dimanche 2 janvier 2011

Elles sont trop belles pour être honnêtes

Je blogge en cette nouvelle année, et un peu sous l’emprise d’une bière 8.5 qu’un ami vient de me rapporter en revenant d’une fête. J’aime passer du temps à ne rien faire ou à regarder un enchaînement de films et de séries, les jours de fête. La musique tonitruante et les gens qui dansent ne me disent rien qui vaille, surtout qu’au lendemain du 02 Janvier, qu’on ait fêté ou pas, on sera tous ensemble à reprendre le chemin du travail. Enfin, sauf moi, l’étudiant-chômeur. Je travaille un peu pour un Cyber, un lieu où on vient se connecter à 300 F l’heure et où je fais tout pour que les clients utilisant les machines clientes du réseau que j’ai mis au point, se sentent satisfaits. Normalement, j’ai le droit d’aller travailler quand je veux, sauf en cas de problèmes graves dans le réseau du cyber. Sinon, j’ai le droit de profiter gratuitement de la connexion internet que j’ai habilement distribué à travers mon réseau et que les clients eux ils paient. J’aime à dire, mon réseau, pour me donner l’impression d’avoir fait pour une fois dans la vie quelque chose d’utile pour les autres. C’est un peu trop beau, et il y a beaucoup de togolais, étudiants en réseaux télécoms comme moi qui n’ont pas cette chance; ou qui en ont plus.
Je blogge aussi pour parler un peu des jolies pin-up que j’ai eu à rencontrer dans ma nouvelle vie de garçon à temps partiel de cyber. Si avec un diplôme de Licencié en Télécoms et Réseaux, un background de culture générale et une capacité d’analyse assez acceptable, je n’arrive pas à pondre ce contre-pied des croyances générales que l’on a des femmes à l’esprit ouvert dans mon pays, alors à quoi aurait-servi tout ce que je viens d’évoquer. A quoi servirait mon titre de Docteur si le bas-peuple ne me comprend pas ? disait le réformiste Martin Luther.
En travaillant pour le cyber VIP, j’ai donc fait la connaissance de deux jeunes femmes remarquables dont je n’évoquerai pas les prénoms par respect pour leurs personnes, mais aussi par admiration. Si leurs prénoms se prêtent à des rimes en “nia” plus ou moins pauvres (ça dépend de votre connaissance de la poésie), leur amitié s’illustre en un engrenage très solidaire et non calculé que j’ai toujours admiré. Combien de fois n’ai-je pas surpris l’une ou l’autre passer un coup de fil pour dire : « je suis dans notre cyber, qu’est-ce que tu fais toi ? Qu’est-ce qu’on fait ce soir».
Beaucoup de nouveaux amis d’enfance, que je me suis fait, à cause de services rendus (parce que je connaissais sûrement une astuce en informatique dont ils avaient besoin sur internet ou sur pc), m’ont fait une liste plus ou moins exhaustive de leur « palmarès ». Elles ont couché chacune de son côté avec tel, elles aiment être avec tel type de personne riche, elles sont à la limite, des prostituées (c’est ce qu’ils pensent), d’autres pensent qu’elles sont séropositives, etc. (Merde, je suis entrain de regarder le clip video de White and Black de Joelle Ursulle. Je dis merde parce que je me demande si Serge Gainsbourg ne s’est pas faite cette négresse antillaise, nubile et très jolie. Allez, je reviens à mon texte).
Quant à moi, ma modeste personne a côtoyé ces deux jeunes femmes  et par admiration pour elles, par honnêteté et aussi par amour (il en fallait un peu), je me suis abstenu de les mettre dans mon lit. On m’a dit qu’elles y seraient allées sans condition, parce qu’elles m’aimaient bien. Moi je préfère les savoir avec moi pour nous marrer, parler, papauter, faire des observations sur tel ou tel autre chose de la vie. L’une d’entre elles, peut-être la plus brillante des deux, m’a expliqué un jour pourquoi elle ne voulait pas mourir pauvre. Elle m’a dit : tu sais Vince, je suis née pauvre, je dois mourir riche.
Je n’ai jamais épousé cette thèse simpliste de la vie ; elle aurait adoré peut-être les vendeurs d’illusions comme Thomas Sankara ou Fidel Castro, Karl Marx ou Lénine, qui pensent que tout le monde peut trouver un bien-être financier dans la vie si on se partage les richesses nationales équitablement. Des amis français m’ont d’ailleurs dit qu’avec mes opinions, je devais être de droite si j’avais la même nationalité qu’eux ; mais surtout, en bon Africain, j’ai toujours pensé qu’on n’avait pas les mêmes chances, parce que les cinq doigts de la main n’avaient pas toutes, les mêmes dimensions. Si un créateur existait, et qu’il réglait, comme Voltaire aime à le penser, les mouvements  des planètes et des astres stellaires, alors il devait avoir une drôle de manière de nous montrer que les hommes ne seront jamais égaux comme ont toujours voulu le prouver les communistes. Ce créateur dont on prononce le titre « Dieu » nous le montre par nos doigts de la main.
