La logique de réconciliation dans
laquelle s’inscrit le pouvoir togolais se définit par :
-
Faire des assises nationales et produire des
recommandations.
-
Donner les noms de personnages de notre histoire
commune à quelques sites et lieux du Patrimoine Togolais
La première définition, on peut la comprendre. Il est vrai certains ont trouvé à redire ; les
journalistes y ont trouvé leurs grains à moudre ; ceux qui avaient voulu
participer à cette thérapie de groupe géante pour faire leur lessive des
sentiments, l’ont fait ; et à la fin, cela n’a pas bien évidemment
contribué aux grandes avancées économiques désirées par tous (les offensés et
les offenseurs). Mais que voulez – vous, dans une certaine sphère de l’état, il
parait que cela a permis de réconcilier les togolais, donc, on va prendre ça
comme ça. Cela répond d’une habitude stoïcienne cultivée par le togolais normal ;
on finit par accepter tout ! donc là encore passons !
La deuxième définition est celle qui attire mon attention, et attire mes doigts à ce vieux
clavier pas très agréable sur lequel je muscle mes doigts par une mi-journée de
samedi (oui, oui, vence on a compris).
Dans la logique de réconciliation
du pouvoir togolais, on est passé à la nomenklatura des sites plus ou moins importants
du Togo triés sur le volet : Le Camp RIT s’appelle désormais Camp
Gnassingbé Eyadéma, tel rue s’appelle désormais rue Sylvanus Olympio, la
Société Aéroportuaire de Lomé-Tokoin (l’aéroport de lomé quoi) s’appellera
désormais Aéroport Gnassingbé Eyadéma, et pour finir, la plus récente des
contorsions à réconciliation interposée, le Centre Hospitalier Universaire de
Tokoin s’appellera désormais Hopital Sylvanus Olympio. On a eu aussi quelques
Kleber Dadjo, Ben Apaloo et autres anciens personnages historiques sur quelques
plaques, mais tout cela sans grande importance !
Qui dicte les règles de la nomenclature ? Pourquoi affuble t-on
ces sites de noms de pères de nation et / ou d’indépendance, des pères à qui
finalement le Togo doit tout de même une grande part de ses malheurs et une
infime part de son bonheur.
Allez, revoyons un peu l’histoire.
Chacun des deux présidents-monuments a ses cadavres dans le placard :
-
Sylvanus Olympio, Président dictateur (il
pensait qu’il était démocrate à l’époque mais imposait tout !), a voulu
faire de son jour anniversaire un jour férié, a dissout un parti politique d’opposition
et pas des moindres (la JUVENTO), a mis les biens du parti en vente, a voulu
créer l’Ewéland au détriment des autres ethnies composant pourtant le Togo, et
à la fin de l’histoire, s’est pété la gueule. Sa goutte d’eau qui a débordé le
vase a été le rapatriement des militaires togolais servant sous le drapeau
français, pour ensuite les mettre au chômage ! Ces types n’ont pas
visiblement apprécié l’acte politique « Olympien » ; et avec la
bénédiction d’une certaine puissance coloniale, ces rapatriés devenus
putschistes lui ont présenté Dieu en personne.
-
Gnassingbé Eyadema, Grand parvenu devant l’éternel
quand même hein (appelons les choses par leurs noms), qui se révèle pourtant brillant
homme d’état sans la formation d’homme d’état, prend goût au pouvoir, verse
dans le luxe dispendieux et accumule les éléphants blancs dans son pays, au
détriment d’une population constamment appauvrie, avant de mourir au pouvoir (c’est
ce qu’il voulait visiblement). Je tiens à rappeler quand même que dire d’Eyadema
qu’il est un parvenu n’entache en rien sa réputation éternellement bonifiée par
ceux qui en ressentent le besoin. « Si vous êtes un jour traité de parvenu,
tenez pour bien certain que vous serez arrivé » ; c’est Sacha Guitry qui l’a dit je crois.
Il faut que les choses soient claires, sait-on jamais, pour ceux qui prennent
les provenances au premier degré (sourire).
Bon, je fais des résumés
rapidement comme ça sur la vie de pères du Togo, et ça peut ne pas être la
version des autres, mais bon, enfin, c’est comme ça que j’ai compris l’histoire,
pardonnez moi ou essayez de m’en convaincre plus tard on verra !
