mercredi 8 août 2012

JO 2012 à Londres, La tentation de Venise pour les athlètes africains

La tentation de Venise est une expression souvent utilisée pour des politiques, surtout depuis le début de ce XXIe siècle. Elle serait née du titre d'un livre publié en 1993. Son auteur, Alain Juppé, l'a écrit pendant une traversée du désert, juste avant de devenir ministre des Affaires Étrangères dans le gouvernement de cohabitation d'Édouard Balladur sous la présidence de François Mitterrand. Il s'y s'interroge sur l'utilité de consacrer sa vie au métier de politicien, alors que bien d'autres choses par ailleurs valent la peine d'être vécues ou considérées. Il y évoque, entre autres, la ville de Venise où il va volontiers se ressourcer tout en y mesurant certaines insuffisances de sa vie. D'où la tentation de s'y replier définitivement et d'y oublier la violence psychologique de la vie politique.
 
Se replier à Londres définitivement, ou même en fuir est une discipline non homologuée par le CIO, mais qui commence par être prisée par les athlètes africains. Une autre expression s'y prête très bien! "Filer à l'anglaise" ou même à la londonienne, si on peut se permettre le vilain jeu de mot. L'idée de départ, et même à l'arrivée, est de disparaître au sein de sa délégation africaine en compétition aux jeux olympiques! D'ailleurs, c'est intriguant, quand les grecs ont organisé les mêmes jeux à Athènes en 2008, personne n'a disparu. 

Alors pourquoi Londres? 

Apparemment un bon Africain, athlète ou non, ça sait sentir la crise!

Les africains n'ont pas disparu de leur délégations en Grèce parce qu'ils ont senti que la Grèce n'était pas porteuse d'espoir, économiquement parlant. Et l'avenir leur a donné raison. La crise grecque a été très tôt pressentie par  le noir d'Afrique aux jeux cette année là. C'est pour cette raison qu'il n'y a eu aucun faux-départ à la Jon Drummond (I did not move!!!).

Les défections d'athlètes africains à Londres (pas une, pas deux, ... mais plusieurs) répondent d'une volonté manifeste de mettre ses pieds et ses bras d'athlètes au profit des autres, même si les volontaires à la disparition ne trouvent pas à l'avenir, du travail à faire ou un métier à exercer dans leurs domaines de prédilection, le sport.

Qu'à cela ne tienne, ce choix d'émigrer vers l'Europe, les Etats-Unis ou le Canada est reconnu de nos jours, comme la voie salutaire, voire même royale, vers une vie épanouie. Les manières d'émigrer semblent bien différentes, mais elles aboutissent pratiquement aux mêmes aspirations, une sorte de "A la recherche du bonheur" avec Will Smith. 

Un cours de psychologie de l'Ingénieur dit que l'homme est naturellement paresseux et qu'il ne travaille que pour manger et bénéficier d'une certaine sécurité. Une théorie à la MASLOW qui dit tout sur l'humain normal de ce 21ème siècle. Hors, rappelle l'enseignant à qui avait échu ce cours : "nous africains, en général pensons chaque matin à comment faire pour trouver notre petit déjeuner. Il nous est alors difficile de trouver du temps pour penser à construire une voiture, un avion, ou tout autre machine vu que notre cerveau est occupé par la poursuite incessante du pain quotidien! le pain quotidien, le blanc lui, il l'a! il ne se lève pas le matin pour se demander "que vais-je manger"? il se lève pour dire que vais-je faire pour améliorer la vie des autres? construire telle machine? ou améliorer tel procédé permettant d'alléger la peine de mon peuple dans ce domaine".

Nous africains avons donc un problème du manger-bien! Vous vous en doutez, je vais citer L'AVARE de Molière : "Il faut manger pour vivre"... le reste ne m'intéresse pas dans le cas précis. 

Ceux qui ont pris la clé des champs ou la poudre d'escampette, qui se sont fait la belle (la belle anglaise, hum... quoique...)  pour une bouchée de pain, qu'ils trouvent difficilement sont désormais disséminés au sein de la population anglaise. Ils représentent dans l'actualité de ces derniers jours, les véritables saisisseurs  d'opportunité d'Afrique. Cette opportunité qui ne se trouve pas dans les ambassades où les ressortissants d'Afrique Noire se font blackbouler à volonté! cette opportunité qui ne se retrouve pas dans les espoirs nourris par les jeunes qui diplômés doivent espérer qu'un oncle germain niché à un poste de haute fonction du secteur publique ou privé lui demande dans le très meilleur des cas "d'apporter son dossier pour voir s'il peut lui trouver quelque chose à faire en attendant".

Entendons nous bien, l'occident d'hier n'est pas celui d'aujourd'hui : Trop de crises, trop de mesures d'austérité pour juguler le diable qui s'installe dans les bourses de l'état... mais c'est toujours bon à prendre pour le noir! 
c'est toujours au moins une bouchée de pain garantie par jour même en travaillant au noir (on ne verra pas d'ailleurs un noir dans le noir, blague raciste personnelle, lol), 
c'est toujours l'air de la démocratie respiré sans gaz lacrymogène emporté par le vent, c'est toujours l'électricité permanente sans coupures intempestives, 
c'est toujours et bien plus encore que le cortège d'évènements malheureux d'Afrique. 

Londres vient de prendre une allure de cour des miracles pour les athlètes qui ont couru dans un sens bien précis. celui par lequel on fait un doigt d'honneur à son pays, au lieu du tour d'honneur habituel effectué après une course victorieuse. Et ils ont raison! Leurs pays ne leur donneront jamais les moyens matériels et financiers de rivaliser avec les athlètes venus d'autres horizons où même l'alimentation est surveillé sur le plan de sa composition chimique pour augmenter les performances physiques de l'athlète. Si vous n'êtes pas naturellement rapide comme Hussain Bolt, vous ne le rattraperez jamais!

Et d'ici là, en attendant qu'on ne commence par faire porter des bracelets de surveillance  électronique aux athlètes africains, mesdemoiselles, mesdames, messieurs, si vous faites votre choix de partir sans revenir pour votre pays qui ne vous a rien donné, dites merde au Président John KENNEDY (ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays) et PARTEZ! Faites vous la belle!!! La belle anglaise!

Post-Scriptum : Ce choix n'est pas facile, et pour ma part, je l'ai déjà fait, je ne serai jamais immigré clandestin ou autorisé. Mais Benjamin Boukpeti, il aurait pu... heureusement qu'il a un peu de Français dans le sang. A défaut de filer à l'anglaise, il pourrait faire "Take a french leave", expression utilisée chez les anglais pour se venger vis-à-vis des français qui ont inventé le "Filer à l'anglaise".

Eteh Komla


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