Transcription d'une interview dont l'extrait a été diffusée sur Légende FM ce matin dans l'émission Mélaniedanslaradio.
Mélanie : Bonjour François
Ajhimahey
François : Bonjour Mélanie
Mélanie : (Alors), nous revenons
avec vous sur les folles rumeurs entretenues la semaine dernière sur une santé
déclinante du chef de l’état, voire sur son improbable décès. Puis vous
pourriez Folles rumeurs finalement
démenties déjà dans votre journal du vendredi soir par Innocent SAS GAHOUN,
journaliste de Kanal FM qui était du voyage officiel de Faure Gnassingbé en Israël ;
puis (on va dire) ; par Faure GNASSINGBE lui-même puisqu’il a déclaré notamment à sa descente d’avion que la rumeur
l’avait amusé, et qu’il était désolé de décevoir ceux qui l’ont propagé (ou
même à la rigueur, ce qui y ont cru). Alors ma première question
c’est : « d’où sont venues les rumeurs en questions qui se révèlent
aujourd’hui fausses » ?
François : on peut dire qu’il y a
beaucoup de rumeurs, sur les origines mêmes des folles rumeurs comme vous les
appelez. Sans mauvais jeu de mots, on va tout de même émettre rapidement des
petites hypothèses. D’abord, une information parue le mardi 27 Novembre sur le
site koaci.com. Le titre de l’article : Inquiétudes, que se passe-t-il
pour Faure Gnassingbé en Israël ? C’est un article assez court qui dit en
substance que des officiers supérieurs de l’armée togolaise ont précipitamment
mais discrètement quitté le Togo pour rejoindre Faure GNASSINGBE en Israel… on
cite le Général Titikpina ou encore le Colonel Yark aujourd’hui Ministre de la
Sécurité, Yotrofei MASSINA Directeur ou non de l’ANR on ne sait plus vraiment
hein, mais qui lui, serait depuis plusieurs semaines déjà en formation au
Maroc, etc. Donc à partir de cet article seul, tout le monde s’est déjà demandé,
qu’est ce qui ne va pas ? Le Chef de l’Etat a-t-il eu des problèmes
nécessitant le déplacement de responsables togolais de la sécurité ?
Ensuite un blogueur togolais, à qui finalement on n’arrive plus à accorder
beaucoup de crédit écrit sur son blog le même jour que Faure Gnassingbé est bel
est bien mort ce 26 novembre à 23 H 00. Ces deux informations à elles-seules
ont suffi à alimenter la polémique au sein de la diaspora qui a ensuite appelé
les togolais présents sur le territoire pour leur apprendre l’information. Et
comme le téléphone arabe marche très bien en afrique, la nouvelle s’est
propagée comme une traînée de poudre.
Mélanie : on ajoute par ailleurs à
la fin de l’article de koaci.com que le Président de la République n’est pas
parti directement en Israël mais aurait fait un détour par Milan, en Italie
pour des raisons de santé.
François : vous faites bien de le
rappeler d’ailleurs en disant « le
Président aurait » parce qu’il est important que les auditeurs et la
population fassent attention à cette conjugaison au conditionnel dans les
articles sur internet, et autres médias pour comprendre que les informations au
conditionnel ne veulent jamais dire qu’elles sont vrai de facto. On va
d’ailleurs rappeler (hein), que notre rédaction le vendredi, vous en parliez à
l’instant Mélanie, avait interviewé deux personnalités dans le milieu politique
sur cette rumeur. Pour les éditions du journal du vendredi, celles de la journée,
« on aurait appris que le Président était malade. Vous les politiques,
qu’en savez vous ? » ! et Zeus AJAVON du CST de répondre tout
aussi bien au conditionnel : « je l’aurais appris, mais je ne sais
pas si c’est vrai. De toute façon cela pose la question du bulletin de santé du
Chef de l’Etat qu’il faut rendre public » ! Messan Agbeyomé Kodjo, le
Président du parti OBUTS avait pour sa part dit « Faure est
malade » ; Il l’a dit, oui ! mais sans pour autant en apporter
des preuves concrètes ; donc clairement, on n’a pas vu le Chef de l’Etat
allité ou même dans un hôpital dans aucune image ou sur une quelconque photo.
Personne n’avait le droit d’affirmer comme ça tout de go, que le Président
était tombé malade.
Mélanie : vous avez reçu également
dans la soirée du vendredi, un confrère journaliste, SAS GAHOUN de Kanal FM, un
journaliste qui revenait fraîchement d’Israël où il a eu l’occasion de côtoyer
le Chef de l’état pendant les trois-quatre jours de la visite officielle. Et il
vous a assuré que le Président de la République allait bien !
François : il a assuré en substance
que physiquement, l’homme était plutôt bien portant parce qu’il a effectué une
visite au pas de charge (ce sont ses propres mots). Il nous a déroulé la longue
liste de déplacements effectués, dont une bonne partie à pied ; les
rencontres avec les officiels israëliens etc. et tout ceci sans grand repos
finalement hein, preuve que le Chef de l’Etat était en forme et était à fond
dans ce qu’il faisait. Et la petite blague de Faure Gnassingbé, blague ou jeux
de mots (hein) de Faure Gnassingbé à l’endroit de SAS GAHOUN quand celui-ci lui
a demandé : Monsieur le Président, pourquoi vous ne rentrez pas avec
nous ? il lui répond : « SAS, vous êtes venu avant moi, vous
repartirez avant moi », le formidable jeu de mots sur les
« avant-moi » pour marquer l’humour présidentiel très à la mode chez
Faure Gnassingbé, ces derniers temps.
Mélanie : En somme la rédaction de
Légende FM n’a jamais voulu dire aux auditeurs que le Président de la
République a des problèmes de santé ?
François : Oui, c’est clair, en bon
journalistes que nous sommes, et faisant preuve de professionnalisme, nous nous
en tenons aux faits et aux faits seulement. On a bien mis l’information au
conditionnel et les deux éléments sonores des deux acteurs politiques togolais
ont montré à suffisance que de cette affaire de santé présidentielle, personne
ne détient la vérité absolue ; et même que le premier concerné nous a fait
un marathon de deux kilomètres ajouté à ceux effectués en Israël pour nous
montrer qu’il était encore le Président jeune tant vanté dans les slogans de
campagne.
Mélanie : vous dites ça quand même
avec un air de doute…
François : De doute ? Non pas
vraiment. Nous journalistes sommes obligés d’être empiristes de la première
heure et ne donner aux auditeurs que ce que nous savons, avons vu et avons
entendu, une fois qu’il y a des preuves palpables et recevables à l’appui.
Sinon, notre rédaction ne prendrait pas le risque de se lancer dans une
publicité sur la santé de quelqu’un. Maintenant, pourquoi le Président de la
République ne rentre pas une fois la visite officielle terminée parce que
remarquez : parmi les membres du gouvernement présents à l’aéroport le
samedi dernier, il y avait ceux qui ont fait partie de la délégation
présidentielle en Israël. (Ils sont tous rentrés apparemment par des vols
commerciaux, avant le Président de la République), ce qui pousserait tout de
même à s’interroger. Pourquoi être resté alors que tous les autres sont
partis ? Peut-être Israël étant un pays de pèlerinage pour les chrétiens
du monde, et le Président étant lui-même chrétien, il s’est un peu isolé pour
se recueillir ? mais bon, aucun communiqué officiel de la présidence ne le
dit. On nous a juste annoncé que le Président rentrait le samedi et qu’il
fallait que tout le monde aille l’accueillir.
Mélanie : Et on l’a vu descendre
d’avion, échanger même quelques plaisanterie avec l’ancien Ministre Barry
Moussa Barqué et prendre un bain de foule entre deux échanges avec les
journalistes.
François : oui, la phrase
c’était : « je suis désolé de les décevoir » il s’adressait à
ceux qui ont propagé la rumeur. Sauf que sur le plan de la communication, ceux
qui ont propagé la rumeur ont apporté de l’eau au moulin d’un Président qui_si
il était en mal de popularité (je dis bien si, chacun jugera de la popularité
du Président Faure Gnassingbé, et je suis sûr que ce sera une infinité d’avis
partagé), si il était donc en mal de popularité_ cette rumeur sur sa maladie
grave et même sa mort lui ont permis de se refaire une santé de côte de
popularité auprès du togolais lambda. La preuve c’est que jusqu’aujourd’hui, et
dans les bureaux, au marché, avec les moto-taxis, etc, tout le monde va en
parler. Ce qui me pousse là encore à m’interroger sur l’origine de cette
rumeur. Est-ce que ce n’est pas la com’ du Président qui s’est amusé à faire un
coup médiatique. Parce que si c’était elle, alors cela a bien marché. Le
président ayant lui-même bien marché de l’aéroport jusqu’à chez lui, comme un
togolais normal…
Mélanie : entouré d’officiers de
sécurité quand même.
François : et d’une foule de curieux
et de laudateurs. La présentatrice du JT de 22h sur la TVT a martelé avec
sourire « immense foule ». Il faut en cela distinguer la subtilité de
la chose vendue par la TVT. Et vous le
savez, l’actuel directeur de la TVT est peut-être l’un des journalistes les
plus brillants de son époque, et on a joué là encore sur un peu de com’. La
journaliste du 22 h lance l’élément sur le retour du Chef de l’Etat sans
souligner une seule fois la question de la rumeur sur sa santé déclinante. Le
reportage passe, et en plein milieu, on laisse la question des journalistes à
l’aéroport demandant au chef de l’état : « on a dit que vous êtes
malade monsieur le président », non, répond-il je me porte bien, vous le
voyez » et le reportage continue jusqu’à la fin. A aucun moment, le
journal de la TVT n’a voulu faire le lit des rumeurs, mais laisse quand même
cette question au chef de l’état, question posée par un autre journaliste, qui
n’est pas de la TVT… cela rajoute un peu de sel à la sauce, comme pour
dire : le média d’état donc média officiel entre griffes, n’a même pas
traité la rumeur sur cette affaire de maladie, preuve que officiellement, c’est
une information qui n’a aucune valeur ! ou que dans les médias d’état
c’est une information qui n’a pas lieu d’être. Du coup cela contribue, ajouté
aux images du Président très sportif, marathonier devant l’éternel, cela
contribue à effacer toutes les supputations émises toutes cette semaine…
Mélanie : alors vous avez quand
même suivi le reportage sur la visite officielle du Président en Israël, quelle
interprétation peut-on en faire ? est-ce que c’est juste un rapprochement
dans les relations Israëlo-Togolaises.
François : En tout cas, c’est ce que
le reportage de la TVT nous a vendu clairement. Parce que d’abord, l’idée a
toujours été de lire dans le reportage, la volonté du gouvernement d’aller
faire la cour à des investisseurs étrangers pour investir au Togo. Il y a eu
une visite officielle, en France où une présentation sur le Togo a eu lieu
devant le MEDEF, je ne me rappelle plus quand, mais c’est il y a pas très
longtemps ; et cette fois-ci, le Président de la République lui-même en
Représentant de commerce du Togo nouveau est allé parler aux investisseurs
israëliens. Il s’est exprimé en anglais sans détour hein, on regrette juste que
le reportage TVT n’ait pas montré tout son discours devant la chambre de
commerce Israélienne. Mais en clair, on a bien voulu nous montrer à travers ce
reportage que bah… on aura de l’argent israélien au Togo prochainement,
investissement, boostage économique. Ils nous montrent même des jeunes techniciens
diplômés de l’Infa de Tové et des ingénieurs aussi, d’après le site
gouvernemental republicoftogo.com, en formation de 11 mois dans un kibboutz,
ces sortes de communautés sociales spécialisées dans l’industrie
agro-alimentaires en Israel, et qui fonctionnent sur un système de socialisme
associatif. Bref 15 techniciens et Ingénieurs, à qui le chef de l’état a rendu
visite dans leur kibboutz, et leur a prodigué des conseils, dit le reportage.
On pourra citer, l’olivier planté dans le bosquet des nations, l’olivier c’est
quand même l’arbre de la paix hein, … et la visite d’une industrie d’extraction
et de production de phosphates. Comme pour nous annoncer que : ah, le Chef
de l’Etat va redorer le blason du phosphates togolais trop terni par des
machines perpétuellement en panne et la mauvaise gestion financière d’une
entreprise qui n’a que trop changé de nom depuis son existence.
