jeudi 14 avril 2011

Commentaires sur l’article, Afrique mon Afrique du blog Miagbofa.blogspot.com

Wence Adzimahe
Bloggeur
15.04.11

Je voudrais pour commencer m’excuser d’endosser un costume de critique qui n’est pas le mien, puisqu’ayant reçu une formation modeste qui est à l’antipode de la science politique. J’essaie juste d’aller dans le sens d’une certaine ouverture démocratique, d’une certaine ouverture d’esprit très positive dont font preuve les membres d’un certain groupe facebookien : Polémiq’alement Votre.

Des DELALI, Togo VI, Patrick, Coco, Roger, Faustin, Edem (ma proche cousine d’enfance, lol), Kossiwa, et tous ceux que j’oublie de citer, à moi (ma petite et modeste personne), j’espère que des relations de politiquement correct puis de fraternités et sororités naturelles se sont créées. Nous prenons en compte les opinions des autres, nous les examinons, nous disons ce que nous en pensons, nous finissons par nous accorder ou non, mais nous nous admirons dans ce que chacun développe des réflexions et les soutienne brillamment. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, nous nous sommes parfois laissés aller (je parle pour moi en tout cas), à des expressions peu ou prou violentes, mais certains (les responsables du groupe) nous ont rattrapé du haut de la falaise où nous avons sauté et cela n’a été que de justesse. Le besoin de recadrer dans ces relations humaines est le métronome qui nous permet de garder le bon rythme. Merci donc à vous.

J’espère donc que l’auteur du blog « Miagbofa » ne s’offusquera point que j’apporte une opinion divergente face aux mots qu’il a tenu à laisser sur sa page, pour nous, ses lecteurs. Au demeurant, il a toute la liberté de m’apporter des contre-pieds auxquels je répondrai encore probablement. Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis, disait Antoine de Saint-Exupéry. Voici donc l’expression de ma différence.

« J’ai été traumatisé par ces images insoutenables d’un Laurent Gbagbo arrivant dans sa « cellule » de l’hôtel du Golfe, lâchant ensuite quelques mots assis sur le lit de cette chambre d’hôtel, s’essuyant le corps et le visage d’une serviette blanche et enfilant une chemise avec l’aide du Commandant Watao, l’un des dirigeants de l’armée rebelle, rebaptisée FRCI. Comment de telles images, ô combien dégradantes ont pu apparaître sur les médias » lit-on dans l'article de http://miagbofa.blogspot.com/. 

Pour moi, les images insoutenables sont arrivées sur les médias parce que les journalistes faisaient leur travail. Avec quel niveau et quel bagou, quel background informationnel tiendront nous tous nos réflexions, sans les articles de journaux, les journaux télévisés et radiophoniques. Les journalistes, ont essayé de filmer un Gbagbo arrêté. Ils y sont apparemment arrivés. C’est dégradant ? Peut-être. Mais je crois que des efforts ont été faits dans cette arrestation pour contenir les colères qui bouillonnent en certains. La situation elle-même s’est prêtée au tabassage en règle des proches de Laurent Gbagbo qui semble-t-il aurait eu lieu. Dieu nous en garde, nous n’avons pas vu ces images, et c’est déjà suffisamment brillant de la part des journalistes internationaux. Vous dites, qu’on lui a tendu une chemise ? Heureusement qu’on lui a tendu une chemise, et vous l’avez bien vu, avec un certain calme. Il n’y avait aucun signe de mépris, de violence, quand il a échangé cette serviette blanche contre la chemise. Il ne l’a pas prise des mains du Commandant Watao. Ledit Commandant a tendu la chemise à bras ouvert, et Laurent Gbagbo a mis ses bras dans les manches courtes avant de refermer lui-même les boutons. Je vous demande d’être réalistes ! des efforts ont été faits pour que cette arrestation soit la moins violente possible. Des efforts ont été faits pour que la dignité du Président qui s’est bunkérisé soit au maximum préservée. Je voudrais bien y voir ceux qui ont critiqué le Commandant Watao et ses hommes. Comment auriez-vous procédé avec des rebelles qui ont vu leurs frères être immolés au feu par des miliciens pro-Gbagbo. Car, pour ceux qui ont lu l’article de Philippe Rémy, Envoyé Spécial du journal Le Monde, ils se souviendront du moment du tabassage de Michel Gbagbo, raconté en quelques lignes. Les rebelles auraient semble-t-il découvert durant le pillage de la résidence de Gbagbo, des vidéos dont l’une d’elle montrait un des leurs entrain de se faire passer à tabac par des miliciens. Alors que l’homme gisait à terre, les miliciens se préparaient à en faire une torche vivante. Ils allaient le brûler. Le journaliste racontait que les FRCI étaient entrain de projeter la vidéo sur un mur à l’hôtel du golfe, pendant qu’ils emmenaient Michel Gbagbo, celui qu’on surnommait le légionnaire dans un jardin. D’après Philippe Rémy, le jeune GBAGBO avait cru que sa dernière heure était arrivée. Mais il n’eut droit qu’à quelques coups avant qu’on ne le ramène à l’intérieur de l’hôtel. 

Le même article du journal Le Monde relate comment une femme dont le frère a été assassiné par les miliciens pro Gbagbo, a enlevé ses escarpins pour frapper l’un des hommes fait prisonnier lors de l’assaut contre sa résidence.

Je crois que ces témoignages assez instructifs montrent à suffisance qu’il va être difficile de gérer le mécontentement, que dis-je, la coulée de bile, déversée sur l’autel des précédents sacrifices des anciens milices Gbagbo. On se souviendra quelques années plus tôt (en 2004) si nous nous rappelons bien, que des jeunes patriotes ont violé des citoyennes françaises en Côte d’Ivoire, après que l’aviation militaire ivoirienne ait été détruite par l’armée de l’air française. Des chars français avaient alors été avancés vers la résidence du Président Ivoirien, et une manifestation violente de jeunes patriotes contre la force Licorne s’était soldée par mort d’hommes parce que les soldats français submergés avaient fini par tirer. 

L’arrestation de Laurent Gbagbo affiche de curieuses ressemblances avec celle d’un certain Saddam Hussein. Au demeurant, ces deux arrestations ont ceci en commun qu’ils représentaient de véritables coups médiatiques. Dans les deux cas d’ailleurs, des annonces d’aides financières ont habilement suivi ce type d’information.

Pourtant les jours qui suivent cet évènement somme toute majeur, ne seront pas des plus faciles à vivre. Des assassinats auront lieu à cause des listes constituées à tort pour retrouver des pro-Gbagbo responsables de massacres, pendant que Ouattara se fera un chantre de la réconciliation. Comment d’ailleurs calme-t-on la colère de personnes qui ont perdu des êtres chers morts par la main des pro-Gbagbo ? Comment évite-t-on des règlements de compte ? Aucune science humaine n’a la solution infuse. « Le repos de ceux qui sont partis avant nous, jamais ne calmera l’inquiétude de ceux qui viendront », écrivait l’américain William Forrester. 

Il faut je crois prier et espérer. Prier qu’on arrête les responsables des nouveaux massacres à temps, prier pour que Ouattara ait été sincère, prier pour que les esprits haineux trouvent la paix de leur cœur au moment où rien, rien ne pourra prétendre les consoler.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire