de l’appeler, de faire des textos pour dire combien je l’aime. Arrêter de verser dans l’affable. De toute évidence, elle ne me croira pas. Alors, je vais me reposer, et attendre. Si elle revenait, bah, rien ne pourra nous empêcher de nous aimer. Parce que je serai au moins sûr d’une chose, elle m’aura choisi comme je l’ai choisie. C’est comme une boucle fermée dans un système électronique automatisé, comme quand vous appuyez sur « Play » et que le lecteur affiche vraiment le Play et se met à lire le DVD. J’ai appuyé sur « Play » et j’attends...

Maintenant, laissez-moi vous dire pour finir, que l’atmosphère du film Vicky et Christina est des plus agréables. On passe 1heure 36 minutes de rêve dans des lieux assez spéciaux, des environnements très espagnols, des jardins, des marchés, des musées, un truc d’un artiste espagnol, GAODI, et il y a beaucoup de guitare catalanes à écouter. Il y a ensuite, de belles femmes dans ce film ; Scarlett Johansson, qu’on avait vu déjà dans Match Point du même réalisateur, avec John Rhys Meyers ; il y a Penelope Cruz qui y est divine, mais divine, surtout quand elle parle espagnol. Le fait que le scénario lui ai fait parler cette langue durant tout le film est absolument formidable. Il n’y a pas de blockbuster, ce n’est pas de l’action, ce n’est pas une comédie romantique (comme je les aime depuis que je suis amoureux ! j’arrive à me surprendre moi-même d’aimer ce genre de films), c’est juste un petit drame, une caméra pointée sur les passages à vide de femmes qui se laissent aller à l’amour volé, l’amour transgressé, l’amour où les femmes trahissent celui qu’elles disent aimer, tronquent cet amour normal pour un amant de courte durée, l’amant qui les élève très haut dans le plaisir, et les fait tomber de ce belvédère de l’amour, avec trop souvent des douleurs terribles. 

C’est d’ailleurs, (si vous avez lu quelques poètes ou connu la légende des oiseaux qui se cachent pour mourir) dans la douleur, que se font et se façonnent les plus belles choses.

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