mercredi 20 juillet 2011

Vence au restaurant LA CAPITALE : The Adoufouli Report


Adoufouli : mot mina aux relents quelque peu péjoratifs, désignant ce drôle de fait dont tout humain normalement constitué aime à profiter : Etre invité pour manger et boire aux frais de l’“inviteur”. Il est clair que quand on en a l’occasion,  il faut s’estimer heureux d’en bénéficier.

Le restaurant La Capitale c’est donc d’après mon expérience d’hier Jeudi, de l’air, du sable blanc, un ciel ouvert, du bon vent, et le menu du jour. Ces cinq groupes de mots qui vous changent votre journée ; et pour cause ! Ceux qui vous reçoivent sont de jeunes jumeaux fringants, dynamiques (cela va de soi), rieurs, et parfois un tantinet taquins avec leurs connaissances. Ce sont, vous en conviendrez avec moi, ces petites douceurs et ces légers pics qui tranchent formidablement avec les boniments lassants et rébarbatifs, des lieux de restauration où nous déjeunons dans le silence ; et où le décorum de la haute société vous donne l’impression que même le léger rire ou la moindre exclamation pourrait vous être facturé. Non, Giani et Giana, qui ont pour le moment changé de patronyme, s’affublant à raison du nom de leur restaurant-car-wash (sur facebook : La Capitale Gita) vous décoincent à votre arrivée. Ils suintent (à l’image d’un très prochain méchoui en projet à La Capitale) d’hospitalité gravée en bons togolais qu’ils sont, dans leurs gênes identiques. Ils vous font asseoir et environnent votre table d’hôte, d’attentions délicates, avec du personnel tout de suite aux petits soins. Au point où vous en êtes, l’éternelle et incontournable phrase : « Que prenez-vous comme boisson » ? prononcée par le maitre d’hôtel vous fait de l’effet. Attention à ne pas opposer à la question une réponse vague dans le genre : « une sucrerie » ou « un soda sucré » ou « tout ce que vous voulez du moment que c’est sucré ». Giana, grand connaisseur de la chose buvable devant l’éternel vous incitera à écouter votre palais avec précision, à cause des différents effets que produira tel soda, ou telle autre boisson sur vous-même, côté physique et morale. Question de bien-être, me diriez-vous ? Et vous aurez raison, puisque c’est le credo de la maison La Capitale : « Votre bien-être est notre souci ».


Vient ensuite ce qui constitue le point d’orgue de votre heure de gloire à la Capitale, les acteurs principaux de votre prochaine absorption intestinale : les plats du jour. Assis à côté de nouveaux amis d’enfance que je me suis fait tout de suite, à cause de l’ambiance de jumelage qui s’est imposé à moi (eh oui, fréquenter les jumeaux peut-être un bonheur contagieux), j’ai assisté à l’arrivée des divers plats dont Giani et Giana ont soulevé les couvercles, à la manière d’un prélat en pleine sainte cène. C’est en ce moment-là que mes cinq sens au complet se sont mis à fonctionner de concert. L’appétit s’aiguise et une impulsion électrique provenant de mon cerveau interprète les informations captées par ma vision et mon odorat : Type de plat présenté, type d’odeur reniflé. Pour les adeptes des « une pierre deux coups », ne pas chercher à visionner et à renifler les serveuses, quoique l’adjectif « appétissantes  » leur aille tout aussi bien que les plats découverts. Tenez-vous au menu matérialisé dans le plat, c’est déjà un bien grand bonheur.



En bon petit-fils de paysan, j’ai jeté mon dévolu avec une certaine volupté sur du Akpan et du poulet, garni de tomates et d’oignons qui ont laissé pour bien longtemps au cours du reste de la journée, des empreintes gastronomiques indélébiles sur mes papilles gustatives. Il serait d’ailleurs légitime de rappeler que le poulet dont j’héritai dans mon assiette, est l’un des rares poulets de restaurant qui n’ait pas fait le chemin à pied depuis le poulailler jusqu’à l’abattoir. Chair tendre, moelleuse, soyeuse, sans aucune compétition dans les jambes. Le poulet de la capitale a de quoi vous rappeler quand vous enfoncez vos dents dans sa chair, que vous êtes bien en haut dans la chaîne alimentaire.



A la fin du déjeuner, ô surprise, c’est Giani qui nous révèle ses talents de grand connaisseur de vins mousseux. C’est probablement de loin, le rare restaurateur que j’ai entendu expliquer magistralement que le dessert très fruitier et donc très nourrissant servi en fin de repas dans son restaurant pouvait être plongé, en tout cas pour ce qui est des bananes, dans une des coupes oblongues encore pleines de vin pour les laisser macérer. On se rapproche alors dangereusement (ou non pour certains) de la Sangria. Remarquez, cela devait être son côté espagnol, si jamais il en avait eu. Mais encore,  sait-on jamais, quand on est jumeau, on partage de drôles de talent de bon cuveur, avec son autre frère. 

Il y avait deux jeunes femmes à table, flanquées de leurs accompagnateurs qui m’ont tous été absolument sympathiques. Deux jeunes femmes ? Que dis-je ? Deux ravissantes sœurs jumelles (qui a dit que les jumeaux n’étaient pas connectés entre eux), et leurs accompagnateurs mâles, à leurs aspects plaisants, détendus, rieurs, et sans prétentions, ont été la preuve palpable que je n’étais pas le seul sur lequel, la magie LA CAPITALE GITA avait opéré.

Enfin, dois-je rappeler qu’on arrive au restaurant La Capitale sans savoir qu’on y est arrivé et on en repart de la même manière. L’un des avantages du déjeuner en plein air et  à ciel ouvert est cette abstraction totale qui a été faite d’une quelconque porte d’entrée, l’espace aéré dans lequel vous vous installez et l’hospitalité du tandem Giani-Giana (ou l’inverse, lol !) qui vous conduit à sceller un certain pacte avec les lieux. 

Un artiste togolais, grand rappeur devant l’éternel m’a confié alors que je me préparais à quitter les lieux, qu’il était sensible aux charmes de la sélection musicale jazz & blues du restaurant. Le genre musical diffusé sortant quelque peu du registre dans lequel il a toujours évolué dans sa carrière, je me suis demandé un tant soit peu, s’il ne s’intéressait pas plutôt au jeune disc-jockey, qui était soi-dit en passant une jeune femme dont la beauté, en fonction du nombre de longues, très longues années qui lui reste à vivre, est déjà sans mélange et sans fin. C’est au jugé, tout le mal qu’on pourrait d’ailleurs lui souhaiter.


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