lundi 4 avril 2011

Qui je suis ?


Qui je suis ?
WenceAdzimahe
Bloggeur-Chômeur.
04.04.11

(Attention, il n’est pas conseillé de lire ce texte en présence de vos enfants ; le registre dans lequel il est écrit est quelque peu familier, voire ordurier, une manière d’affirmer mon « Let yourself go » et de faire un peu “American Establishment” pour changer un peu. Merci pour votre compréhension).

Qui je suis ?

Cette question me rappelle le film “Qui je suis”, en anglais, “Whoam I”, avec Jackie Chan. Dans ma prime jeunesse, c’est le genre de film, qui évidemment, retenait toute mon attention. Dans l’intrigue, Jackie Chan était un pilote de course qui avait perdu la mémoire après qu’il ait eu un accident et que sa tête ait heurté une pierre dans le désert. Il perdit par conséquent, une partie de sa mémoire, ce qui lui fit oublier qui il était, mais ne lui fit pas perdre fort heureusement ses connaissances des arts martiaux. Il est clair qu’à la suite, quand les types de la mafia le poursuivirent sans qu’il n’en sache la raison, l’enchaînement des chorégraphies de combat pimentèrent tout le déroulement du film. Il ne manquait qu’une fille pour que ça fasse plus américain ! Mais hélas, le chinois tout en se déchaînant dans les scènes d’action avait décidé de rester quelque peu misogyne.
Qui je suis, c’est la question que je me pose à moi-même dans cet article, pour essayer de révélerla bête qui bouillonne (ou non) en moi à moi-même et peut-être à ceux qui veulent bien lire ces alignements de mots qui ressemblent à s’y méprendre à un blog.
Dans le film, La boîte noire, de Richard Berry, il y a eu ce formidable mini-discours sur la personne prise comme élément lambda : « Il y a trois personnes très distinctes en nous ; celle qu’on voudrait être ; celui que l’on croit être, et celle qu’on est vraiment ; les deux premières nous sont très familières, la troisième nous est totalement inconnue ».
Je m’en vais donc vous décrire les deux premières de moi-même, le long de cet article.
D’abord, celle que je voudrais être ? George Clooney (et peut-être participer à une petite sauterie de Silvio Berlusconi).

Quant à celle que je crois être, la voici en détails. Celle de quelqu’un qui n’a pas grand-chose à faire.
Que fait-on, quand on n’a rien à faire, après avoir assouvi les besoins vitaux de notre corps, à savoir manger et … (je vais pas le dire par éducation), bah, on s’ennuie. Généralement, quand on est chômeur comme moi, pas d’emploi en vue, ou en fait, si, un truc occasionnel pour un cyber café où je vais réparer ou déclarer une machine définitivement bousillée etc. Que fait-on ?

Bah, on blogue. On blogue comme Hank Moody, dans Californication. Le personnage me ressemble un peu. Me ressemble sans les femmes qu’il met dans son lit facilement. Peut-être parce qu’on vit pas dans le même environnement socio-culturel ; lui à Los Angeles et moi à Lomé. Le vilain contraste.

En peu de temps, j’ai réussi à améliorer un peu mon français. Je m’étonne de mon fond d’écriture aujourd’hui. Mais en y pensant bien, c’est bien pour ça qu’il faut lire. Il faut passer son temps à lire pour mieux écrire. Hélas, les noirs ne lisent pas. D’abord parce que les livres coûtent trop chers et qu’ensuite parce qu’ils ont d’autres choses à faire pour leur survie, que de lire pour en mourir. Je dois donc m’estimer chanceux. Chanceux d’être un fils de la moyenne bourgeoisie, sans argent de poche, sans travail, mais qui est logé et nourrit à peu près comme il le faut. Je dis “A peu près” parce que depuis que j’ai remarqué que l’homme noir normal ne mange pas bien, comparativement à l’homme blanc ; je me suis dit qu’il ne fallait plus que je me gêne et que je me lance dans des combats sans cause, dans les petites médisances de quartier, les quolibets et autres histoires sur qui a baisé qui pendant que l’autre trompait untel pour qu’on en arrive au même point. Tant que cela ne change pas l’état de ma foutue gamelle, pourquoi devrais-je m’émouvoir ou m’intéresser à telle question ou telle autre chose dont la réponse se révèle à la fin inutile ?