Mélanie : En somme, avec le
reportage de la TVT, on est sûr que le Togo sera un petit Israël dans quelques
années ?
François : c’est en tout cas ce que
montre l’élément diffusé sur la TVT et c’est ce qu’on peut nous souhaiter.
Mélanie : Et les relations politiques
alors… durant le dîner avec le Président Israëlien, il y a eu une prise de
position claire du Togo par la voix de son Président, Faure Gnassingbé, sur le
conflit israélo-palestinien. Quelle lecture en faites-vous ?
François : D’abord j’ai trouvé un
peu surprenant que Elliot OHIN, le Ministre Togolais des Affaires Etrangères
n’ait pas fait partie de la délégation et que ce soit plutôt le Conseiller
Spécial du Président aux affaires étrangères, Kofi ESAW qui ait été présent en Israël
aux côtés de Faure Gnassingbé. Mais là encore passons. Mais encore, la prise de
position du Président de la république, engageant tout le Togo dans un soutien
indéfectible d’Israël contre la Palestine qui quémandait une place
d’observateur à l’ONU peut permettre d’émettre là encore des hypothèses sur la
ligne de diplomatie que tente d’imprimer nos autorités. D’abord parce que, le
Togo a été clair à l’ONU. En tant que membre du Conseil de sécurité, il a voté
contre le statut de pays observateur à l’ONU que demande la Palestine. Kodjo
MENAN, le représentant Togolais à l’ONU était parmi les membres de la
délégation officielle en Israël. Sa présence pouvait donc signifier un
engagement résolument pris par le Togo pour un soutien quasi permanent dans les
votes au Conseil de Sécurité sur les résolutions onusiennes qui sont
monnaie-courante dans la crise israélo-palestinienne. Vous avez écouté Faure
Gnassingbé lui-même parler si bien du terrorisme en évoquant le problème
au Nord-Mali et de leur décision de la reconquérir. Il a dit « nous avons
décidé de reprendre le Nord-Mali », preuve que Faure Gnassingbé réaffirme
si jamais vous l’avez oublié, son autorité d’actuel Président en exercice de
l’UEMOA, zone dont fait partie le Mali donc, Faure Gnassingbé prône ouvertement
l’intégrité territoriale du Mali, par le seul gouvernement reconnu et s’en sert
comme argument pour justifier l’irresponsabilité des palestiniens à s’illustrer
trop souvent en terroristes, ce qui ne permet pas de les prendre au sérieux
pour leur confier un siège de membre non permanent et d’observateur aux Nations
Unies. Bon, on le sait actuellement, le vote a eu lieu, et sans les voix
favorables du Togo, la palestine a tout de même obtenu son état d’observateur à
l’ONU.
Mélanie : Sauf que dans cette histoire,
toute cette gentillesse et cet encouragement togolais ne doit pas être gratuit.
Si nous soutenons Israël, ce sera probablement pour bénéficier de retombées
positives…
François : Des retombées positives
économiquement et sûrement même militairement, ce qui justifiera en somme le
départ précipité des officiers responsables de la sécurité pour Israël pendant
que le Président était lui-même là-bas. Preuve aussi que on a peut-être trouvé
matière à leur présenter quelque chose d’intéressant pour la sécurité
togolaise, on ne sait jamais. Mais soyons clairs. Le soutien du Togo à Israël
ne sera sûrement pas gratuit, le reportage de la Télévision Togolaise dit que
beaucoup d’investisseurs étaient assez intéressés par le Togo après les
présentations successives qu’ont donné les membres du gouvernement qui ont
accompagné le Président Faure Gnassingbé.
Mélanie : Et à part les retombées
économiques, vous parliez de diplomatie…
François : peut-être faut-il
invoquer le formidable documentaire de Patrick Benquet, sur la françafrique
pour vous expliquer ce qui va suivre. Il y a une nouvelle donne françafrique
qui couve chez nous que l’auteur du documentaire surnomme l’argent roi.