Et aussi bien que cela puisse être machiavélique de ma part, ces deux filles, avec au départ le sérieux désavantage de faire partie du clan des doigts les moins longs, ont bien des raisons de rechercher leur bien-être et leurs plaisirs. Elles y ont droit, à partir du moment où on considère qu’elles ont reçu la vie comme une blessure et qu’elles en laissent la crevasse béante, pour infliger ne serait-ce qu’un châtiment au créateur (s’il venait à exister).
Elles veulent mourir riches, elles ne fréquentent que des gens de la grande classe, en espérant se caser un de ces quatre avec l’un d’entre eux et se pérenniser un avenir dénué de tout souci et de tout manquement financier. C’est ce qui force mon admiration pour elles, elles affirment tout haut ce que nous les autres êtres humains nous pensons tout bas. (Qui a demandé à ces chimpanzés de se mettre debout) ?Ce matérialisme dont on les affuble est un peu notre leitmotiv, ce qui nous pousse, nous, à faire des études, à s’informer, à préparer notre avenir, etc. Car combien d’entre nous, ont une fois pensé à l’avenir de nos pays respectifs, à transmettre aux jeunes, aux enfants qui viennent après nous, le peu de connaissance acquise pour qu’ils continuent de construire ce que nous avons-nous même continué après ce que nos ancêtres ont entamé. Après tout, nos études, nos situations celles dont nous rêvons, celles que nous avons déjà, ne découlent-elles pas de ce besoin matériel dont nous ne pouvons-nous séparer. Sinon, je mettrai au défi qui cherche à me contredire d’aller passer un peu de temps avec les pygmées de la forêt noire d’Afrique Centrale ou avec au moins, des natifs de villages de mon pays, sans électricité, sans eau, sans téléphone, dans la vie à l’état pure. Quand on fait des études, c’est pour nous-mêmes, ce n’est pas pour faire avancer le pays dans lequel nous vivons. Quand on fait son commerce, c’est pour être plus riche demain, pas pour contribuer à faire avancer son pays. Qu’est ce qui nous différencie alors de ces jeunes filles qui recherchent une certaine amélioration, une version 2.0 de leurs vies pas très enviables ?
Qu’à cela ne tienne, ces deux filles, mes deux amies, ont donc de fâcheuses ressemblances avec nous, au niveau de la recherche du bonheur( et c’est un pas un certain Will Smith qui me contredirait). Elles fréquentent des personnes matériellement et financièrement au point pour être financièrement au point ? Nous préparons notre avenir en faisant de longues études pour être financièrement au point. C’est pour cela que je n’ai pas pu les juger ; que je n’ai pas pu les en vouloir. J’aime à les écouter me raconter leurs sentiments, ce qu’elles pensent, ce qu’elles ressentent, me parler de qui les drague, qui ils trouvent beau, qui les déçoit, qui les apprécie, qui leur promet ciel et terre, qui veut les épouser, qui veut les tromper, qui est riche, qui est beau, qui elles veulent épouser pour un meilleur devenir.
Je prie les vertus célestes pour qu’elles trouvent ce qu’elles cherchent ; Elles sont trop jolies, et Dieu seul sait, comment je lutte contre moi-même quand elles viennent m’entourer de leurs bras, s’asseoir sur mes genoux pour me susurrer qu’elles m’aimaient bien, qu’elles voulaient m’épouser juste parce que je les ai écouté sans demander en retour à les sauter, comme on aime à le dire entre garçons. Je crois que mon admiration a grandi pour elles, et si mes autres amis_ceux qui ont couché avec elles, ceux qui ne l’ont pas encore fait et qui cherchent à le faire, ceux qui pensent qu’elles sont des véritables putains et pensent quand même les mettre dans leurs pieux_pensent à tort qu’elles sont habitées par des esprits de sirène, alors pourquoi tentent-ils de fréquenter ces esprits que nous prenons en Afrique comme maléfiques, quand chez les danois, on leur rend hommage avec des statues (Confère la petite sirène du port de Copenhague).
Au demeurant, moi je leur rends hommages pour leur franchise et leur honnêteté envers moi. Jamais de mémoire de Togolais chômeur, je n’ai jamais rencontré de filles aussi franches et honnêtes avec elles-mêmes. De ce fait, je crois qu’à part les deux cannettes de bière 8.5 que je viens d’assimiler dans mon sang, elles m’auront donné l’esprit avec lequel j’ai écrit ces lettres.

François Adzimahé, le 1er Janvier 2011, à 23h11.

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