Pour ceux qui ne le savent donc pas, sachez-le : l’Afrique n’est pas développée, parce que tous les matins, la majorité des noirs qui la peuple se réveille d’abord pour penser à ce qu’on va manger. L’Europe et les Etats Unis sont développées parce que ces blancs que nous couvrons d’insultes et que nous affligeons de termes orduriers, se réveillent pour créer quelque chose(Ipad, téléphone tactile et intelligent, radar, nucléaire, etc.) sans penser à ce qu’ils vont manger à midi. Manger c’est une des choses déjà suffisamment garanti ! Alors que moi en bon africain, je dois réfléchir tous les jours à comment gérer l’argent que j’ai pour pouvoir manger quelque chose pouvant satisfaire le degré de ma faim. Celle qui m’empêche de penser.

Je suis un homme déçu, un homme qui ne demande plus rien à personne. Ecrire, “J’ai l’honneur de venir très respectueusement solliciter auprès de votre haute bienveillance, un emploi de…” est une gageure terrible. C’est plus une affaire de cul de nos jours ; j’ai appris de sales histoires qui m’ont fait rebroussé chemin depuis longtemps ; celles qui couchent pour des emplois, ceux qui coucheront aussi bientôt pour ça si ce n’est déjà le cas ; un jeu de cuisses écartées pour recevoir des investissements en espèces sonnantes et trébuchantes ; cuisses, lobes fessiers, tout ce qu’on peut écarter facilement pour introduire un objet cylindrique, caverneux et spongieux, muscle dressé introduit pour être soumis à un mouvement de va-et-vient permettant à toute forme humanoïde d’atteindre le plaisir ; le summum du plaisir. (Ce côté dirtybastard de moi m’enchante des fois, je devrais m’abonner au Wu Tang Clan, je pense).
La seule fois où j’ai fait un stage digne de ce nom, c’était à la Banque Ouest Africaine de Développement. Pour y arriver, il a fallu se faire pistonner. Ne pas se tromper sur le sens du mot « pistonner ». Rien avoir avec une affaire litière ou sexuelle. Non, je n’ai rien contre ceux qui pensent trouver le nirvana dans le trou de balle de leurs prochain mais… dans mon cas précis, le piston en français familier, c’est le coup de pouce qu’on donne à toute personne pour le faire accéder à un emploi : un mot glissé au Directeur de la part d’un autre Directeur qui vous connaît bien, qui connaît votre père, votre mère, un oncle, un cousin, etc. A la Banque comme dans tous les services du Togo, il faut donc se faire pistonner pour un stage bénévole. Mon père louait une maison au piston, un des fonctionnaires de la banque, alors il m’a pistonné. Le piston a duré au moins une année, mais j’ai reçu un fameux appel téléphonique un jour me demandant de me rendre à la banque pour recevoir un courrier qui m’ouvrait les portes d’un stage.

Je n’oublierai jamais la question que me posa un des ingénieurs de la direction informatique : « Qui a appuyé ton dossier ici » ? « Mr …. (je ne mentionne pas son nom pour des soucis de discrétion) » répondis-je. « Lui, il est Burkinabé, et toi tu es togolais, comment t’as fait pour le connaître. Ou c’est lui qui couche avec ta grande-sœur » ? « non,ai-je répondu, mon père lui loue sa maison, c’est pour ça ».
Je me demande s’il m’a vraiment cru. Parce que de nos jours, c’est plus l’hypothèse de ma grande sœur qui lui a écarté ses cuisses pour m’ouvrir les portes d’un stage bénévole, qui tient la route. Dieu soit loué, toutes mes grandes sœurs, et elles sont vraiment grandes, pour ce qu’elles sont, ne vivent même pas sur le même territoire que moi.

Je le reconnais, les cuisses des grandes sœurs des autres, c’est toujours plus crédible, après tout.
Donc, un emploi ? j’en sais rien. Je ne demande plus. Je vais me reposer un peu, je vais vivre dans la poche de mes parents et mordre la vie à pleine dents. Je l’ai reçue comme une blessure et j’ai défendu au suicide d’en faire une cicatrice. Laisser la crevasse de la plaie béante au regard de Dieu, est le châtiment que je lui inflige, comme le pensait, Lautréamont.


Voilà celle que je crois être.

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