Deux présidents sans bilans positifs qui deviennent donc des noms de nos
rues, aérogares, et autres hôpitaux etc. Que veut-on nous faire passer comme
message ?
Consultez l’URL de republicoftogo pour une approche de réponse :
http://www.republicoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Politique/Le-changement-s-observe-dans-la-rue
Je ne sais pas mais, j’ai l’impression
que quelqu’un dans l’entourage du Chef de l’Etat, si ce n’est pas lui-même, a
voulu dans les détails, laisser un signe de non-réconciliation, ou même
orienter les attributions de nomenclature selon l’importance du site à
renommer. Sinon, regardons de plus près ! Le Diable se trouve dans les
détails, dit-on :
D’une part :
On accroche « Gnassingbé »
aux linteaux du Camp RIT, signe de force, de courage, de bravoure (même si l’armée
ne sert pas à grande chose) ; puis on fait du nom Gnassingbé, le diadème de l’aéroport
de Lomé, un aéroport qui est entrain de devenir encore plus grand ! des
millions de dollars investis pour en faire une vitrine sans précédent de Lomé ;
la première vitrine du Togo pour celui qui entre à Lomé par les airs, si je
peux me permettre l’expression. Si cet aéroport devient ce qu’il doit devenir,
vous pouvez déjà imaginer la dorure du blason où restera inscrit GNASSINGBE
EYADEMA. Il ne faut pas oublier le grand boulevard Eyadema, celui qui est suffisamment
spacieux pour vous permettre de montrer ce que votre voiture a sous le capot.
Que du Gnassingbé pour de grandes choses !
De l’autre :
On donne le nom « Olympio »
aux rues du commerce et des lacs, des rues pas très visibles finalement sur la
carte togolaise. Pourant le boulevard du mono pas très loin de ces dernières,
dont le financement de rénovation est de 17 milliards négocié auprès de la BAD
par le plus grand économiste togolais AYASSOR, boulevard parcourant
majestueusement le littoral et qui fait un appel du pied pour demander à
changer de nom mais les « nommeurs » font fi de ne rien voir ;
non, c’est la petite rue du commerce et la petite rue des lacs qui a échu au
premier des présidents togolais, Sylvanus Olympio. Enfin, depuis le 26 avril
dernier, les ministres en conseil se sont nommément conseillés ou concertés,
pour affubler du nom de Sylvanus Olympio, l’hopital-mouroir de tokoin.
Voici le deux poids, deux mesures
visibles dans les détails ! D’un
côté, ce nom GNASSINGBE ornant les sites forts et de l’autre le nom OLYMPIO étiquetés
sur des lieux et des édifices au rabais ; cette partie du patrimoine
togolais dont on n’a pas redoré les blasons obscurcis par tant d’années d’égarement
politique. (On aurait pu faire de la TVT, la Télé Sylvanus Olympio qu’on serait
resté dans la même logique mais bon…).
Nous, jeunes togolais naviguant
autour des trente ans d’âge avons du mal à suivre. Nous avons du mal à suivre UNIR et son leader, dans l’incroyable
gaspillage de temps et de moyens pour ces actions sans substances qui consistent
à renommer ces sites mis à l’encan et sans grande valeur. Nous avons du
mal à comprendre pourquoi nous devons
subir sa photo placardée trois fois côte à côte en grand format avec le même
message (que j’ai oublié) sans que cela ne nous apporte aucune information. L’UNIR
c’est lui, on avait déjà compris.
Le meilleur moyen d’UNIR n’est
pas de charger de symbolismes inutiles des chemins et des édifices qui n’en
demandent pas tant. Il y a déjà trop de poissons noyés pour les premiers balbutiements
de cette Union pour la République. Qu’adviendra t-il alors de ses premiers pas ?
Je vous réécris un peu à ma
manière le décret du 26 avril dernier portant nomenclature du CHU de
Lomé-Tokoin :
Le Centre Hospitalier
Universaire de Tokoin, celui qui croule sous tous les problèmes : problème
d’électricité, problème d’eau, problèmes de médicament, problèmes de lits
disponibles etc… sera désormais appelé Centre Hospitalier Universitaire
Sylvanus Olympio ».
Ce serait un début de transparence, et ça nous
rassurerait sur les intentions des uns et des autres.
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