C’est-à-dire que depuis que la Chine et quelques pays émergents lorgnent
suffisamment sur l’Afrique, l’Afrique francophone du moins, ne considère plus
forcément la France comme un partenaire privilégié mais laisse la porte ouverte
à tous les investisseurs. Si la France ne donne pas des arguments assez
importants en matière d’argent, on pourra confier l’extraction de tel minerai à
la chine ou encore aux Etats Unis qui ont obtenu par exemple des puits de
pétrole sous Khadafi avec Chevron-Texaco. Au Togo, il ne serait pas surprenant
que dans les années à venir, les phosphates soient exploités par les
Israëliens, un accord d’exploitation gagnant-gagnant entre le Togo et l’Israël.
Je ne dis pas que c’est ce qui va arriver, c’est une hypothèse. Autrement un
rapprochement Togo-Israël peut contribuer à reléguer au second plan le
partenariat franco-togolais. Pas que la France n’investira plus au Togo, mais
au moins, avant de se mettre à négocier pour un prochain marché, elle saura
qu’il y a une forte concurrence et que tel marché ou tel autre, ira au plus
offrant. Maintenant, jetons un regard politique sur la chose, si la France est
reléguée à une position moins privilégiée dans notre pays, cela veut dire
qu’une pression ou une requête insistante de la France pour certaines affaires,
comme celles de Loïk Le floch prigent, n’auront plus leur valeur d’antan. Et
donc leur nouvelle pression aussi d’antan. Et c’est cela la nouvelle nature des
relations françafrique concurrencées par les relations chinafrique et les
autres. C’est beaucoup plus les dirigeants africains qui décident du pourquoi
du comment, et non la France comme beaucoup continuent par le croire. Surtout
que attention, si le Togo est pro-israélien, on est en bonne lice pour aller
embrasser bientôt les américains sur la bouche (c’est une manière de parler),
puisque Israël et Etats-Unis ne font qu’un ! Rappelez-vous, aux Etats
Unis, pendant que vous êtes candidat à la présidentielle, si vous n’allez pas
en Israël, bah vous êtes plutôt mal barré. Le soutien juif aux Etats Unis est
incontournable. Un mot glissé par Netanyahu à Barack Obama peut, on ne sait
jamais, aboutir à une visite dans le bureau ovale. En clair le Togo se plaçant
sous les auspices Israéliens a beaucoup de chose à gagner, déjà sur le plan de
la diplomatie, sur le plan de la politique même. Comme quand le Chef de l’Etat
demande que le terrorisme ne soit pas toléré dans la bande de gaza, comme il
l’interdira prochainement au nord-mali avec ses homologues de l’UEMOA. En tout
cas, les marques prises ces dernières heures par le Chef de l’Etat et sa suite
présidentielle montrent une démarcation claire avec les anciens soutiens, ou un
message clair qu’ils font passer comme pour dire : la liste des
partenaires est plus longue, nous ferons affaire avec qui nous voulons !
Mélanie :
Et c’est bon pour le Togo ?
François :
Logiquement c’est du libéralisme économique, de la concurrence dans le sens le
plus pur du terme, c’est vendre au plus offrant, et entretenir les privilèges
avec celui qui se sent le plus en accord avec vous. C’est plutôt bon. Je me
demande juste si les évènements auraient pris cette dimension du vivant de
Khadafi. Parce que Khadafi investissait déjà dans notre économie et aurait
menacé de couper l’arrivée de fonds si le Togo faisait la danse du ventre à
Israël. Pour rappel, Jeune Afrique avait expliqué que Khadafi avait interdit en
2008 à tous les chefs d’état africains, en tout cas en Afrique de L’ouest de
répondre à l’invitation d’Israel qui fêtait ses 60 ans d’indépendance. Tous ont
donc refusé, sauf Blaise Compaoré du Burkina Faso. Blaise Compaoré est donc
parti en Israël, essentiellement parce que Khadafi n’avait pas respecté un
timing dans lequel il devait envoyer des fonds pour un quelconque financement.
Je rappelle aussi que durant le sommet de l’OUA en 2000 au Togo, l’un des rares
chefs d’état étrangers, je veux dire qui ne soit pas d’Afrique, à participer et
même à faire un discours à la tribune était Yasser Arafat, le Président de
l’Autorité Palestinienne ; preuve qu’entre le Togo de l’époque et la
Palestine de l’époque, c’était plutôt le je t’aime moi non plus. Une époque qui
est définitivement révolue. Aujourd’hui le Togo est plutôt pro-israélien. Et On
verra ce que ça va donner.